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jeudi 30 novembre 2017

Des Racines et des ailes... Une Grèce sur papier glacé

Vu "Des Racines et des ailes"... Une belle Grèce... sans problème. De belles cartes postales, bien léchées, avec seulement des gens qui vont bien.

Plutôt pas mal même dans l'ensemble ; bien que certaines séquences aient été plutôt bâclées, d'autres étaient bien traitées et intéressantes. Bien que, surtout, les réflexions "malgré la crise", "ici la crise n'existe pas", etc. m'aient profondément énervé ! comme la séquence sur les maisons de richards à Paros et Syros...

"La crise" euphémisée, escamotée, et finalement totalement absente des paysages comme des vies, de tous les reportages. Pas une image, pas une personne mise en scène qui dise une quelconque difficulté à vivre, un quelconque bouleversement, déclassement. Rien sur la privatisation du littoral, les saccages écologiques, les instituts de recherche privés de crédit...

La crise, la crise, dira le téléspectateur lambda, finalement ils nous ont fait ch... avec leur crise grecque, mais ils ne s'en sortent pas si mal, ces gens qui sont toujours à se plaindre !

Je comprends bien que ce n'était pas une émission sur la crise, mais enfin... Peut-être, tout de même, malgré tout, entre deux cartes postales bien léchées, un archéologue du virtuel reconstituant des métopes de la tholos de Delphes (aucun intérêt d'aucune sorte !) et des architectes pour armateur, y avait-il néanmoins possibilité de montrer que tout ne va pas pour le mieux dans une Grèce idéale de boulanger émerveillé par l'Acropole à l'aube et qui ne connaît pas la crise, de restaurateurs heureux, de défenseurs de la nature qui ont apparemment tous les crédits nécessaires pour faire leur job, de Français qui distillent de l'huile essentielle...

En ce qui me concerne, si on m'avait demandé, j'aurais pu faire quelques suggestions : des musées fermés faute de crédit, la surveillance des volcans que doivent assurer des universités étrangères, des îliens qui ne peuvent plus prendre le bateau parce que la suppression des subventions les ont rendus trop chers, des quartiers entiers d'Athènes entiers d'où sont chassés les Grecs...

lundi 13 novembre 2017

Spoliation à la grecque

Excellent article, paru dans Libération, que nous devons à la plume de Fabien Perrier dont j'ai parlé l'autre jourà propos d'un papier sur lémigration... non sans le critiquer pour un silence. Eh bien cette fois, cette article, remarquable, ne mérite aucune réserve.

L'un des aspects majeurs de la politique européenne en Grèce, sur lequel j'insiste régulièrement sur ce blog, est la spoliation généralisée des biens d'un peuple. Cette spoliation généralisée touche les propriétaires privés dont les biens sont confisqués pour raisons fiscales puis bradés, ou qui doivent s'en séparer à n'importe quel prix pour survivre ou se soigner trois ou six mois de plus, au profit d'étrangers-vautours qui rachètent ces mêmes bien à des prix sans rapport avec leur vraie valeur. Ainsi les Grecs sont-il actuellement expropriés de quartiers entiers du centre d'Athènes qui passent dans des mains allemandes, chinoises, françaises... ce "grand remplacement" euro-capitaliste visant à substituer les touristes airnb (tourisme qui ne profite même plus aux Grecs ainsi dépossédés même des recettes que génère l'attrait de leur pays) aux habitants. Et j'ai eu l'occasion déjà d'écrire ici que je voyais également ce processus à l'oeuvre sur "mon" île.

Ainsi le stade ultime de l'européisme est-il la négation, non seulement de l'Etat social, du droit du travail même réduit à ses formes élémentaires ou de la démocratie, mais également de ce droit de propriété que le libéralisme politique du XIXe siècle avait rangé parmi les droits fondamentaux et inaliénables de l'homme.

Mais il ne faut pas oublier que cette spoliation touche aussi la propriété nationale, le bien collectif d'un peuple, comme le montrent les dessous et les conséquences, disséqués par Fabien Perrier, de la cession, à laquelle l'Etat grec a été contraint de procéder par l'UE, des aéroports de province les plus lucratifs et qui sont échus, bien sûr par hasard, à une société allemande. Où l'on apprend notamment que la Banque européenne d'investissement, dans le cadre du Plan Juncker, a prêté les 2/3 de l'argent destiné à aider les Grecs à une société allemande pour lui permettre de spolier les Grecs... une société allemande qui, comme il se doit, planque son pognon dans les paradis fiscaux pour échapper à l'impôt... et exige maintenant de l'Etat grec 70 millions d'euros.

Après ça, on viendra encore critiquer cette belle Union européenne, édifice de paix et de fraternité entre les peuples ! Elle est pas belle l'Europe !