Dans les années 1920, sous l'impulsion d'un certain Churchill, l'Angleterre rattache sa monnaie à l'or au taux d'avant-guerre, pour des raisons idéologiques : son économie étouffe parce que le taux de change est irréaliste - c'est le phénomène que nous connaissons aujourd'hui avec l'euro.

A partir de là, Keynes sort du moule idéologique libéral qui l'a formé, réfléchit sur le rôle de la monnaie, de la régulation, de la nécessaire intervention contracyclique de l'Etat dans l'économie, des ravages du libre-échange et de la nécessité d'un protectionnisme intelligent...

Au même moment la France fait le 2e euro (Bloc or, le 1er c'était l'Union latine au XIX e siècle), et s'enfonce avec l'ex socialiste Laval, appuyé par une Chambre élue à gauche, dans la déflation, en menant la politique anglaise des années 20 et en suivant l'exemple du démocrate-chrétien allemand Brüning qui a amené Hitler au pouvoir. Alors que l'Angleterre, par pragmatisme, est la première à rompre avec les dogmes libéraux et déflationnistes, à voir son chômage diminuer et son activité repartir, dans un monde qui s'enfonce dans la Grande Dépression...

En 45, les Anglais sont les premiers à mettre en place un Welfare State, conçu dans les années précédentes par les équipes qui tournent autour de Keynes, lequel propose un système monétaire international non fondé sur le dollar mais sur un étalon neutre (bancor), non fondé sur la concurrence mais sur la coopération, où les pays en excédent commercial seraient obligés d'aider les pays en déficit commercial... le Welfare State inspirera l'Etat social des pays d'Europe occidentale et le SMI de Keynes, repoussé par les Américains au profit du dollar et du FMI, reste une idée d'avenir ! Dans les années 80, Thatcher en revient aux dogmes libéraux , début de la révolution conservatrice, dérégulatrice et libérale que nous vivons depuis...

Cameron s'est largement servi de la dévaluation (interdite par l'euro) pour relancer l'économie britannique et voilà qu'après avoir décidé de rompre avec le dogme européiste, les Anglais s'apprêtent, à l'initiative de Mme May, à renouer avec une politique industrielle de type keynésien... à l'inverse de la politique déflationniste et idéologique inspirée par l'Allemagne et appliquée par nos "socialistes" !

Une fois de plus en décalage ! Une fois de plus précurseurs ???

A part cela on apprend qu'entre deux vins, Juncker aurait bavé que ce serait une grave erreur de fermer la porte de l'Europe à la Turquie.

Hier le président du Conseil de l'Europe, dont une des missions est de veiller au respect des droits et libertés fondamentaux a fait part de toute sa compréhension pour la purge en cours... 154000 fonctionnaires limogés, des milliers d'arrestations, des tortures, des fermetures arbitraires d'écoles, de médias... Le Conseil de l'Europe comprend.

Et Kerry est atendu en pèlerinage à Ankara à la fin du mois.

Comme on le voit, le grand nettoyage d'été de l'islamofascisme turc n'effarouche guère ses alliés occidentaux du sultan... Gageons qu'après le Conseil de l'Europe, le poivrot de Bruxelles et le secrétaire d'Etat américain le secrétaire général de l'OTAN ne devrait plus trop tarder à venir faire allégeance à l'étrangleur ottoman !

Du coup, la fable d'un retournement d'alliance de la Turquie, à laquelle je n'ai pas cru une seule minute, en a encore pris un sérieux coup dans l'aile.