Au moment où, après 10 ans de petits pas dans la conquête de tous les espaces publics, de tous les secteurs de la vie sociale et privée, l'islamisme turc - qu'on nous a si longtemps présenté comme "modéré" - est en passe d'achever, avec la complicité financière (et un peu plus) de l'Union européenne, sa construction totalitaire (on annonce aujourd'hui la libération de 38.000 prisonniers de droit commun... pour faire de la place aux prisonniers politiques bien trop nombreux), il serait peut-être temps de comprendre, ici et maintenant, que chaque concession que nous faisons devant chaque provocation islamiste, qui se présente comme un exercice de la liberté, chaque accommodement prétendument raisonnable avec l'inacceptable, nous mène, pas après pas, sur le même chemin. Un chemin au terme duquel on réclamera la liberté de me pendre parce que je suis homosexuel et que je heurte la sensibilité ou la pudeur des croyants. A prendre les vessies pour des lanternes, on finit généralement par se brûler.

Je n'ai pas grand-chose à dire de plus sur le feuilleton de l'été, sinon que la question sociale et la question européenne sont étroitement liées à ce que nous vivons : à force de s'en remettre au gouvernement des comptables, à force de ne donner comme seul horizon qu'un pourcentage de déficit budgétaire, à force de mettre en oeuvre des politiques qui rétractent sans fin l'action de l'Etat et de l'Etat social, provoquent la désindustrialisation et le chômage de masse, à force de dire que la nation c'est mal, alors que c'est la communauté politique dans laquelle la démocratie peut s'exercer et l'assimilation (non l'intégration) s'opérer, non par la contrainte mais en donnant envie, et la nature politique ayant horreur du vide, on ne peut que stimuler des pseudo-identités tribalo-religieuses.

Et pendant ce temps-là M. Prudhomme part faire des salamalecs au pontife de l'Eglise romaine : défendre la laïcité en allant voir le pape pour le féliciter de la réaction des catholiques français... Ca c'est fait ! Ce confusionnisme est aussi insupportable que le discours du petit hargneux à Saint-Jean-de-Latran. On entretient avec le Vatican des relations diplomatiques, le pape est le chef d'un Etat étranger, pas l'interlocuteur de l'Etat pour discuter du sort, des problèmes ou des réactions d'une prétendue communauté composée de citoyens français.