Chers lecteurs, comme vous avez pu le constater, je me suis absenté de ce blog... et de France durant un peu plus de cinq semaines.

Nisyros, notre maison magique, notre petite patrie, notre village dont nous aimerions bien qu'il arrête de se boboiser... Cette année, la saison fut plutôt mauvaise - à l'exception d'un raz-de-marée durant trois semaines en août (Gréco-Américains et Gréco-Australiens, Grecs en camping sauvage pouvant encore partir une semaine ou deux, mais dépensant peu sur place, forcément ; peu d'étrangers) et d'un mois de septembre honorable : en partie à cause de la "crise des migrants", les îles orientales ont souffert cette année, plus ou moins (plus à Mytilène, Chios, Kos... et le tourisme pendulaire de Nisyros - excursions en une journée au volcan - dépend essentiellement de la fréquentation de Kos ; moins à Rhodes où la saison a semble-t-il été normale), les touristes ne souhaitant pas se retrouver dans la situation de l'an passé, dans des îles devant gérer un problème humanitaire sans rapport avec leurs moyens ni avec ceux de la Grèce qui, une fois de plus, a pu mesurer l'escroquerie que représente la "solidarité européenne".

Coupure d'avec le monde (pas d'Internet au village cette année... vraie déconnexion, désintoxication...), fin de l'écriture et passage au gueuloir de mes 30 bonnes raisons de sortir de l'Europe, à paraître en janvier aux éditions H&O (deux lecteurs m'ont signalé que le lien que j'avais mis avant mon départ vers le site de préachat apparaissait vérolé pour certains antivirus... renseignement demandé à mon éditeur : rien d'anormal, il s'agit sans doute d'une malveillance... je le remets donc ici), début du retravail du manuscrit de mon prochain roman, Tigrane l'Arménien, en fonction des observations de l'éditeur - La Différence - qui le publiera, en principe en mars prochain, bricolage en tout genre, balades, plage...

Il n'a plu que trois fois depuis un an et je n'ai jamais vu l'île aussi sèche depuis plus de 25 ans que je la fréquente, les citernes sont vides, les bêtes souffrent et septembre - d'habitude si doux et calme - fut ventueux et parfois frais.

Quant au pays... l'interminable naufrage piloté par les criminels de l'UE, avec l'aide et le concours actifs de la "gauche radicale" grecque, continue.

Grèves, manifs, caravane pour la santé... le peuple souffre et proteste. la veille de mon retour, c'était aux retraités de descendre dans les rues contre les nouvelles coupes. 60 %des retraités touchent désormais moins de 700 euros, 45% moins de 665 (la pension moyenne), près de 14 % ont sombré dans la pauvreté. Alors que souvent, désormais, la pension de retraite doit faire vivre une famille élargie où tous sont au chômage... ou travaillent sans être payés, ou sans être payés régulièrement.

Bref, ces retraités menaçaient à ce point l'ordre public que les batsoi (équivalent de flic en plus méchant... l'équivalent de : CRS SS c'est : Batsoi, gourounia dolophonoi, Flics, cochons, assassins) du gouvernement de "gauche radicale" les ont abondamment gazés. Je me souviens en 2010 de l'indignation quand les mêmes batsoi du gouvernement issu du putsch européen, dirigé par l'ancien vice (c'est le cas de dire !) président de la BCE, Papadimos avaient gazé sans mesure d'autres manifestants... parmi lesquels Manolis Glézos; le héros de la Résistance qui avait décroché (avec Lakis Sandas la croix gammée de l'Acropole en 1941); qui avait dû passer plusieurs jours à l'hôpital, ainsi que Mikis Théodorakis...

Les gouvernements à la botte de l'Occupant germano-européen passent, les méthodes de la dictature germano-européenne demeurent.

Cette fois, la photo choc est celle de Katina Manitara qui connut la famine de, l'Occupation, porta des messages de la Résistance à 10 ans, fut témoin des tortures infligées à son père, fut elle-même torturée, rejoignit le maquis durant la guerre civile et devint lieutenant de l'Armée démocratique, puis militante de la gauche syndicale... gazée elle aussi par les batsoi de Tsipras dont le premier geste politique avait été d'honorer les résistants communistes de Kaisariani... On dit que le Premier ministre s'est mis en colère contre son ministre de l'Ordre public.

Ainsi va la "gauche radicale" qui est en train de discréditer pour longtemps, après le PASOK, toute idée de gauche en Grèce.

A part ça, tout va bien ! Nouvelles hausses de taxes sur toute une série de produits dans un pays où la consommation est déjà exsangue et, à la fin de l'année, alignement de la TVA des petites îles qui avaient obtenu un sursis. La logique de déflation criminelle poursuit son bonhomme de chemin... ce qui n'empêche le chantage germano-européen de continuer, bien au contraire! Cette fois, c'est le "socialiste" Moscovici qui s'illustre dans l'ignominie en exhortant le gouvernement de "gauche radicale" à... finaliser ses réformes pour obtenir la poursuite du "plan d'aide".

Précisons toutefois, à ceux qui ne seraient pas familiers de ce blog, que le "plan d'aide" n'a jamais rien eu, et ceci dès le début, d'une aide - sinon d'une aide aux banques françaises et allemandes qui se sont gavés et ont fait leurs choux gras sur la dette grecque et sur la dette des Grecs que leurs banques (appartenant alors en grande partie à des groupes français ont poussé à s'endetter pour acheter des produits allemands). Ensuite, la dette a été transféré des banques sur le contribuable selon l'immuable principe libéral : privatisation des bénéfices, socialisation des pertes.

C'est un abus de langage typique de la novlangue européenne, qui consiste à cacher des crimes, des saloperies et de l'idéologie derrière des mots au sens totalement perverti (Aide, réforme, solidarité, fluidité...)

Quant au gouvernement de "gauche radicale" ? Faute d'avoir eu la lucidité et le courage d'expliquer que la seule solution est la sortie du carcan monétaire de l'euro, que la question, la seule, c'est poursuite de la politique de délflations jusqu'à la mort dans l'euro ou changement de politique hors de l'euro, faute d'avoir revendiqué l'honneur de conduire la sortie de l'euro et la renaissance du pays, il s'est - volontairement ou non ? - enfermé dans une impasse mortelle, pour lui et pour le peuple grec. Il obtempérera donc, bien entendu, comme d'habitude.

Comme je l'ai écrit ici depuis plus d'un an, une capitulation n'est jamais un acte unique, c'est l'acte inaugural d'une série sans fin de capitulations. Faute d'affronter une indispensable sortie de l'euro, ce gouvernement ira de trahisons en humiliations et rendra le pouvoir à la droite au bout du chemin (les sondages donnent aujourd'hui Syriza à plus de 12 points derrière la droite) après avoir tué en Grèce, après le PASOK, l'idée même de gauche.

Pendant ce temps-là, l'islamofasciste Erdogan - le grand copain de Merkel qui ne mégote pas les milliards que l'UE verse à son régime et à sa clique en même temps qu'elle écorche la Grèce - conteste à mots de moins en moins couverts la souveraineté grecque sur les îles de l'Egée et le traité de Lausanne (1923) par lequel la Turquie kémaliste l'a reconnue. Certains des copains d'Erdogan, et de Merkel donc, en l'occurrence le maire d'Ankara, en profitent du coup pour pousser le bouchon encore un peu plus loin.. Et quand les Turcs débarqueront à Nisyros, Kos, Samos, Mitylène, Rhodes... Juncker dira encore que ce serait "en toute circonstance" une erreur de suspendre les négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE ? Et Merkel proposera combien de milliards supplémentaires au sultan ?

L'affaiblissement de la Grèce organisé par l'UE depuis 2009 est non seulement un crime, c'est une incommensurable faute géostratégique.

A part cela, le Collectif de solidarité Normandie Grèce, dans le cadre de la Caravane de la Solidarité avec la Grèce, m'a demandé de venir causer sur "Le traitement de la crise grecque par l'UE, analyse et perspectives" à Caen (salle Gutenberg), samedi 8 octobre à 18h00.

Ce que je fais bien sûr avec plaisir pour ce collectif qui, comme tant d'autres en France, collecte et achemine de l'aide humanitaire dans notre pauvre Grèce martyrisée par l'UE et au nom du sacrosaint euro ! A peine de retour et je reprends donc le bâton de pèlerin, frère prêcheur !