Est-il anathème de penser qu'on nage en plein délire médiatique à propos de la mort (triste, forcément, pour les siens et pour ses admirateurs) d'un chanteur qui vous a toujours laissé indifférent quand vous ne pensiez pas qu'il braillait des textes sans intérêt ?...

On a décidément les tragédies nationales qu'on peut !

Est-on hérétique et relaps quand on trouve parfaitement ridicule et déplacé d'évoquer la possibilité "d'obsèques nationales" pour ledit chanteur et de suggérer un parallèle entre la mort de Victor Hugo, auteur, entre autres, des Misérables, de "L'enfant grec", de lettres de soutien aux Mexicains révoltés contre l'impérialisme ou aux insurgés crétois contre la domination ottomane (oeuvres mondialement connues et prises de position qui sauvèrent l'honneur de la France), exilé par opposition à un régime autoritaire, et ce chanteur qui interprétait (peut-être avec talent, pas pour moi, mais bon, des goûts et des couleurs on ne discute pas et je ne discuterai pas plus du goût de ceux qui l'admirent qu'on a à discuter du mien...) des textes écrits par d'autres et sans contenu particulièrement notable, qui a montré un talent certain à s'adapter aux modes successives, et exilé pour payer moins d'impôts ?

Car ce "héros national", dixit le Génie des alpages qui nous sert de président de la République, a passé sa vie à tenter de payer moins d'impôt dans le pays qui lui a tout donné, y compris en le quittant pour aller sous des cieux fiscaux plus cléments. Pour revenir se faire soigner dans un système de santé auquel manquent les impôts qu'il n'a pas payés, et mourir dans un pays dont les contribuables payent les forces de l'ordre assurant la tranquillité de sa maison comme la sécurité de la mascarade "nationale" qu'on nous prépare.

En tout cas, la chose est pleine d'espoir pour tous les gens qui vont mettre leur oseille à l'abri de l'horrible fisc français ! Une belle leçon de vie et de citoyenneté...

On a décidément les héros nationaux qu'on peut qu'on peut !

Je crains donc d'être anathème, hérétique et relaps. Vous me direz que, pendant ce temps-là, les rapports sur le SMIC et autres joyeusetés européennes passent au second plan, ce qui est toujours ça de pris.

Je crains surtout d'être de moins en moins de ce temps...

PS : où l'on apprend, non sans un irrépressible éclat de rire intérieur - intérieur, car il n'est pas bien de rire en pareilles circonstances - que le héros national des exilés fiscaux sera inhumé... dans le paradis fiscal french touch de saint-Bart ! En présence des Balkany ?

Yeah !!!

La pantalonnade commence à prendre un tour assez hallucinant. Finalement, tout cela sera peut-être le dernier happening, pathétique, de cette calamiteuse génération de rebelles en carton pâte passée de la fascination pour l'Amérique à mai 68, et de mai 68 à l'Europe néolibérale en passant par Mitterrand et Johnny, pour aboutir à Macron.