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lundi 30 novembre 2015

Le bord du point...

L'ennemi de la finance au Bourget : "Nous sommes au bord d'un point de rupture"...

Le bord d'un point ? Je ne vois pas bien.

En arriver là alors qu'on a préparé un discours "historique" depuis..., manifester un tel mépris de la langue, un tel avachissement rhétorique, devant toute la planète, me paraît assez pathétique.

Bossuet, Jaurès, Clemenceau, de Gaulle, Mitterrand réveillez-vous !

dimanche 29 novembre 2015

Le FN en hausse...

Vraiment ?! Quelle surprise !

Le FN est le produit du franc fort et de l'euro, de 30 ans de néolibéralisme, d'une Union européenne sous hégémonie allemande, de la désindustrialisation, des privatisations du système bancaires et de l'énergie, du recul de l'Etat et de la réduction de la société au Marché et à la concurrence, de la déconstruction de la nation et de l'Education "nationale", de la toute-puissance des comptables incompétents qui ont réduit la politique à des choix de binette interchangeables, au sein de la même caste politique faillie, vides de tout contenu.

On ne combat pas le FN avec des injonctions morales, on le combat en sortant de l'euro et de l'étouffoir démocratique européen, en reconquérant la souveraineté, en reconstruisant l'Etat, en reprenant le contrôle, au moins, de la finance et de l'énergie, en remettant la République et la nation au centre, à la place du marché, en réindustrialisant et en réouvrant à tous d'autres perspectives que l'enrichissement sans fin des plus riches...

vendredi 27 novembre 2015

Une faillite politique totale

C'est incontestable : l'austérité germano-européenne ça marche, ça crée de la croissance et la croissance est là...

Après les chiffres du chômage hier, ceux de la consommation aujourd'hui : -0,7 % en octobre, c'est pas de la croissance, ça ?!

Surtout quand on sait que, dans nos économies, ladite croissance repose à 70 % sur la consommation. Donc ???

On ne change rien, bien sûr ! Ou selon les pseudo-républicains il faut encore aggraver ce qui échoue: plus d'austérité, plus de coupes budgétaires (dans la police et les armées, comme sous Sarkozy ???)... Comme en Grèce quoi !



M'est avis qu'entre ces brillants succès économiques et l'actuel trafalgar diplomatico-stratégique, le FN a de beaux jours devant lui.

Vous avez dit Trafalgar ?

Fabius, entre deux crises de catalepsie déclare : « Il y a deux séries de mesures : les bombardements, (…) et des forces au sol, qui ne peuvent pas être les nôtres, mais qui peuvent être à la fois des forces de l’Armée syrienne libre opposition, des forces arabes sunnites, et pourquoi pas des forces du régime et des Kurdes également bien sûr. »

Les forces arabes sunnites ??? Mais à qui diantre pense-t-il ? Les forces du régime... Alors là, c'est quand même la plus belle de ces derniers jours !!!

Après Valls qui souhaite, hier, la levée des sanctions contre la Russie, c'est toute l'indigence d'une diplomatie sans queue ni tête qui éclate en plein vol.

Et je ne parle pas de politique étrangère, car de politique étrangère nous n'en avons plus depuis Védrine et Villepin. Sarkozy-Hollande : une fois de plus c'est la même chose, strictement la même chose : de la navigation à vue et à la godille, aucune réflexion stratégique sur ce que sont nos objectifs, les moyens à mettre en oeuvre (incompatibles avec l'euro comme avec Schengen) pour y parvenir, que du suivisme, que de l'alignement sur les EU et leur politique au Proche-Orient qui a créé Daesh, Daesh qui n'existerait pas sans l'Arabie, le Qatar et la Turquie, que de la paralysie intellectuelle et budgétaire par l'Europe, que de la compassion et du sentimentalisme en place de réflexion et d'action, que de la réaction en place d'anticipation.

Cette caste politique est faillie, complètement, c'est ce que révèlent ces dernières semaines. Elle est faillie comme l'était celle de la IVe République en 1958, de la IIIe en 1939. Il faut qu'elle s'en aille.

Il faut reconstruire notre souveraineté, notre démocratie, notre économie, il faut reprendre le contrôle de nos frontières et de notre monnaie, sur de nouvelles bases.

mardi 24 novembre 2015

Les Turcs abattent un avion russe

Donc, non contente de violer sans cesse l'espace aérien grec, la Turquie abat maintenant des avions russes sous prétexte qu'ils ont violé son espace aérien... pendant 17 secondes ! Et le pilote de l'avion abattu tombe aux mains... des alliés syriens de la Turquie qui l'assassinent.

Donc la Turquie prétend frapper Daesh alors qu'elle frappe les Kurdes qui combattent Daesh.

Donc la Turquie refuse dans ses hôpitaux de soigner les blessés victimes de Daesh mais soigne les blessés de Daesh.

Donc la Turquie favorise le trafic d'armes à destination de Daesh et organise le flot de migrants qui submerge les îles grecques et grâce auquel Daesh peut, en toute tranquillité, acheminer ses terroristes à l'intérieur de l'espace-passoire Schengen.

Donc la Turquie est le financier de fait de Daesh, achetant le pétrole, le coton ou les céréales vendus par Daesh pour ensuite nous les revendre ainsi blanchis.

Donc Erdogan vient de nommer son gendre ministre de l'Energie afin de pouvoir continuer à surveiller de près ce juteux trafic et d'en tirer profit.

Donc, très logiquement... la Turquie est notre alliée et va demander l'aide de l'OTAN... contre la Russie. Il serait peut-être temps de se rendre compte que la Turquie est devenue un Etat voyou et que le régime islamo-mafieux d'Ankara, comme les régimes islamistes du Golfe sont nos ennemis.

On gagne rarement les guerres en combattant ses alliés au côté de ses ennemis.

Tout cela fait en outre inévitablement penser à l'incroyable duplicité turque durant la deuxième guerre mondiale.

Rappelons qu'en 1939 les Français, qui exercent alors un mandat sur... la Syrie, ont fait cadeau du sandjak d'Alexandrette (Iskanderun), à majorité arabe, au régime d'Ankara pour tenter de l'entraîner dans la guerre.

La Turquie prend alors le sandjak, où elle a manipulé une agitation séparatiste du même type que celle des Allemands dans les Sudètes, puis.... elle se garde d'entrer en guerre.

Elle aura une neutralité de plus en plus pro-allemande : sans la chromite turque fournie jusqu'en avril 1944, l'industrie de guerre nazie n'aurait jamais pu produire en quantité suffisante les matériels nécessaires à l'armée allemande. En novembre 1943, le ministre de l’Armement du Reich, Albert Speer, écrit ainsi dans un mémorandum à Hitler que l’arrêt des livraisons de chromite turque entraînerait l’asphyxie de l'industrie d'armement allemande dans les neuf mois.

De plus, au nom de la convention de Montreux révisée, la Turquie ferme les Détroits aux navires alliés (les livraisons anglo-américaines à l'URSS devront se faire par... le Golfe persique et l'Iran, occupé à moitié par les Anglais et à moitié par les Soviétiques), alors qu'elle laisse passer les bateaux de l'Axe (Allemagne, Italie, Roumanie) qui servent à ravitailler les troupes nazies de Crimée et du front du Caucase, y compris des bateaux de guerre très peu maquillés en bateaux civils.

La Turquie ne cessera que très tardivement cette politique de collaboration avec l'Axe (elle en a profité pour taxer très lourdement et de manière discriminatoire les juifs et les chrétiens) et rentre finalement dans la guerre aux côtés des Alliés le... 23 février 1945 pour avoir le droit d'adhérer à l'ONU.

La demande par Staline, en 1945, d'une base soviétique dans les Dardanelles est légitimée par cette collaboration prolongée de la Turquie avec l'Axe qui a grandement facilité l'invasion et l'occupation roumaine et nazie du sud de l'URSS. Elle se heurtera à l'opposition anglo-saxonne qui va rapidement dédouaner le régime turc pour des raisons de guerre froide naissante : le Plan Marshall est conçu à l'origine pour répondre à la situation en Turquie et en Grèce.

samedi 21 novembre 2015

Histoire de se défouler...

BFM, Itélé, LCI : quelle aubaine tout de même, ces attentats et ces opérations policières! Ca c'est de la télé ! ca c'est de l'info ! avec des spécialistes de tout et de rien comme s'il en pleuvait, des anciens du RAID, du GIGN, de la DGSE, du SMERCH peu importe pourvu que ce soient des initiales qui ronflent comme il faut, des généraux en retraite, des amiraux au radoub et des stratèges en chambre, des tuyaux des services de police, des infos exclusives et des breaking news qui arrachent, des imams et des micro-trottoirs toujours passionnants, des témoignages toujours exclusifs et toujours émouvants, du sang, de la sueur et des larmes que ça en dégouline de partout à l'extérieur de l'écran, des déclarations martiales mais sanzamalgamepassquetouçanarienavoiraveclislam (comme disait Macé-Scaron, ni plus ni moins que l'Inquisition et la Saint-Barthélémy avec le catholicisme...), des voisins à la pelle qui ne se sont jamais doutés de rien tant ce garçon était discret et poli ou que cette donzelle se tapait de la vodka...

Un vrai bonheur je vous dis !!!

Et puis qualifier Abou machinchose, ce lâche et sinistre connard d'assassin, de "cerveau" de quoi que ce soit me semble un oxymore.

Quant à ce qui nous sert de Premier ministre, il semble qu'il soit une fois de plus entrain de perdre les pédales. S'asseoir sur l'Etat de droit, en revanche, ce n'est pas risqué ? Etat d'urgence ne peut signifier viol de la Constitution. Qu'un Premier ministre laisse entendre qu'on pourrait violer la Constitution par convenance est proprement scandaleux. Peut-on rappeler à M. Valls que, par l'article 5, "le Président de la République veille au respects de la Constitution". Voilà des gens qui s'écrasent chaque jour devant Berlin et Bruxelles au nom du respect de traités scélérats et qui proposent simplement passer la Constitution au broyeur... A un moment, il faudrait quand même réfléchir avant de dire et de faire n'importe quoi sous le coup de l'affolement.

J'ai écrit avant-hier que l'état d'urgence me semblait justifié, utile pour bousculer et démanteler ce qui doit l'être, sans attendre les délais liés à une procédure judiciaire et afin de prévenir autant que possible de nouveaux carnages. J'ai aussi écrit que cela me semblait suffisant. Ensuite et suivant M. Trévidic, je pense que la question n'est plus ensuite celle des textes de loi, mais celle des moyens sur le terrain, c'est-à-dire des budgets... c'est-à-dire de l'UE et celle du contrôle de NOS frontières, c'est-à-dire de Schengen.

L'urgence justifie l'exception, mais l'urgence ne peut être que provisoire, elle ne peut devenir la règle. La Constitution est la loi suprême, on ne peut ni s'en affranchir ni la modifier pour des raisons de convenance, ou bien alors Daesh a gagné. L'état d'urgence est justifiable/justifié, mais il ne peur servir à contourner la Constitution ou à s'y substituer. Hitler n'a eu qu'à utiliser, dans un premier temps, la législation d'exception de Weimar. M. Valls devrait donc reprendre le contrôle de ses nerfs et se calmer.

Et M. Fabius, lui, devrait aller planter ses choux. Le Front Al-Nosra (filiale d'Al Qaida en Syrie) vient en effet d'applaudir aux attentats de Paris. Le 28 janvier 2013, M. Fabius déclarait, à propos du Front Al-Nosra : «sur le terrain, ils font du bon boulot ».

Comment ce type, symbole d'une caste politique faillie, qui s'est trompé sur tout, qui est allé de désastre diplomatique en désastre diplomatique, et qui de plus dort debout la moitié du temps, peut-il encore être au Quai d'Orsay dans la période que nous vivons ? Qu'il prenne sa retraite : il est plus que temps et à tous points de vue !

mercredi 18 novembre 2015

Précisions

Je soutiens naturellement, pleinement et sans aucune réserve, nos forces de l'ordre et nos militaires présents sur le terrain.

Il me semble que la proclamation de l'état d'urgence est justifiée, dans la situation où nous sommes, exceptionnelle, afin de laisser aux forces de l'ordre la latitude de bousculer, déstabiliser ou démanteler des filières criminelles susceptibles de préparer de nouveaux attentats.

Je suis opposé à toute modification de la Constitution pour des raisons de convenance et dans l'urgence. On ne doit toucher à la Constitution qu'avec une main tremblante et on y a déjà trop touché - pour des motivations subalternes, avec des résultats généralement calamiteux et en la dénaturant gravement.

Si l'état d'urgence doit être renouvelé, que le gouvernement aille devant le Parlement pour expliquer à la nation les raisons qui justifient à ses yeux cette prorogation et que le Parlement tranche. Je ne vois pas qu'il y ait matière à modifier délais et procédures en la matière.

Je considère que la modification de la Constitution ou la proposition d'ajout de nouvelles mesures législatives ou administratives sont de nature liberticides et qu'elles ne sont pas nécessaires. La démocratie doit lutter contre la barbarie avec ses moyens et ses valeurs, pas en mettant ses valeurs sous le tapis. Je considère, derrière le juge Trévidic que je trouve en tout et pour tout convaincant, que la question n'est pas aujourd'hui celle de l'arsenal législatif - il est suffisant -, mais celle des moyens sur le terrain, notoirement dérisoires par rapport à l'ampleur de la menace. Et, à cet égard, les annonces faites au Congrès me paraissent très insuffisantes.

Je ne fais aucune confiance à une classe politique globalement faillie pour nous sortir des impasses dans lesquelles son eurolâtrie, sa germanolâtrie, sa vénération de la monnaie, de la concurrence et du Marché nous ont enfermés depuis plus de trente ans.

Je ne fais aucune confiance à une classe politique globalement faillie qui a détruit notre politique étrangère, là aussi sous prétexte d'Europe, en l'alignant sur les Etats-Unis (et au Proche-Orient sur les intérêts d'Israël). La politique extérieure commune n'est jamais, et ne peut être autre chose qu'un compromis a minima entre des intérêts divergents dont le résultat a été d'éteindre la voix de la France et de mettre notre diplomatie dans les mains de Washington. Cette classe politique globalement faillie a abandonné la politique arabe de la France initiée par le général de Gaulle et dont Villepin a été le dernier défenseur. Elle s'est abandonnée à une stupide hystérie anti-russe, téléguidée de Washington, alors que la Russie est notre alliée naturelle. Alors que la politique américaine, à l'égard d'Al Qaïda d'abord (Ben Laden fut longtemps appuyé par la CIA), puis en Irak (attaque illégale d'abord, politique anti-sunnite ensuite) est le premier et le principal responsable de la situation dans la région aujourd'hui. Elle a multiplié les défauts d'analyse, les bévues, les erreurs stratégiques et les fautes tactiques en Libye comme en Syrie, disséminant des armes qui se retournent aujourd'hui contre nous.

Elle a cultivé une incroyable et criminelle connivence avec les monarchies du Golfe, singulièrement l'Arabie et le Qatar, dont certains de nos responsables politiques se sont faits des agents rémunérés pour des conférences bidon et leur ont accordé en France des privilèges exorbitants, alors que ces Etats tribaux sont historiquement les métropoles culturelles et financières de tous les fondamentalismes et djihadismes, qu'ils forment et financent les imams radicaux qui prêchent, ici et maintenant, la haine et le combat contre les valeurs de la République.

Cette classe politique globalement faillie a également sombré dans un aveuglement criminel à l'égard de la Turquie d'Erdogan. Car la Turquie d'Erdogan est un maillon essentiel de la stratégie de Daesh. La Turquie d'Erdogan n'a jamais été le représentant d'un islamisme modéré (comme ont essayé de nous le faire croire pendant une décennie les Guetta et autres nullités médiacratiques), elle a adopté une démarche progressive de réislamisation, plutôt que d'imposition brutale, mais elle partage les buts ultimes de tous les fondamentalismes musulmans. La Turquie d'Erdogan est un des principaux financiers et alliés objectifs de Daesh aujourd'hui : blanchiment par les Turcs du pétrole, des céréales ou du coton qui nous sont ensuite revendus. La Turquie d'Erdogan prétend combattre Daesh alors qu'elle bombarde les Kurdes qui combattent Daesh, elle refuse d'accueillir dans ses hôpitaux les blessés kurdes qui combattent Daesh alors qu'elle y accueille les blessés de Daesh, elle laisse se développer ou facilite le trafic d'armes alimentant Daesh. La Turquie d'Erdogan manipule le flot de migrants, refuse de surveiller sa frontière, facilite la submersion des îles grecques, afin d'obtenir la suppression des visas et la libre circulation des citoyens turcs dans l'UE, comme Erdogan l'a encore une fois réaffirmé à la faveur de la récente équipée, hallucinante d'irresponsabilité, de la chancelière Merkel..

Je ne fais aucune confiance à une classe politique globalement faillie qui ne s'est pas même attaquée aux relations interbancaires entre les banques contrôlées par Daesh et le système bancaire international.

Je ne fais aucune confiance à une classe politique globalement faillie qui, depuis cinq ans, a mis à genoux la Grèce, pour satisfaire au rapport psychiatrique des Allemands à la monnaie et à une idéologie euro-libérale mortifère, alors que ce pays occupe une position charnière géostratégiquement, dont dépend aussi notre sécurité.

Je ne fais aucune confiance à une classe politique globalement faillie qui, sous hégémonie américaine et allemande, a construit dans les Balkans des Etats mafieux - Kosovo, Bosnie, Monténégro, ARYM - qui sont d'inépuisables réservoirs pour le trafic d'armes.

Je ne fais aucune confiance à une classe politique globalement faillie qui, depuis trente ans, sous prétexte de franc fort puis d'euro, sous prétexte de mondialisation et de libre-change, a détruit les écluses douanières afin de mettre en concurrence des travailleurs protégés avec des semi-esclaves et de maximiser ainsi les profits de ceux dont, après l'effondrement du bloc de l'Est, la cupidité n'a plus connu de limites et qui entendent aujourd'hui accaparer la richesse, généraliser la précarité, détruire l'Etat social, politique qui a entrepris de liquider notre potentiel industriel au profit du miroir aux alouettes des services et de la haute technologie, condamnant ainsi les plus faibles à un chômage de masse, sans fin et sans issue. Une classe politique globalement faillie qui, par ces politiques irresponsables, a mis l'Etat dans l'incapacité de remplir ses missions, réduit le format et les moyens de notre armée, de nos forces de sécurité, de nos douanes, de nos services de renseignement, qui a abandonné la surveillance de nos frontières au nom de l'eurolâtrie, facilitant ainsi la libre circulation des criminels et tous les trafics, à commencer par celui des armes. Une classe politique globalement faillie qui nous a enfermés dans une logique austéritaire criminelle et une stagnation/récession sans fin, résultant d'une monnaie absurdement gérée par une banque centrale absurdement indépendante, avec pour conséquences le recul de l'Etat qui protège, qui aménage, qui enseigne et qui soigne, qui devrait créer les conditions de la croissance alors qu'il n'est plus que l'instrument servile d'une idéologie euro-allemande suicidaire, l'abandon de territoires entiers où se sont enracinés au fil des ans le chômage, l'absence de perspectives, la perte de crédit d'un discours sur les valeurs de la République qui apparaît vide de sens dès lors que cette République, pour cause de soumission aux dogmes de la Germano-Europe, s'est condamnée à l'impuissance, la criminalité, la haine et, au final, la barbarie...

Je ne fais aucune confiance à une classe politique globalement faillie qui, sous prétexte d'Europe, laquelle n'a jamais été, n'est et ne sera que Marché roi et oligarchie hors-sol, a abandonné le terrain de la nation à l'extrême droite et démonté l'école publique et laïque, au profit d'une vague animation culturelle, en renonçant à l'exigence, à l'effort, à la discipline, à la transmission de savoirs - à commencer par l'histoire nationale. Car la nation, avec ses symboles - le drapeau, La Marseillaise, la devise, Marianne - sont les puissants moyens d'identification, d'inclusion, de partage d'un passé et d'adhésion à un projet commun, sans lesquels on n'est plus une communauté, une République, une démocratie, mais un ensemble d'individus en concurrence, sans lesquels, la nature ayant horreur du vide, s'installent la recherche éperdue d'identités alternatives - quartier, religion, bande criminelle - et la guerre de tous contre tous.

Une caste politique faillie

Ces jours-ci, il me semble que les personnages de notre théâtre d'ombres politiques font très fort...

Hier, M. Jack Lang recevait tout sourire le Premier ministre du Qatar, financier historique de tous les djihaddismes et grand formateur d'imams radicaux, pour le taper de quelques thunes destinées à retaper la façade de l'Institut du Monde arabe. On frôle l'ignominieux.

Puis ce qui nous sert de président dresse le bilan de sa désastreuse diplomatie proche-orientale et anti-russe : échec sur toute la ligne. Il annonce des recrutements qui auraient dû être effectués depuis bien longtemps et qui ne l'ont pas été parce que toute la caste politique, tétanisée de terreur devant Bruxelles et Berlin, coupe aveuglement dans les budgets de la nation depuis des années, au nom d'un euro qui nous étouffe et a créé le terreau de désespoir sur lequel ont poussé les criminels qui ne croient plus à rien qu'à leur folie meurtrière à prétexte religieux. Juste - quelle audace ! - on va donner un coup de canif au pacte de stabilité pour ne pas se laisser trouer la peau... Et il assaisonne tout cela d'un peu de socialisme expéditionnaire à la Guy Mollet et d'une absurde proposition de réforme de la Constitution à la va-comme-je-te-pousse. Quant aux frontières, l'échec de Schengen n'est pas encore assez patent et catastrophique pour qu'on en annonce la fin... juste on menace : retenez-moi ou je fais un malheur. Du Sarkozy pur sucre, en somme : faute de pouvoir réfléchir et agir, on part en guerre et on fait des annonces. Si le ton était martial le fond est assez lamentable.

Quant au sieur Wauquiez, chacune de ses interventions, ces jours-ci, ressemble un peu plus à celles d'un charognard qui tente désespérément de prospérer sur les cadavres... le genre hyène, si vous voyez ce que je veux dire. A côté de lui, on a l'impression que même les gens du FN semblent faire preuve de retenue.

Reste notre ministre de la défonce, Le Drian, qui déclare sans rire au journal de TF1 de ce soir que les 27 membres de l'UE, répondant comme un seul homme de troupe à je ne sais quel article du traité scélérat de Lisbonne, vont nous apporter leur concours unanime à notre fulgurante campagne anti-Daesh - à coup de bombes américaines et grâce à des avions ravitailleurs américains, car grâce à l'Europe, à l'euro, Bruxelles et Berlin, les coupes budgétaires imbéciles des dernières décennies ont amputé notre appareil militaire des moyens nécessaires à une action vraiment indépendante tout en l'engageant à tort et à travers.

Ainsi la Slovénie va-t-elle nous faire cadeau d'une paire de rangers dont l'Autriche et la Suède, qui ont décidé de renoncer à leur neutralité, nous enverront chacune une paire de lacets de rechange, la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie vont se fendre d'un fusil de chasse et de cinq cartouches, la Slovaquie et la République tchèque réconciliées offriront ensemble un pneu, et le Portugal des morues pour le rata ; les Pays-Bas, une photo de Dijsselbloem à poil afin d'entretenir le moral des troupes, et l'Allemagne... toute sa considération.

Prendre à ce point les gens pour des cons relève du grand art : chapeau l'artiste !!!

Avec cette Europe en soutien et des alliés comme la Turquie, le Qatar et l'Arabie, moi je vous le dis, mes kikis, on est bien partis ! Comme en 40.

dimanche 15 novembre 2015

Un G20 chez le blanchisseur du pétrole de Daesh

Le G20 réuni chez le sultan qui finance Daesh en blanchissant son pétrole pour parler... de lutte contre le financement du terrorisme. La seule question intéressante à ce propos est donc : Jean-Claude Druncker aura-t-il droit à sa ration de cognac dans ses jus de fruit ? Pour le reste, on est à un tel niveau d'absurdité et de foutage de gueule que je préfère ne rien écrire de plus.

Si, tout de même, de l'excellent juge Trévidic sur Inter tout à l'heure : "On n'a pas besoin d'une nouvelle loi, c'est très français de croire qu'on règle les problèmes en faisant des lois. On a tout ce qu'il faut en matière de loi. Ce qu'il faut ce sont des enquêteurs sur le terrain." Un ex patron de la DGSE disait à peu près la même chose hier : "les gouvernements successifs, parce que cela coûte moins cher et présente moins de risque politique, ont préféré miser sur les techniques d'interception plutôt que sur les agents du terrain. Mais c'est sur le terrain que les choses se passent."

J'ajoute : allez donc, dans ce cas, demander l'autorisation de Merkel et Druncker. Quand on a perdu sa souveraineté monétaire au profit d'un mark européen qui étouffe l'économie française, après le "franc fort" qui singeait le mark, depuis 30 ans, on fabrique des générations de chômeurs dans lesquelles s'enkyste l'absence de perspective et à qui on a renoncé à enseigner que la nation est le cadre de la démocratie, que la République est notre bien commun ; on s'interdit, en devant obéir à des injonctions budgétaires, de prendre les moyens financiers nécessaires pour lutter contre ces fléaux qui se nourrissent les uns les autres ; dans le temps même où l'on renonce au contrôle de ses frontières, au plus grand bénéfice de tous les trafiquants, notamment des trafiquants d'armes des Etats mafieux du Kosovo, de Bosnie, du Monténégro ou d'ARYM qu'a créés la politique européenne - et singulièrement l'allemande.

Dans le genre foutage de gueule, une mention spéciale revient aussi au journal de TF1 où un "spécialiste maison de politique étrangère" commente une jolie carte où l'Arabie et le Qatar figurent parmi nos alliés contre Daesh, ajoutant sans rire qu'il faudrait que les pays du Golfe s'engagent au sol en Syrie pour "retourner les tribus sunnites". Ubu !

samedi 14 novembre 2015

Des conséquences à tirer.

Quand ce qui a fait fonction de président de la République durant cinq ans dit qu'il va falloir tirer les conséquences des événements tragiques de la nuit dernière, il pense à lui ? Il va sans doute, dans ce cas, arrêter d'émarger au budget du Qatar, en se faisant payer des conférences bidon par le principal soutien historique du djihaddisme.

Ou bien pense-t-il à la France ?

La France qui, depuis tant d'années, a abdiqué sa souveraineté monétaire, ce qui conduit à la désindustrialisation et au désespoir d'une partie de plus en plus grande de la population, désespoir qui lui-même nourrit la radicalisation.

La France qui a abdiqué après tant d'autres, avec Schengen, les frontières - dont Régis Debray faisait il y a peu l'éloge -, une abdication qui permet l'intensification de tous les trafics, celui des armes comme les autres, alors que l'UE sous direction allemande créait dans les Balkans les Etats mafieux du Kosovo, d'ARYM, du Monténégro, de Bosnie-Herzégovine, inépuisable réserve d'armes pour la criminalité quelle qu'elle soit.

La France où Sarkozy, comme ses prédécesseurs et successeurs, n'a cessé de déconstruire l'Education nationale et notamment l'enseignement de l'histoire nationale, celle des représentations qui permettent de s'identifier à un passé commun, de se reconnaître membres d'une même communauté solidaire et de se projeter ensemble dans le futur - au profit d'une doxa eurolâtre, libérale et individualiste qui substitue au sentiment d'appartenance la guerre de tous contre tous, la concurrence.

La France où Sarkozy, comme ses prédécesseurs et successeurs, n'a cessé, sous prétexte d'Europe, de discipline budgétaire et autres fadaises, de faire reculer l'Etat qui défend l'intérêt général, qui protège, qui permet le sentiment d'appartenance, face aux intérêts privés et aux barbaries économiques et sociales.

La France que Sarkozy et son successeur ont entraîné dans une sanglante impasse au Proche-Orient et, au Proche-Orient comme ailleurs, dans une incroyable succession d'erreurs stratégiques et tactiques - à commencer par l'alignement sur la position absurde des Etats-Unis à l'égard de la Russie, qui est (la Russie, pas le régime russe : on ne fait pas de politique étrangère avec des régimes mais avec des Etats) notre alliée naturelle.

Oui, il y a incontestablement des conséquences à tirer des événements tragiques de la nuit dernière : le licenciement collectif de la caste politique faillie dont les gugusses interchangeables se sont succédé au pouvoir depuis trente ans pour bâtir l'impasse sanglante et l'impasse politique dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui. Car il y a des responsabilités politiques écrasantes aux événements tragiques d'hier soir.

Ainsi, pendant ce temps, où l'on nous appelle à l'union nationale, Fabius et Sapin vont chez Erdogan - qui blanchit le pétrole de contrebande de Daesh et sans l'aide de qui Daesh ne serait pas, ne serait plus. Et pendant ce temps-là le club de football de Paris est présidé par un ressortissant du Qatar, financier historique du djhadisme qui se paye régulièrement les complaisants services d'un certain Sarkozy, et pendant ce temps-là Merkel va discuter avec le même Erdogan, au nom de l'Europe et sans mandat, la libre circulation des citoyens turcs en Europe, et pendant ce temps-là Hollande et consort vont lécher les babouches saoudiennes pour que la métropole mondiale et historique de l'intégrisme islamique nous achète des armes tout en entretenant mosquées et prédicateurs extrémistes sur notre territoire...

Je veux bien adhérer à une "union nationale"... mais mon adhésion requiert, voyez-vous, un minimum de cohérence.

Quant au sens profond de ce à quoi nous sommes en train d'assister, c'est peut-être aussi à un événement du type de Tchernobyl qui révéla en son temps l'obsolescence de l'URSS et accéléra sa chute. Ces attentats, après la crise grecque, à mi-chemin du coup d'Etat européen au Portugal, alors que le gouvernement polonais vient de remettre en cause, en raison des attentats, les quotas de migrants, que Merkel perd le pédales en allant lécher les bottes d'Erdogan tout en se faisant flinguer par la CSU et Schäuble qui veut prendre sa place, sans parler de l'état politique de la France... c'est la manifestation que Schengen, l'euro et toute l'Union européenne sont totalement obsolètes, qu'ils nous paralysent en tout et pour tout devant les défis à relever... Je crois que tout cet édifice est au bord de l'effondrement, comme l'URSS au moment de Tchernobyl.

Tristesse, deuil, colère

Tristesse, deuil, colère.

Juste deux réflexions : la radicalisation qui produit le terrorisme s'enracine en France dans les politiques du franc fort, des critères de convergence puis de l'euro qui depuis trente ans ont ruiné le tissu économique français, approfondi les inégalités de répartition de la richesse et privé de toute perspective d'avenir des populations de plus en plus nombreuses.

Schengen a signifié, depuis des années, le renoncement à contrôler les trafics d'armes et de n'importe quoi d'ailleurs, en raison de la porosité des frontières extérieures de l'espace et de la fabrication, dans les Balkans, d'Etats mafieux - Kosovo (rappelons que les services secrets allemands... qui écoutent le ministre des Affaires étrangères français ont aussi formé, protégé et armé l'UCK), Monténégro, Bosnie, ARYM, - qui sont des réserves inépuisables pour ce trafic d'armes. L'abandon du contrôle de la frontière (frontière dont Debray a récemment fait le juste éloge) est, pour la lutte contre le terrorisme comme pour la lutte contre toutes les criminalités organisées, une catastrophe.

Là aussi il faut en finir avec ce qu'il est convenu d'appeler l'Europe. Et le plus tôt sera le mieux.

Et puis encore, rentrant de Romans où je donnais hier soir une conférence sur les migrations en Grèce de Byzance à nos jours, je suis arrivé gare de Lyon à 13h55 et 5 min après, à la station Saint-Paul, une annonce passait en boucle avertissant que les trains ne s'arrêtaient plus Gare de Lyon pour des raisons de sécurité... J'ai pensé : si ça se trouve, un mec à tiré dans le tas et je suis passé à travers à 5 minutes près.

Ce soir, ce pressentiment me trouble...

Enfin, hier, en Grèce, était journée de grève générale - une grève à laquelle appelait même Syriza... contre la politique de Syriza. En politique, la schizophrénie se termine rarement bien. En tête de la délégation d'Union populaire Zoï Konstantopoulou avait chaussé des bottes... de 7 lieues ! La veille, elle avait donné donné à Bastamag un entretien qui vaut le détour. Où l'on trouvera notamment cette analyse - que j'avançais dès les lendemains de la capitulation de Tsipras : "Quant à l'intention réelle qui se trouvait derrière la proclamation du référendum, c'est une question très intéressante. Je peux vous dire que mon but en tant que présidente du Parlement, c'était de protéger la démocratie et de rejeter ce chantage. Le but déclaré du gouvernement, c'était de gagner le référendum. Mais durant la semaine de campagne, il y a eu des interventions de la part de membres du gouvernement qui étaient tout à fait contraires à ce but et qui n'allaient pas dans le sens de protéger la procédure. Par exemple, des déclarations de M. Dragasákis, le mardi 30 juin, disant que le référendum serait annulé. En tant que présidente du Parlement, j'ai clarifié publiquement qu'il n'y avait aucune manière de retirer un référendum décidé par le Parlement. Tsípras a aussi fait des interventions qui allaient dans le sens de gagner. Ma conclusion est que Tsípras ne pensait pas qu'il allait gagner. Je pense qu'il avait perdu le sens de la société, et c'est pourquoi il avait l'air aussi surpris par l'ampleur de la manifestation pour le « non », le 3 juillet — la plus grande organisée à Athènes depuis quarante ans."

Quant à la grève contre le mémorandum Tsipras, pire que les mémoranda Papandréou et Samaras réunis, qui a mis le peuple grec dans la main de fer sans gant de velours des maître chanteurs européens, j'en suis bien sûr solidaire, moi le gaulliste de gauche (si si, ça existe... pas qu'au zoo !), qui le reste et qui le suis même chaque jour davantage, parce que la nation est émancipatrice, parce que c'est dans le cadre national que s'est construite la démocratie et que les systèmes d'identification permettent qu'elle fonctionne, parce que c'est seulement dans le cadre national qu'elle peut se réinventer, et se radicaliser, aujourd'hui, face aux attaques de l'oligarchie qui a voulu le cadre européen pour démonter tout ensemble la nation, la démocratie et l'Etat social, parce que si l'on ne reconquiert pas la souveraineté populaire ou nationale (c'est la même chose) par la gauche, afin de changer de politique vraiment et de reconquérir les leviers d'action sur le réel (monnaie, écluses douanières, nationalisation sans indemnité des banques, redistribution des richesses...), l'extrême droite continuera de la monopoliser et de progresser - inexorablement. Quels que soient les discours moraux, les petites fusions entre faux ennemis et autres magouillages des défenseurs de l'oligarchie.

Enfin, en ce jour sombre, une nouvelle m'a réjoui : en pleine crise qui s'approfondit, il semble qu'en Finlande, dont le gouvernement a été l'un des plus durs avec la Grèce, la question soit désormais posée et largement débattue d'une sortie de l'euro afin de pouvoir récupérer la possibilité de dévaluer la monnaie et relancer ainsi l'économie.

Entre cette excellente nouvelle et celle que le Premier ministre portugais de droite, si furieux d'avoir été censuré par la majorité de gauche qu'il entend changer la Constitution - tant il est vrai que la démocratie de coup d'Etat permanent façon Union européenne, la Constitution, l'Etat de droit qui figurent parmi ses principes intangibles de l'UE, on s'assoit allègrement dessus si jamais les oligarques tenants de TINA sont menacés de devoir quitter le pouvoir qu'ils considèrent leur (en France après un référendum, en Grèce, au Portugal...) - on se dit que cette Europe branle dans le manche de tous les côtés.

mercredi 4 novembre 2015

Réflexions sur l'absence de politique étrangère française...

Nous avons encore une diplomatie, parce que nous avons encore des diplomates. C'est la force d'un Etat millénaire comme la France : les serviteurs de l'Etat continuent à servir même quand l'Etat s'affaisse et n'est plus dirigé. Mais nous n'avons plus de politique étrangère. Le hollando-socialisme expéditionnaire est l'héritier de celui de Guy Mollet, comme le sarkozysme expéditionnaire est l'héritier d'une droite expéditionnaire à la Joseph Laniel - dont Mauriac dénonçait la "dictature à la tête de boeuf" ajoutant qu'il y avait "du lingot dans cet homme-là".

Paraît ces jours-ci le livre d'un plumitif du Monde sur la transformation d'Hollande, l'inoffensif radical-cassoulet, en Bush qui déclare la "guerre au terrorisme", ou en impitoyable Poutine qui donne l'ordre de "buter les terroristes jusque dans les chiottes", dans lequel on trouve, paraît-il, un jugement accablant d'Hubert Védrine sur ce qui nous sert de chef de l'Etat depuis déjà trop longtemps : "François Hollande n'a ni corps de doctrine, ni vision, ni système d'anticipation qui lui permet de détecter les alertes. Comme Monsieur Jourdain, il fait du néoconservatisme sans le savoir".

En réalité, le problème dépasse largement la personnalité d'Hollande : sous les haillons d'une Ve République retaillés à la taille de la médiocrité éclatante d'une "classe politique" qui n'a plus pour seule ambition que de persévérer dans l'être et les prébendes, nous en sommes revenus à la IVe, instabilité ministérielle en moins. En politique étrangère, comme alors, nous sommes alignés, sur les Etats-Unis, sur Israël... et en plus sur l'Allemagne. Mais peu importe, au fond, sur qui on s'aligne, pourvu que l'on soit aligné. Ca rassure. Parfois même, comme du temps de Mollet ou de Laniel, nous sommes plus durs que ceux sur qui nous sommes alignés dans les absurdités criminelles sur lesquelles nous nous alignons, afin de donner l'illusion que nous existons encore, que nous avons des marges de manoeuvre.

La philosophie qui sous-tend cet alignement est celle du renoncement à exister par soi-même - dans l'UE, dans l'OTAN, dans l'OMC, peu importe pourvu qu'on soit dans quelque chose -, du renoncement à vouloir, du renoncement à se donner les moyens d'obtenir ce qu'on veut. Il ne s'agit nullement de l'effet inévitable du ravalement - dont Giscard fut le premier chantre voici quarante ans - au rang de puissance moyenne que sa taille condamne à subir. Il ne s'agit pas d'une fatalité, de contraintes tombées du ciel devant lesquelles un dieu méchant nous forcerait à plier, que nous le voulions ou pas. Il s'agit d'affaissement de la volonté, d'esprit de soumission, il s'agit, derrière les condamnations de façade de Vichy et les fallacieuses célébrations de la Résistance, du triomphe (que j'espère provisoire) de Pétain et Laval sur de Gaulle.

La suite ininterrompue de ministres des Affaires calamiteux ou franchement ridicules - ou les deux - depuis maintenant plus de dix ans - Barnier, Douste-Blazy, Kouchner, Alliot-Marie, Juppé, Fabius - en dit long sur ce que le grand historien des relations internationales Jean-Baptiste Duroselle montrait, à propos de la IIIe République finissante et de Vichy, dans deux livres magistraux intitulés ''La Décadence (1932-1939'' et ''L'Abîme (1939-1944)'' ; auxquels feront échos l'excellent livre de l'un de ses plis brillants héritiers intellectuels, Maurice Vaïsse avec son ''La Grandeur. Politique étrangère du général de Gaulle''. Or, en réalité, le ressort aujourd'hui est le même.

Je me souviens, dans les années 1980, lorsque je suis devenu directeur des Etudes et recherches de l'Institut Charles de Gaulle, d'une discussion que j'avais eue, entre la gare de Besançon et les Salines royale d'Arc-et-Senans où se tenait un colloque sur la création de la force française dissuasion nucléaire française dont j'assurai ensuite la publication des actes, avec Etienne Burin-des-Roziers, Français libre, grand diplomate, homme d'une immense culture, esprit vif, ouvert à tout et curieux de tout, qui fut secrétaire général de l'Elysée, ambassadeur à Rome puis représentant de la France près les Communautés européennes. Et dans cette voiture, il me définissait la différence entre la politique étrangère de De Gaulle et les diplomaties qui l'ont précédée et suivie comme l'opposition entre une politique des mains et de la parole libres face à une diplomatie d'influence.

La politique étrangère gaullienne suppose une vision du monde - la nation, seul cadre dans lequel a pu se développer la démocratie, est et restera le cadre des relations internationales -, une doctrine, le refus de se laisser entraîner dans des alliances non fondées sur l'égalité des partenaires et contraignant la France à faire des choix qui ne sont pas conformes à ses intérêts ou qui l'entraînent dans des conflits qui ne sont pas les siens - dans l'OTAN comme dans ce qu'il est convenu d'appeler l'Europe, aujourd'hui contre la Russie. Elle suppose des moyens - un réseau diplomatique qui permette de s'informer, de parler et d'agir, un appareil dont, sous prétexte d'Europe, la liquidation est désormais bien entamée, ce qui nous rend à terme sourds, aveugles et muets. Elle suppose une volonté de dire et d'agir de manière indépendante. Elle n'exclut pas, évidemment, les coopérations sur la base d'avantages mutuels et équilibrés, ni l'alliance sur des bases claires et qui ne doivent jamais aliéner la capacité ultérieure, la nôtre ou celle des générations futures, de revenir en arrière (la nation est un trésor que nous avons en dépôt, il nous dépasse et ne nous appartient pas ; la souveraineté populaire en quoi elle s'incarne est inaliénable) sur des choix légitimes à un moment, dans des circonstances données, et qui ne le sont plus dans d'autres circonstances (je pense, on l'aura compris, à "l'amitié franco-allemande" ou à la "construction européenne", deux vaches sacrées qui n'ont plus aucun sens et dont la seule utilité est de justifier la soumission volontaire au néo-impérialisme allemand).

La diplomatie d'influence est la croyance qu'il n'y a pas de salut hors des structures qui vous évitent d'avoir à assumer votre destin et de décider. Elle vous conduit à chercher à vous noyer dans des superstructures - OTAN, UE, OMC, demain TAFTA -, qui donnent à nos dirigeants, lesquels ont construit par là leur impuissance qui discrédite aujourd'hui jusqu'à la démocratie elle-même, le confort de n'avoir plus à décider (la soumission et la veulerie qui la sous-tend, sont aussi un confort, parce qu'il sont le renoncement au courage qu'il y a à vouloir exister). Elle vous conduit à chercher la reconnaissance du maître, à avoir comme ambition de devenir son meilleur esclave, à devancer les désirs que vous lui supposez (Sarkozy en Libye ou Hollande en Syrie), en espérant parvenir ainsi à l'influencer, à obtenir de lui quelques gratifications, à infléchir ses décisions. C'est une illusion ravageuse qui est un perpétuel renoncement, sans jamais parvenir à rien infléchir ni à obtenir la moindre gratification : on n'écoute ni ne gratifie un larbin, le larbin ne récolte jamais que du mépris et des humiliations (Hollande lâché par Obama dans son projet de bombardement en Syrie). C'est l'illusion qui a conduit Chirac puis Sarkozy à réintégrer la France dans l'appareil militaire de l'OTAN, c'est l'illusion qui a conduit depuis quarante ans notre classe politique à sacrifier au culte de l'Europe, à liquider progressivement notre réseau diplomatique et à anéantir la voix de la France dans une diplomatie européenne qui n'est jamais qu'un plus petit commun dénominateur entre des Etats qui n'ont jamais, ni les mêmes intérêts ni les mêmes conceptions, c'est-à-dire une somme d'impuissances. C'est l'illusion des responsables de la IIIe République face à l'Angleterre, de ceux de la IVe face aux Etats-Unis, de Vichy face au IIIe Reich, c'est l'illusion atlantiste, c'est l'illusion euro-fédéraliste, c'est l'illusion qui a conduit Tsipras à capituler le 13 juillet.

Pompidou a ouvert le sas de ce retour vers le futur mais - avec Jobert -, sans oser le refermer. Giscard l'a théorisé. Mitterrand, comme en toutes choses, a louvoyé entre les deux conceptions, croyant que louvoyer c'est gouverner. Chirac, comme en toutes choses, a navigué à vue, sans conviction, en croyant qu'éviter les problèmes c'est les régler, en disant et faisant une chose et son contraire - sauvant parfois, malgré tout, les apparences, grâce à Védrine ou Villepin qui furent nos deux derniers ministres des Affaires étrangères.

Le sarkhollandime expéditionnaire n'est que l'aboutissement provisoire de ce processus : il est bien plus facile de se lancer dans une guerre que de réfléchir, de définir une politique étrangère et de se donner les moyens de la conduire, plus facile de lancer des bombardements que de chercher une solution politique. Mais il est aussi très difficile de sortir d'une guerre lorsqu'en y entrant on n'a déterminé ni ses buts, ni quand, ni comment on en sortira. La transformation du Kosovo en Etat mafieux, les chaos irakien et libyen sont pourtant là pour nous faire réfléchir.

Le sarkhollandisme expéditionnaire n'est plus que l'expression tragique et désastreuse, le substitut violent et erratique, aux conséquences généralement calamiteuses, d'une diplomatie à la godille, sans doctrine ni vision, nécessaire pour prouver qu'on existe encore alors qu'on a renoncé à exister.

lundi 2 novembre 2015

Chapeau les cadors du PS !

Donc, si je comprends bien, la dernière tartufferie en cours : après trois ans de pouvoir, le ministre du Budget "découvre" qu'une mesure votée cinq ou six ans plus tôt fait payer, un mois avant des élections, des impôts locaux à des vieux, veufs et pauvres. Alors que, depuis le début de la législature, les députés du Front de gauche ont proposé, à chaque loi de finance, l'abrogation des dispositions qui aboutissent à cette situation... et que le gouvernement prend position contre... et que la majorité socialiste repousse cet amendement.

Et le ministre de demander - sérieusement - à des citoyens de violer la loi, en ne payant pas l'impôt inscrit dans la loi de finances votée par le Parlement... Ubu ministre.

Mais ces types qui sont ministres, ils sont payés pour gouverner ou pour regarder passer le chien crevé au fil de l'eau ? Bizarre, moi on m'avait enseigner que "gouverner c'est prévoir". Mais alors là on atteint des altitudes stratosphériques : non seulement ils ne prévoient pas l'avenir, mais en plus ils ne sont même pas foutus de prévoir... le passé.

Tout cela pourrait être drôle si ce n'était pathétique. Stupéfiant de cynisme et d'amateurisme. Accablant sur le niveau d'une classe politique qui n'est même plus médiocre.

Pendant ce temps-là, Kaspar Panzer organise une visite, sans casque et sans Vespa, chez la nouvelle Julie Gayet. Un truc assez crapoteux pour faire croire qu'on est proche du populo... mais en prenant soin que le populo dise ce qu'on veut qu'il dise. Le drôle c'est que les incompétents et les cyniques qui ont montée cette affaire honteuse se retrouvent pris à leur propre piège : l'arroseur arrosé.

Reste la victoire du sultan... On a beau dire, une petite bombe par ci et une grosse par là, quelques descentes de police dans les journaux, des bons matraquages et quelques arrestations arbitraires - et quelques meurtres aussi -, une chancelière qui vient vous lécher les bottes et le silence complice des Européens, plus quelques pannes d'électricité au moment du dépouillement afin de bien bourrer les urnes, ça aide !

Le sultan va donc pouvoir continuer à casser du Kurde, à inonder la Grèce de réfugiés pour tenter d'obtenir la libre circulation des Turcs dans l'UE sans visa, et à revendre aux Occidentaux le pétrole de contrebande qu'il blanchit et qui finance Daesh...

Comme disait maître Pangloss : tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.