Mais les pollens me sont hostiles et m'empêchent de faire, avec une tête comme une bassine, tout ce que j'ai à faire...

Bon bref, j'arrête de geindre.

De quoi parler ?... du Vatican qui a sombré, pour Pâques, dans un mélange d'ignoble et de ridicule ? Plutôt que de réfléchir aux causes profondes d'un phénomène aussi ancien, aussi général, on préfère discuter... du sexe des anges, en l'occurrence de subtiles et assez nauséabonds distingos entre pédo et éphébophilie, on envoie un vieux cardinal proclamer le soutien de l'épiscopat... à un vieux pape, puis un salopard en sandales amalgamer, dans la plus pure tradition soviéto-fasciste, la légitime exaspération de la société et l'antisémitisme.

Ca sent décidément très fort le rance, le malsain.

Une copine m'a dit qu'on appelait cela le point de Godwin, concept intéressant qui consiste, dès que l'on est à court d'argument, à discréditer son interlocuteur en l'accusant d'être antisémite - tactique largement utilisée naguère par les stal, avec l'agent de l'impérialisme en place de l'antisémite.

Ca sent décidément très très fort l'impuissance à penser, le sauve-qui-peut - les soutanes et... les enfants d'abord !

Encore est-il bon de rappeler que la Vatican est la dernière monarchie absolue de droit divin en Europe, que son dogme et sa pratique - Une Vérité, Un Livre, Un Chef - ont fourni la matrice de tous les totalitarismes modernes, dont une des caractéristiques est le déni des réalités - totalitarisme, ai-je besoin de le rappeler, dans lequel a été formé Benoît treize et trois, avec lequel Pie XII, que Benoît va canoniser, a entretenu des rapports cordiaux, à l'égard duquel les Eglises allemande et autrichienne, singulièrement l'autrichienne et la bavaroise dont Benoît est issu, ont manifesté des sentiments rien moins que critiques... ce qui donne, à l'évocation de l'antisémitisme par le prédicateur d'un pape qui a réintégré dans l'Eglise, sans condition, des évêques ouvertement négationnistes, une saveur étrange... Cohérence, quand tu nous tiens !

Mais à vrai dire, le Vatican d'aujourd'hui m'évoque surtout le Kremlin des années Brejnev-Tchernienko...

Heureusement, on y songe malgré tout à une profonde réforme liturgique !

De quoi parler ? de notre Caligula national qui ne peut s'empêcher, à l'université Columbia, de sortir pour la énième fois, sa vanne éculée sur les relations franco-italiennes - "n'est-ce pas Carla ? - pendant que son papa se pavane avec ses croûtes dans tous les médias... faute d'avoir pu caser son analphabète de fiston à l'EPAD, qui fait rire toute l'Amérique en apportant avec lui son pupitre surélevé pour la conf de presse à la Maison blanche ? Népotisme, obscénité, absence de tout scrupule et de contrôle de soi, resteront les fondamentaux de ce quinquennat.

L'élection de ce type, qui n'est, si manifestement, pas à la... hauteur de sa fonction (sa taille n'est évidemment pas un problème et ce n'est que son égotisme qui le fait tel et nous donne le devoir de le moquer) pose, au vieux gaulliste que je reste, une question de fond. L'élection du président au suffrage universel et le quinquennat sec ont exacerbé tous les inconvénients de la Ve République, jusqu'à dénaturer ses plus éminentes qualités. Aujourd'hui, je pense qu'il faudrait enfin normaliser la vie politique française, faire du chef du Gouvernement, chef de la majorité parlementaire, le véritable chef de l'Exécutif.

Il est évident qu'en Allemagne, en Angleterre, en... Grèce ou dans n'importe quel autre pays démocratique, un responsable de l'Exécutif qui aurait provoqué, en grande partie par son incontinence du moi et ses inconséquences, puis subi pareille déculottée électorale aurait été soit remplacé par un vote interne à sa majorité (Thatcher dans la crise de la Pol Tax), soit contraint d'organiser à court terme des législatives (Karamanlis récemment). Dans un régime présidentiel à l'américaine, il aurait à composer avec une opposition qui aurait gagné les élections de mi-mandat. Dans le nôtre, l'échec sur tous les plans (sécurité, finances publiques, économie, chômage, appauvrissement des classes moyennes, santé, éducation, etc.), doublé d'une magistrale dérouillée administrée par le peuple souverain... n'a aucune conséquence.

Circulez, y'a rien à voir ! mais il s'agit là d'un déni de démocratie, aussi grave que celui qui consiste à s'asseoir sur le non du peuple au traité européen pour faire passer son copié-collé par la voie parlementaire, avec la complicité d'élus, que leur mépris du peuple souverain rend si peu dignes de l'être et qui finissent par dégoûter ce peuple même d'aller voter.

J'aurais pu aussi parler des jeux en ligne que ces parlementaires ont éprouvé l'urgente nécessité de légaliser, qui vont faire beaucoup pour le surendettement des pauvres qu'on feint de vouloir combattre (sans toucher à l'ahurissante irresponsabilité criminelle des officines de crédit), et pour l'enrichissement d'amis de Caligula qui ont des yachts à prêter ; j'aurais pu parler de l'alarmante dégradation des libertés publiques et de l'inquiétant arbitraire policier qui font mettre en garde à vue et prélever l'ADN de gamines, par une maman commissaire outrée qu'on ait adressé des noms d'oiseau à sa fifille, ou de Mme Dati, qui fut sans doute, depuis Vichy et avant l'actuelle, le ministre de la Justice le plus mauvais et le plus liberticide, qui était aussi symbolique de ce système dans lequel le souverain élève et abaisse selon son seul bon vouloir, l'élévation comme l'abaissement ne devant rien à la compétence ni au suffrage universel, tout à sa bonne mine médiatique et à la faveur du prince.

Mme Dati avait traficoté ses diplômes, cela n'empêcha pas notre souverain d'en faire la Garde des Sceaux de la République - Caligula avait bien fait son cheval consul ; Mme Dati aurait accrédité des rumeurs sur la vie sexuelle du couple présidentiel, on parle de complot (c'est certain désormais : le ridicule ne tue pas plus à l'Elysée qu'au Vatican !), on mobilise les services secrets, on saisit la justice qui n'a rien de plus urgent à faire qu'à sévir contre ceux qui insinuent que le souverain, dont on sait combien il a toujours pris soin de distinguer sa vie privée de sa vie publique, n'aurait pas des moeurs parfaitement conformes à ses déclarations morales de Saint-Jean-de-Latran...

La Roche tarpéienne, n'est pas loin du Capitole, avaient coutume de dire les sujets de Caligula (le modèle du nôtre ; quatre ans de règne... si seulement !) : Mme Dati finira-t-elle au même croc de boucher que M. de Villepin ? Il ne fait pas bon, manifestement, s'approcher trop près du soleil.