Pâques orthodoxe : demain, la Grèce fêtera la résurrection. Quant à celle que marquera la sortie de l'euro...

Ce qui est clair c'est que le bras de fer se joue sur tous les fronts.

Ces derniers jours, on a vu une presse dominante française, qui n'a plus beaucoup à creuser pour atteindre le niveau d'abjection de celle de la Collaboration, se déchaîner contre Tsipras, son voyage à Moscou, traiter Varoufakis de "mac" (Le Monde, tout de même, ce qui en dit long sur l'état de cet organe de propagande), mêler l'insulte à la désinformation (L'Obs), pratiquer l'amalgame et la diffamation...

Pendant ce temps-là, le petit énervé incompétent qui nous sert de Premier ministre - chaque jour plus semblable à son modèle sarkozien - en remettait une louche sur les exigences allemandes, afin de ne surtout pas paraître en reste. Au Portugal où, contrairement à la propagande, l'échec de la politique de déflation euro-allemande est aussi complet qu'en Grèce, il a appelé le gouvernement grec à remettre une liste de "réformes" plus "profondes". Tu la sens bien, là, ma réforme ? elle est assez profonde ? On ne dira jamais assez combien l'usage de mots comme "réforme", pour désigner la destruction de l'Etat social, de la classe moyenne, du droit du travail, de la démocratie... est un symptôme de la maladie européenne, mortelle, dont sont atteintes nos "élites" politiques, médiatiques ou intellectuelles. Le détournement de sens qui fait passer le retour vers un capitalisme du XIXe siècle, sans frein ni vergogne, pour une idée d'avenir, une indispensable réforme prendra sans nul doute, dans l'histoire de l'humanité, comme l'une des escroqueries intellectuelles majeures, à l'image du fascisme qui prétendait mettre fin à la lutte des classe, ou du lénino-stalinisme qui prétendait réaliser par la terreur la société sans classe.

Pendant le même temps, des fuites vers le Times faisaient état d'un plan européen, à l'initiative des Finlandais (pour ne pas mouiller directement le patron allemand), afin de faire sortir la Grèce de l'euro, puis la BCE, les charognards de la tour de Francfort à 1,2 milliards payés par la sueur et le sang des peuples européens, manifestaient leur hostilité à un projet de loi dont le Parlement grec délibérera bientôt (il délibère depuis jeudi d'un projet de loi prévoyant la réintégration de 4000 fonctionnaires licenciés, illégalement, ces dernières années, sur l'ordre de la Troïka), et qui protégerait de la saisie immobilière de leur résidence principale les particuliers endettés propriétaires d'un bien d'une valeur inférieure à 300.000 euros au prétexte que, dans la novlangue des maîtres, cette mesure serait "susceptible de créer un aléa moral et pourrait déboucher sur des défauts stratégiques, mettant à mal à culture du paiement et la future croissance du crédit".

On voit bien comment les attaques contre le gouvernement que se sont donnés démocratiquement les Grecs, sont désormais sans répit, qu'elles viennent de toute part, visant à la fois à l'étrangler et à le discréditer afin de légitimer l'étranglement.

Face à cette guerre qui se mène, de Berlin, de Bruxelles, de Francfort et hélas aussi de Paris, contre le peuple grec, qui ne dit pas son nom parce qu'elle se mène avec d'autres armes que les chars, les bombardiers et les drones,cau final, comme on l'a si souvent écrit, ici et ailleurs, depuis le 25 janvier, il n'y a qu'un choix : capituler ou sortir de l'euro. Et qu'une seule question : combien de temps encore le gouvernement grec pense-t-il pouvoir manoeuvrer pour repousser l'heure du choix ?

Tout montre que l'heure du choix est proche.

Si le gouvernement grec n'a pas préparé cette issue, il a eu tort, et s'il continue à penser qu'il peut trouver un arrangement sans capituler sur toute la ligne, il se trompe.