Sarkozy commémore à tour de bras, il honore en paroles la Résistance, mais c’est pour mieux cacher que son gouvernement, mesure liberticide après loi scélérate, s’apparente chaque jour davantage à celui de Vichy :

- parce qu’il attaque de front le programme du Conseil national de la Résistance en entreprenant le démantèlement de la Sécurité sociale par la taxation des malades chroniques autrement appelée « franchise médicale » ;

- parce qu’il est le premier gouvernement, depuis celui de Vichy, à fixer des quotas d’êtres humains à expulser ;

- parce qu’il est le premier, depuis celui de Vichy, à avoir tenté, moyennement quelques artifices de vocabulaire, de revenir sur le principe (fondamental de tout État de droit) de la non-rétroactivité de la loi pénale ;

- parce qu’il est le premier, depuis celui de Vichy, à prévoir l’enfermement de gens non pour ce qu’ils ont fait, mais pour ce qu’ils sont présumés être, pour le danger qu’ils sont supposés représenter ;

- parce que, avec le logiciel Ardoise, il demande à ses policiers de ficher les syndiqués et les homosexuels, les transexuels ou les clients de prostituées, sans aucun lien avec un quelconque délit ou infraction, ne seraient-ils que témoins - mais dans quel but au juste ???

- parce qu’aujourd’hui on déchoit un Français de sa nationalité, sous le seul prétexte que, homosexuel, il s’est marié, selon le droit d’un pays membre de l’Union européenne, avec son compagnon !

Mais dans quel pays vivons-nous, au juste ?! Déjà l’interdiction du poppers est passée comme une lettre à la poste, soi-disant pour des raisons de santé publique et en vertu d’une directive européenne… alors qu’aucune étude médicale n’a été conduite et que sur 27 pays de l’Union, la France seule, régulièrement condamnée pour ne pas traduire des directives autrement plus importantes dans son droit interne, a tiré comme conclusion de celle-ci qu’il fallait interdire le poppers. Alors que l’amiante, les OGM, les innombrables produits cancérigènes disséminés dans l’atmosphère ou dans notre alimentation ne menacent bien sûr nullement la santé publique !

Foutaise !

La réalité c’est que depuis six mois dans ce pays, pour des raisons d’ordre moral, on empêche les pédés de jouir comme ils l’entendent en utilisant, s’ils le veulent, un produit disponible dans tous les autres pays démocratiques.

La réalité c’est que les franchises médicales frappent, avec les autres malades chroniques, les séropos qui doivent prendre une trithérapie ou mourir.

La réalité c’est qu’Ardoise va ressusciter le fichier des homosexuels dont Gaston Defferre avait ordonné la destruction.

La réalité c’est qu’on déchoit aujourd’hui un citoyen français de sa nationalité, en fait sinon en droit, à raison de son orientation sexuelle qui lui interdit de se marier dans son pays, alors qu’il le peut dans un autre État d’une Union dont ce même pays est membre.

La réalité c’est qu’aucune situation n’est jamais acquise et que ce gouvernement, où siège Mme Boutin, est le plus homophobe depuis celui de l’amiral Darlan qui établit, pour la première fois en France, une discrimination entre homosexuels et hétérosexuels.

À la veille du 17 mai, journée mondiale contre l’homophobie, peut-être serait-il salutaire de commencer à réfléchir sérieusement à la manière de dire à ce gouvernement-là que ça suffit ! à refaire de la gay pride autre chose qu’un défilé commercial, un défilé contre le retour de l’arbitraire, du fichage et de la discrimination étatique.

Faute de quoi, n’en doutons pas, il y aura d’autres remises en cause et d’autres attaques. Commémorer les triangles roses, c’est bien, mais seulement si c’est pour apprendre à reconnaître et à combattre, quand il en est temps, les logiques qui y conduisent !