Excellent article, paru dans Libération, que nous devons à la plume de Fabien Perrier dont j'ai parlé l'autre jourà propos d'un papier sur lémigration... non sans le critiquer pour un silence. Eh bien cette fois, cette article, remarquable, ne mérite aucune réserve.

L'un des aspects majeurs de la politique européenne en Grèce, sur lequel j'insiste régulièrement sur ce blog, est la spoliation généralisée des biens d'un peuple. Cette spoliation généralisée touche les propriétaires privés dont les biens sont confisqués pour raisons fiscales puis bradés, ou qui doivent s'en séparer à n'importe quel prix pour survivre ou se soigner trois ou six mois de plus, au profit d'étrangers-vautours qui rachètent ces mêmes bien à des prix sans rapport avec leur vraie valeur. Ainsi les Grecs sont-il actuellement expropriés de quartiers entiers du centre d'Athènes qui passent dans des mains allemandes, chinoises, françaises... ce "grand remplacement" euro-capitaliste visant à substituer les touristes airnb (tourisme qui ne profite même plus aux Grecs ainsi dépossédés même des recettes que génère l'attrait de leur pays) aux habitants. Et j'ai eu l'occasion déjà d'écrire ici que je voyais également ce processus à l'oeuvre sur "mon" île.

Ainsi le stade ultime de l'européisme est-il la négation, non seulement de l'Etat social, du droit du travail même réduit à ses formes élémentaires ou de la démocratie, mais également de ce droit de propriété que le libéralisme politique du XIXe siècle avait rangé parmi les droits fondamentaux et inaliénables de l'homme.

Mais il ne faut pas oublier que cette spoliation touche aussi la propriété nationale, le bien collectif d'un peuple, comme le montrent les dessous et les conséquences, disséqués par Fabien Perrier, de la cession, à laquelle l'Etat grec a été contraint de procéder par l'UE, des aéroports de province les plus lucratifs et qui sont échus, bien sûr par hasard, à une société allemande. Où l'on apprend notamment que la Banque européenne d'investissement, dans le cadre du Plan Juncker, a prêté les 2/3 de l'argent destiné à aider les Grecs à une société allemande pour lui permettre de spolier les Grecs... une société allemande qui, comme il se doit, planque son pognon dans les paradis fiscaux pour échapper à l'impôt... et exige maintenant de l'Etat grec 70 millions d'euros.

Après ça, on viendra encore critiquer cette belle Union européenne, édifice de paix et de fraternité entre les peuples ! Elle est pas belle l'Europe !