Le 9 novembre est pour moi une date doublement importante. C'est l'anniversaire de maman, disparue en 2016- ceci est de l'ordre de l'intime et je n'en dirai pas plus.

Et c'est l'anniversaire de la mort d'un homme qui a incarné pour moi, et qui incarne toujours, la France, l'honneur, le refus de céder aux fausses fatalités, la volonté de faire primer l'intérêt général et la justice sur les intérêts particuliers, la nécessité pour le monde d'une France aux mains et à la parole libres... et quelques autres choses encore qui ont déserté une époque dans laquelle je me sens chaque jour plus mal.

Entre 1983 et 1991, j'ai servi la mémoire de cet homme et de ce qu'il a fait pour son pays, pour nous, en organisant, sous l'autorité de Pierre Lefranc, manifestant contre l'occupant du 11novembre 1940 puis cadet de la France libre, parachuté en France en 1944, colloques, recherches et publications à l'institut Charles de Gaulle. Et notamment, à partir de 1987, j'ai eu le privilège de seconder Bernard Tricot, conseiller du Général pour les affaires algériennes puis secrétaire général de l'Elysée, dans l'organisation du colloque international du centième anniversaire de la naissance du Général qui s'est tenu à l'Unesco en novembre 1990.

Lors de missions en Égypte, en Irak, en Syrie, en Jordanie, ainsi qu'en Tchécoslovaquie et en Hongrie juste après la chute du mur, j'ai pu mesurer ce que signifient dans le monde les noms de France et de De Gaulle, un trésor que les traîtres qui nous gouvernent depuis 1974 ne cessent de dilapider.

Cette période a été l'une des plus riches de ma vie et j'ai eu la chance d'y côtoyer de vrais politiques et de vrais hauts fonctionnaires qui savaient ce que signifient l'intérêt national, le sens de l'Etat, la place unique que tient la France dans le monde.

Quand je vois aujourd'hui le ballet des nains et des traîtres qui bradent mon pays aux intérêts étrangers et qui se chamaillent pour savoir qui poursuivra la braderie, j'éprouve un profond dégoût, une profonde colère et je sais que, même s'ils ne l'analysent pas de la même façon que moi, une majorité de Français partage mon sentiment. Que si on leur tenait un vrai discours sur l'indispensable sursaut, ils sauraient retrouver le sens du rassemblement, du courage, de la volonté d'exister.

Où s'arrêtera la dégringolade ? Que puis-je faire pour tenter de l'arrêter ? Seule cette figure qui, du fond de l'abîme, a dit le grand Non, m'empêche de désespérer complètement. Peut-être la France est-elle ainsi faite qu'il lui faudra encore une fois, comme après le traité de Troyes comme après Montoire, toucher le fond de l'abîme pour se ressaisir.