On apprend par La Tribune (désolé, Jean-G. !), relayant une dépêche de Reuters, que "La Grèce ne présentera pas de liste de réformes économiques vendredi à Riga lors de la réunion des ministres des Finances de la zone euro, a déclaré un haut responsable de l'Union européenne, ajoutant qu'Athènes devrait pouvoir rester solvable jusqu'au mois de juin.". Et dans la même Tribune (redésolé, Jean-G. !), Romaric Godin nous apprend ce même jour que la BCE aurait décidé, par un artifice technique, de rendre plus difficile l'accès des banques grecques au programme d'accès d'urgence à la liquidité, avant de nous apprendre que la BCE a finalement renoncé à cette mesure.

Lors de mon débat à Mediapart, j'avais avancé, à l'étonnement de certains sur le plateau, que l'accord du 21 février était une révolution copernicienne. C'est le résultat de cette révolution que nous avons sous les yeux et c'est toute l'intelligence de la stratégie (la métis) du gouvernement Syriza/Grecs indépendants : auparavant c'était (l'hybris de) la Troïka (FMI, Commission européenne, BCE) qui dictait les "réformes" à accomplir, imposait l'agenda, surveillait la mise en oeuvre au mépris des pouvoirs démocratiques grecs (Voir à ce sujet le passionnant article, comme d'habitude, de Jacques Sapir intitulé : "Barroso, Juncker, l'Europe et Vichy") : en obtenant la reconnaissance que la Troïka, c'était fini - ce qui a paru à certains, alors, comme une victoire purement symbolique - le gouvernement grec obtenait du même coup que ce serait lui qui, désormais, proposerait ses réformes aux créanciers. Il reprenait ainsi la main sur le processus, rétablissait l'ordre démocratique et mettait à l'ordre du jour la lutte contre la corruption et l'évasion fiscale de l'oligarchie droite-socialistes qui gouverne le pays depuis 1974, qui est solidairement responsable de sa situation, qui a exécuté depuis cinq ans les "réformes" exigées par Berlin, ses clients et alliés, ainsi que par ses bras armés, la Commission du grand évadeur fiscal Juncker et la BCE du Golman Sachs boy Draghi.

Or, Berlin, ses clients et alliés, ainsi que ses bras armés, la Commission du grand évadeur fiscal Juncker et la BCE du Golman Sachs boy Draghi, qui s'en sont pris aux pauvres et aux classes moyennes, n'ont jamais eu l'intention de menacer en quoi que ce soit les privilèges de ces oligarques. Ils ont même tout fait pour les maintenir au pouvoir, jusqu'à susciter une parti croupion, Potami, créé (afin de servir d'appoint - en apparence vierge - à la reconduction de la majorité sortante ou à une majorité de susbstitution à laquelle collaborerait l'aile "réaliste", c'est-à-dire capitularde de Syriza) avec l'argent des oligarques des médias qui ont bénéficié de la liquidation de l'audiovisuel public, décidée par Samaras en application des exigences de Berlin, ses clients et alliés, ainsi que ses bras armés, la Commission du grand évadeur fiscal Juncker et la BCE du Golman Sachs boy Draghi. Or cette lutte contre la corruption et l'évasion fiscale n'est pas du flan : on apprenait en effet ce matin que Léonidas Bobolas, fils de Georges, figure emblématique de la Nomenklatura grecque avait été arrêté et et présenté au tribunal, selon la procédure de flagrant délit, pour une sortie illégale de 4 millions d’euros.

Ce à quoi nous assistons donc, depuis le 21 février, n'est que la conséquence de cette révolution copernicienne : Berlin, ses clients et alliés, ainsi que ses bras armés, la Commission du grand évadeur fiscal Juncker et la BCE du Golman Sachs boy Draghi, jugent que les réformes proposées par la Grèce, non seulement ne suffisent pas, mais ne sont pas "sérieuses" ; mais le gouvernement grec a fixé ses lignes rouges, imposé son agenda (la fraude et l'évasion fiscales de la Nomenklatura comme priorité absolue) et refuse la poursuite de la stratégie du choc qui a échoué depuis cinq ans. Il n'y a donc plus que deux solutions.

Soit l'un des deux cède.

Si le gouvernement grec accepte les "réformes" que Berlin, ses clients et alliés, ainsi que ses bras armés, la Commission du grand évadeur fiscal Juncker et la BCE du Golman Sachs boy Draghi, jugent sérieuses, il est mort et avec lui Syriza et les Grecs indépendants. La voie sera dès lors libre pour les néonazis d'Aube dorée.

Si Berlin, ses clients et alliés, ainsi que ses bras armés, la Commission du grand évadeur fiscal Juncker et la BCE du Golman Sachs boy Draghi, cèdent, les Espagnols, les Portugais, les Irlandais, les Italiens... et même peut-être les Français, les Belges et quelques autres se retourneront vers leurs gouvernants en leur demandant pourquoi ils ont cédé au Diktat de Berlin.

Soit la Grèce va au défaut et à la sortie de l'euro, le gouvernement Syriza/Grecs indépendants ayant fait la démonstration (ce que j'appelle ici, depuis le début, la pédagogie de la rupture) à son peuple que Berlin, ses clients et alliés, ainsi que ses bras armés, la Commission du grand évadeur fiscal Juncker et la BCE du Golman Sachs boy Draghi, n'ont jamais eu la moindre intention de négocier une solution raisonnable mais ne veulent qu'une chose : que le gouvernement ignore le programme sur lequel il a été élu, trahisse ses promesses, capitule en rase campagne et poursuive la politique avec laquelle il a promis de rompre.

Il n'y a pas de moyen terme, il n'y a plus d'accommodement possible - tout compromis serait une capitulation déguisée des uns ou des autres -, et le moment de vérité approche.