La France est décidément un pays merveilleux où les trains ont deux heures de retard dès que trois flocons se battent en duel : mais comment ils font, au juste, les chemins de fer suisses ou autrichiens, réputés pour leur ponctualité ? Pour être à la RTBF à midi, j'avais prévu de prendre le train à 9h01, arrivant à Bruxelles midi à 10h17. J'avais donc l'âme en paix.

J'avais même prévu une grosse heure pour aller de Plaisance à Gare du Nord, au cas où il aurait commencé de neiger dans la nuit. Mais ce matin, pas la queue (si j'ose dire) d'un flocon sur Paris. En revanche, ça neigeotait vaguement lorsque j'arrivai à la gare du Nord, avec déjà des retards... ben voyons !!! et mon train ? 40 minutes à la première annonce.

Je me dirigeai donc vers le train précédent, pas encore parti : mais là, non ! vous n'y pensez pas !! impossible de monter !!! votre billet n'est pas ceci, trop cela. Oui mais moi j'ai un rdv important à Bruxelles et mon train aura au moins 40 minutes de retard. M'en fous, rien à secouer, m'en bats les couilles, circulez, y'a rien à voir et allez vous geler les vôtres, en attendant que VOTRE train arrive.

Ca, c'est ce que j'appelle le service public à la française, l'attention au client à la française, l'intelligence à la française !!! Et longue vie à la SNCF !

J'attends donc... 40 min, et plus... et plus d'annonce évidemment : on est en France que diable !

Enfin, sur le coup de 10h00, soit une heure après l'heure de départ prévue, on nous fait la grâce de nous annoncer que notre train va être affiché dans cinq minutes.

Départ 10h15, une heure et quart de retard, pour trois flocons qui se battent en duel, car certes, il neige un peu, mais enfin ce n'est ni tempête sur la toundra, ni bourrasque dans la taïga, c'est un vague petit tapis neigeux, plus ou moins discontinu, c'est quelques flocons qui s'arrêtent de tomber sur le coup de 10h30 : tout ça pour ça ? Vraiment même pas plus ?

L'hôtesse qui nous accueille, les couilles gelées (enfin les nôtres, j'entends celles des passagers masculins), est naturellement incapable de nous donner une heure estimative d'arrivée. Mais à quoi elle sert, au juste, c'te pauv'fille ? A nous dire bonjour et bienvenue, après une heure et quart sur le quai : c'est ça l'accueil français, l'efficacité française !

Lorsque le brave contrôleur passe contrôler, je lui demande s'il en sait davantage. O, qu'il me fait en levant les yeux au ciel, comme si je demandais la lune, certainement pas avant midi, vu que, avec toute cette neige... mais quelle neige au juste ? que je me hasarde à lui demander, et comment qu'ils font donc les trains suisses ou autrichiens ? Et est-ce qu'on sera indemnisé pour le retard, parce que moi, du coup, malgré ma marge, je vais la rater mon émission de radio !

Mais ça, le contrôleur, l'en a rien à secouer, s'en bat les couilles qui, les siennes, ont échappé au gel, comme celles de l'autre qui m'a empêché de monter dans le train qui m'aurait permis d'arriver à l'heure - ce qui, accessoirement, m'aurait aussi évité, à moi, de me les geler, les... bon, je sais, ça vire à l'obsession.

D'abord, j'ai pas à me plaindre, qu'il me répond, le contrôleur dont les couilles sont restées bien au chaud, parce que lui il a dû annuler un rdv chez son toubib ; les Suisses et les Autrichiens, il n'a aucune idée de comment est-ce qu'ils font pour faire rouler des trains sous la neige mais l'indemnisation, alors là j'exagère franchement : la neige, c'est un cas de force majeure !!! La neige, mais quelle neige ?

Finalement, nous arrivâmes à Bruxelles midi à 11h40, je sautai dans un taxi : adorable, le chauffeur ! c'est décidément incroyable combien, en Belgique, les gens sont à la fois gentils et efficaces : je vous assure que le contraste avec Paris vous saute à la gueule... comme les journalistes qui, en Belgique, lisent les livres qu'on leur envoie, alors que les Français les vendent d'occase sans les avoir ouverts... Le taxi me déposa au bas de l'immeuble de la RTBF à midi une ; à midi trois, j'arrivai au troisième étage ; à midi quatre, j'entrai dans le studio et, à midi six, l'adorable Laurent Dehossay commençait l'interviouve que, si cela vous intéresse, vous pouvez écouter en podcast, en suivant les instructions ci-dessous : ouf !

Pour écouter, cliquez sur : "Culture Club invite 17/12/2009-Olivier Delorme : Laurent DEHOSSAY" dans la liste des podcasts qui s'afficheront ici