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samedi 23 juin 2018

Grèce : quatre impostures et un trompe-l'oeil

Comme je l’ai écrit maintes fois, ici et ailleurs, la prétendue sortie du prétendu plan d’aide européen à la Grèce (qui n’a jamais été qu’un plan d’aide aux banques allemandes et françaises gavées de dette grecque, dont les créances sur la Grèce ont été transformées, par la grâce dudit plan d’aide, en titres sur les contribuables de l’UE) ne pouvait être qu’un chaos ou un trompe-l’œil.

On est désormais certain qu’il s’agira d’un trompe-l’œil ; reste à savoir si on aura aussi le chaos.

Hier soir, la télévision grecque diffusait une cérémonie où Tsipras officiait – cravaté ! la dernière étape de la mue ? – en grand prêtre de la célébration de la fin de la « crise grecque » – dans un entre-soi d’où le peuple était soigneusement tenu à l’écart, et pour cause ! –, une fin qu’aurait prétendument sonnée le récent accord sur la dette avec les ministres de la zone euro.

Et tous les médias français dominants, dont je lis les titres sur mon téléphone mobile, sur mon balcon nisyriote, exultent de joie : la crise grecque est finie, grâce à la purge, au courage de Tsipras, à la croissance qui revient, au tourisme qui explose…

J’ai déjà expliqué – et le FMI ne dit pas autre chose – que la croissance n’est pas de retour. Parler de croissance quand le PIB a repris 1,2 % en 2017 alors qu’il a perdu entre 25 et 30 % durant les années précédentes est une pure imposture. La croissance n’est pas repartie, la situation a simplement, comme ailleurs en Europe, cessé de se dégrader du fait de l’effet retard de la baisse du taux de change de l’euro par rapport au dollar. Une baisse qui est derrière nous. La croissance va donc – nonobstant les prévisions régulièrement démenties par les faits depuis le début de la « crise grecque » – ralentir puis s’évanouir.

Prétendre que ladite croissance peut reposer sur l’explosion du tourisme est une deuxième imposture. J’ai déjà expliqué, ici et ailleurs, qu’un des effets de la « crise grecque » était une spoliation, à une échelle à ma connaissance jamais atteinte en temps de paix, des biens publics et privés des Grecs, qu’il s’agisse des terrains et biens immobiliers que les Grecs sont obligés de brader pour survivre, se faire soigner ou payer des impôts qui, eux, ont atteint, sous la férule de la Germano-Europe, des niveaux aussi absurdes qu’insoutenables, ou qu’il s’agisse des infrastructures, portuaires, aéroportuaires, routières, ferroviaires, bradées à des intérêts étrangers par l’intermédiaire du TAIPED, structure de type colonial de liquidation des biens publics imposée par la Germano-Europe et copiée sur celle créée en Allemagne de l'Est après son Anschluss par l’Allemagne de l'Ouest.

De surcroît, ce qui « explose » en Grèce aujourd’hui ce sont les entrées et non les recettes du tourisme. Car le tourisme qui « explose » est un tourisme all inclusive dont les recettes sont encaissées dans les pays de départ et par des sociétés de tourisme allemandes, suisses, françaises, belges, britanniques… Seule une partie de ces recettes revient en Grèce pour payer les salaires de misère pratiqués dans l’hôtellerie depuis que les mémorandums germano-européens ont liquidé le droit social, et donc le salaire minimum (devenu purement théorique, sans parler des salaires qui ne sont plus versés qu'un mois sur deux, trois ou cinq), ou des prestataires de service pressurés, dans un pays où le chômage est massif et il faut travailler à n’importe quel prix, et souvent à un prix qui ne permet plus de vivre décemment. En revanche, les commerces de proximité profitent fort peu de ce tourisme-là (les estivants à bracelet consomment essentiellement à l’intérieur de leurs hôtels) alors qu’ils sont écrasés par une TVA qui se monte désormais à 24 % et par des impôts qui, au total, atteignent communément 70 % du… chiffre d’affaires !

Prétendre que la situation s’améliore alors que l’exil des jeunes et des diplômés, contraints au chômage ici, s’accélère (c’est la seule cause de la baisse infinitésimale du chômage dont se gargarisent les médias dominants) et vide le pays de ses compétences pour aller enrichir les États-Unis, le Canada, l’Australie, la Suède ou… l’Allemagne, alors que de plus en plus de Grecs sont exclus de l’accès aux soins, que les retraités (qui ont souvent le seul revenu régulier d’une famille) voient leurs pensions coupées encore et encore (une nouvelle coupe vient d'être opérée, une autre est programmée par les dernières mesures, plus de 80, votées récemment par le Parlement grec en échange du versement de la dernière tranche « d’aide »), qu'au moins la moitié de la population vit désormais autour ou sous le seuil de pauvreté, est une troisième et tragique imposture.

Mais à ces trois impostures vient de s’ajouter une quatrième, celle de la conclusion de l’accord sur la dette.

Pourquoi ?

D’abord parce que, avant comme après cet accord, le stock de dette grecque est inchangé : deuxième boulet, avec l’euro, qui empêchera tout redressement de l’économie du pays. La valeur créée par le travail des Grecs, leurs impôts continueront à être affectés en priorité au paiement des intérêts et principaux de cette dette, plutôt qu’à l’investissement et aux services publics, à la formation de fonctionnaires compétents et à leurs salaires (or c’est la faiblesse des salaires de la fonction publique qui est la première responsable de la pratique des enveloppes réclamées aux administrés par des agents auxquels leur salaire ne permet pas de vivre décemment), à la santé, à l’éducation… tous sinistrés depuis bientôt dix ans par les politiques germano-européennes.

Or si la croissance ne repart pas, et elle ne peut pas repartir, le ratio entre le stock de dettes et le flux de création de richesse (PIB) ne peut pas baisser. Et avec un stock de dette de 180 % du PIB, comment la Grèce pourrait-elle « inspirer confiance », se refinancer sur les Marchés, comme cela semble être le seul objectif poursuivi par le gouvernement de « gauche radicale » ?

D’ailleurs, le FMI ne dit rien d’autre ! La dette grecque n’est pas plus soutenable aujourd’hui qu’elle l’était hier. Elle n’est soutenable, dit le FMI après l’accord, que jusqu’en 2030 et ne l’est plus après.

Et c’est là qu’est la quatrième imposture !

On n’a rien réglé, on a repoussé le problème de dix ans. On n’a pas allégé le stock de dettes, on a allongé les délais de remboursement. C’est-à-dire qu’on a alourdi le poids de la dette sur les Grecs et l’économie de leur pays puisque les Grecs devront payer les intérêts sur cette dette durant dix ans de plus. C’est-à-dire qu’on enrichit un peu plus les créanciers, qui ne cessent, au fil des « plans d’aide », de faire leur beurre sur le dos des Grecs. Et c’est-à-dire que l’économie grecque, qui ne peut pas se redresser dans l’euro et avec un pareil stock de dettes, sera incapable de rembourser les prêts arrivant à échéance après 2030, alors que les Grecs auront payé dix ans de plus d’intérêts.

Trompe-l’œil et imposture – doublement puisqu’il semble que le ministre allemand (ô surprise !) se soit opposé avec la dernière énergie même à cette mesure qui ne règle rien. Or ce ministre est en sursis, et il y a peu de probabilités que le suivant soit plus arrangeant !

Trompe-l’œil et imposture puisque, de l’aveu même de la presse de propagande, la Grèce va sortir de la tutelle (en principe ! car quel sera le niveau des taux d’intérêt le 20 août, lorsque la Grèce devra se refinancer sur les Marchés, si le gouvernement Merkel est tombé, si la précaire situation politique de l’Espagne se détériore, si les rapports entre l’Italie et la BCE tournent vinaigre ?) sans en sortir. Le système de « surveillance » des créanciers après cette date est en effet, nous dit cette presse, sans commune mesure avec la manière dont ont été traités Chypre, le Portugal ou l’Irlande. Beaucoup de bruit pour rien, donc.

Reste la question politique. Car après le tintouin sur l’accord avec l’ARYM qui reste suspendu à des ratifications bien problématiques, à Skopje comme à Athènes, ce tintouin sur la dette vous a un petit fumet d’élections anticipées.

En Grèce, les législatives doivent avoir lieu en septembre 2019. Mais au 1er janvier 2019, un train de mesures budgétaires et de coupes tous azimuts doit entrer en vigueur en application des textes votés sous la pression germano-européenne. La situation de centaines de milliers de Grecs va donc une nouvelle fois se détériorer gravement. Or, au printemps 2019, auront lieu à la fois les élections municipales, régionales et européennes. La déroute de l’actuelle majorité risque donc fort de rendre la position du gouvernement intenable. D’autant que l’Assemblée élue en 2015 devra aussi, ce même printemps, élire le président de la République. Mais la majorité qualifiée requise pour cette élection ne peut être atteinte sans le vote de l’opposition et, si cette majorité n’est pas réunie, l’Assemblée est automatiquement dissoute.

En 2014, Syriza avait, par ce moyen, contraint le gouvernement à anticiper l’échéance législative au début 2015. Or, si aujourd’hui les oppositions ont intérêt à une élection législative (elles peuvent la provoquer au printemps 2019 en refusant de voter pour un président de la République), au moment où les nouvelles mesures entrées en vigueur au 1er janvier entraîneront mécaniquement un mécontentement accru des Grecs contre leur gouvernement, l’intérêt de celui-ci est clairement de tenter de sauver les meubles avant le 1er janvier.

En se targuant du succès en trompe-l’œil sur la dette et de l’accord sur l’ARYM, lequel risque de capoter au Parlement grec (l’ANEL, indispensable à la majorité, ne le votera pas) comme en ARYM où le succès au référendum est plus que problématique, Tsipras espère sans doute pouvoir revenir à l’Assemblée avec assez de députés… pour être l’indispensable appoint d’un gouvernement de Grande Coalition à l’allemande ? alors que celui-ci, justement, vit peut-être ses derniers jours. Les rumeurs qui laissent penser à un possible renversement d'alliance ne seraient dans ce cas que le prélude à une manoeuvre de plus grande envergure : en effet si Syriza était lâché par l'ANEL sur la question de l'ARYM, il se dit que Tsipras pourrait chercher et trouver le soutien de Potami, formation fantôme qui n'a jamais existé que pour servir de roue de secours aux partisans de Bruxelles et Berlin, qui n'ayant plus guère d'électeurs a déjà rejoint une énième coalition autour des rescapés du PASOK...

vendredi 15 juin 2018

Parfois la mobilisation paye

Je vous ai alertés ici sur l'ordre d'expulsion, à la fin juin, du Dispensaire solidaire d'Elliniko et vous ai encouragés à lui manifester votre/notre soutien.

Hier, le professeur Vichas a tenu, comme prévu, une conférence de presse et il y a donné une bonne nouvelle.

L'arrêté d'expulsion a en effet été suspendu, grâce à la mobilisation internationale qui s’est manifestée. Giorgos Vichas a ainsi rendu hommage au « mouvement de solidarité sans précédent en Grèce et en Europe », soulignant notamment qu’ à Bruxelles une manifestation a eu lieu devant le siège de l'UE et devant le consulat grec, et qu'au Parlement européen se sont élevées des voix de solidarité principalement portées par la député allemande (Alliance 90/Les Verts) au PE, Rebecca Harms.

Il a également annoncé que, durant cette suspension, le gouvernement s'était (enfin !) décidé à chercher une possibilité de relocalisation pour le dispensaire et engagé à discuter toutes les options avec sa direction pour trouver la meilleure solution et ne pas compromettre la poursuite des soins sans discontinuité.

Je ne vous cacherai pas ma joie devant cette évolution ! Merci à ceux qui, parmi vous, ont manifesté leur soutien au dispensaire.

Au demeurant, hier était peut-être ce que les anciens appelaient un jour faste : le ministre de l'Agriculture italien a annoncé que son pays ne ratifierait pas le traité de libre-échange avec le Canada (CETA), qui est partiellement entré en vigueur bien que les Parlements nationaux ne l'aient pas encore ratifié (encore et toujours la démocratie européenne !!!), la crise qui couve depuis la formation de la GroKO entre CDU et CSU a pris un tour aigu (dont bien sûr, nul média ici ne lève la langue !) menaçant de faire tomber Merkel et... j'ai appris que le tome II de La Grèce et les Balkans va faire l'objet d'un troisième tirage en septembre.

C'est évidemment pour moi une grande joie de voir le succès de ces trois livres qui ne se dément pas et dont les ventes continuent sur un rythme régulier et soutenu.

Ca l'est doublement parce que si j'ai été accompagné dans cette aventure de cinq ans, de manière patiente et bienveillante, par mon éditrice, Martine Allaire, comme par le responsable du secteur sciences humaines de Gallimard, Eric Vigne, je sais qu'ils ont eu, eux, à se battre contre les commerciaux qui n'étaient guère enthousiastes (euphémisme), arguant qu'ils ne pourraient jamais vendre trois tomes sur une région qui n'intéresse personne...



Et c'est rassérénant aussi ! Je veux dire qu'ils se soient trompés et qu'un projet ambitieux puisse encore leur donner tort en trouvant un public toujours plus large.

Cela dit, hier a été - en même temps ! - un jour néfaste pour bien des Grecs...

En effet, la Vouli (Parlement) a adopté par 154 voix contre 144 (2 députés étaient absents) les 88 conditions posées par l'ex-Troïka (en novlangue eurocrate, il faut dire "les institutions" !) après sa 4 ème évaluation des politiques mémorandaires.

Le projet de loi prévoit ainsi de énièmes nouvelles coupes dans les retraites à compter de 2019, la fixation 5686 euros de revenu annuel du seuil pour ne pas payer d'impôts sur ce revenu à compter de 2020, de énièmes et nouvelles coupes dans les dépenses de santé, de énièmes et nouvelles spoliations de biens publics baptisées privatisations pour ne citer que quelques et bien d'autres mesures dites techniques qui vont rendre encore plus difficiles le quotidien d'innombrables Grecs. Vive l'Europe ! c'est la paix... des cimetières.

Enfin, il faut que je vous touche un mot du projet d'accord entre l'ARYM et la Grèce : le nom international de l'Etat serait donc République de Macédoine du nord. Mais je n'ai encore rien vu de précis sur le VRAI problème entre cet Etat et la Grèce : une Constitution dont un certain nombre d'articles sont plus ou moins clairement irrédentistes et donnent à l'ARYM un droit de regard sur les affaires intérieures des Etats voisins dès lors qu'il s'agit du sort de la minorité prétendument macédonienne.

Or hier, Panos Kamménos, ministre de la Défense et chef de l'ANEL, parti sans lequel le gouvernement Tsipras n'a plus de majorité au Parlement - et qui vient de voter les 88 mesures -, ne votera pas l'accord négocié par le ministre des Affaires étrangères de ce gouvernement et approuvé par son Premier ministre. Y aura-t-il encore une majorité en Grèce si les manifestations de masse de janvier-février - alors que la négociation ne faisait que s'ébaucher - reprennent et s'amplifient ?

Dans un article pour Le Vent se lève, intitulé "La question macédonienne peut-elle faire tomber Tsipras ?" (7 février 2018), j'émettais l'hypothèse que Tsipras pourrait avoir choisi cette question pour tomber en divisant la droite et provoquer des élections avant la sortie du prétendu plan d'aide (prévue en août, et qui sera soit impossible, soit chaotique, soit en trompe-l'oeil), ou en tout cas avant que le train de mesures imposées par l'Euro-Germanie, qui entrera en vigueur ou montera en puissance au 1er janvier prochain (voir ci-dessus les 88 mesures votées hier... et que l'ANEL a approuvées), ce qui provoquera sans doute une chute supplémentaire de sa popularité (intentions de vote actuelles de 20% environ contre environ 30 % à la droite).

Dans quel but ? me direz-vous. Revenir avec assez de députés pour être indispensable à un gouvernement dit d'union nationale avec la droite...

Quant à l'autre côté, le président de l'ARYM, issu du parti ultranationaliste VRMO, le plus important du pays et qui a perdu de peu les dernières élections, a déclaré qu'il ne signerait pas l'accord négocié par le Premier ministre social-démocrate, chef d'une coalition hétéroclite d'une quinzaine de formations dont deux partis albanais et qui ne dispose que de quelques voix de majorité au Parlement.

De surcroît, l'accord doit être approuvé par référendum en ARYM au mois de septembre et il est clair que la VRMO va mobiliser à fond pour le faire rejeter ; il est beaucoup moins clair en revanche que les deux partis albanais de la majorité mobilisent sur une question qui ne les concerne que très indirectement et encore moins clair que l'électorat slave se la majorité parlementaire actuelle se rende massivement aux urnes pour voter Oui, alors qu'elle a voté contre la VRMO, aux dernières législatives pour des raisons économiques et sociales (domaine dans lesquels le nouveau gouvernement n'a en rien changé la donne), ou pour stopper la dérive autoritaire de l'ex-Premier ministre Gruevski - alors même que sur les questions du nom et de la Constitution, une large partie de cet électorat partage l'intransigeance de la VRMO et est hostile au compromis négocié par le gouvernement.

Bref, on a connu des accords mieux partis...

Voilà ! Il faut encore que je vous dise que je vais me faire plus rare ici dans les semaines qui viennent. Nous partons en effet pour Nisyros jusqu'au début de juillet. Je vous souhaite à tous un bel été !

Et n'oubliez pas ! Tigrane l'Arménien (ici pour la revue de presse et les articles complets qu'a suscité ce livre lors de sa première parution il y a un an) est de nouveau en librairie depuis le 11 juin, sous sa nouvelle couverture (due à Méliné Ian) dans la collection de poche d'H&O Editions.

samedi 9 juin 2018

Puisqu'on vous dit que ça va mieux en Grèce !!!

Comme toute la Nomenklatura grecque le répète inlassablement: ça va mieux et de mieux en mieux ! Alors que la région gérée par la gauche dite radicale et le gouvernement de la gauche dite radicale laissent expulser le dispensaire solidaire d'Elliniko, la situation sanitaire catastrophique créée par les politiques germano-européennes appliquées servilement pat ladite gauche prétendument radicale continue à se détériorer.

La preuve (via mon ami Constant Kaimakis, du collectif nîmois de solidarité avec le peuple grec) ?

Depuis dix-sept jours, le plus grand hôpital de Grèce, Évanghélismos à Athènes, est en panne d’appareil permettant des coronarographies.

Des dizaines de patients souffrant de myocarde aiguë n’ont pu ainsi faire ces examens et ont été dirigés vers d’autres établissements pour y subir une angioplastie immédiate.

Le directeur du service de cardiologie, M. Elias Sioros alerte: « c’est la deuxième fois en un an que les coronarographies cessent de fonctionne. Cet appareil est vieux de quinze ans et il est de plus en plus difficile de trouver des pièces de rechange ».

L’administration reconnaît le manque d’équipement et rappelle qu’elle a fait des demandes d’acquisition de nouveaux équipement pour un montant de vingt-sept millions d’euros... restée sans suite.

Le personnel , lui, précise qu’il y a un réel manque d’équipements en bon état pour faire des IRM, TDM, mais aussi un manque de respirateurs, moniteurs de surveillance, des microscopes chirurgicaux et autoclaves.

Une autre preuve (toujours via Constant Kaimakis) ???

Quatre des cinq chirurgiens ORL de la clinique sont partis à la retraite en dénonçant l'incapacité à faire fonctionner normalement le service où sept-cents enfants sont en attente d'une intervention chirurgicale.

Le représentant du personnel, D. Konstantopoulos dénonce l'inertie du ministère qui a été alerté sur la situation à maintes reprises depuis trois ans.

Désormais, le service ne fonctionne plus qu'avec un médecin directeur et un auxiliaire qui partira en août. L'attente des petits patients est en outre encore accrue par le manque d'anesthésistes qui doivent également intervenir en ophtalmologie, cardiologie, etc.

Mais l'Europe c'est la paix !

Et rien n'est plus urgent que de faire déblayer le terrain du dispensaire solidaire d'Ellinikon pour faire place au promoteur et à sa réserve de riches !

jeudi 7 juin 2018

Solidarité avec le dispensaire solidaire d'Elliniko !

Suite à mon post d'hier sur l'expulsion du dispensaire solidaire d'Elliniko, j'ai pris contact avec Maritta Corley, avec laquelle je suis en relation depuis que j'envoie les médicaments que me donnent mes étudiants retraités de l'Université interâges de Créteil, afin de savoir si on pouvait les aider.

Sa réponse vient de me parvenir : "Vous pouvez envoyer vos commentaires et opinions à l' adresse mail figurant à la fin du communiqué de presse".

Website: http://www.mkiellinikou.org

Email: mkiellinikou@gmail.com

Et pour ceux qui voudraient s'en inspirer, voici la lettre de soutien que je viens d'écrire (en anglais - ou en grec pour ceux qui peuvent - c'est mieux : et Google existe pour traduire... ce n'est sans doute pas parfait, mais vous mettez le texte français en dessous !):

Chère Maritta,

En mon nom personnel et au nom de tous mes étudiants de l'Université interâges , qui depuis plusieurs années m'apportent les médicaments que je vous envoie régulièrement, je veux vous dire à vous et à tous les bénévoles du dispensaire solidaire toute notre révolte et tout notre soutien dans la scandaleuse situation que vous devez affronter.

J'ai eu la chance de rencontrer le professeur Vichas en 2014, lors d'une rencontre au MUCEM de Marseille, autour de la "crise grecque", à laquelle nous participions tous les deux, et je veux vous dire ici toute mon admiration profonde pour ce qu'ils a créé et que vous, bénévoles vous avez su faire vivre et développer, au service des plus démunis, des plus fragiles, que les politiques allemandes imposées à la Grèce sous prétexte d'Europe, menacent dans leur santé et dans leur vie.

La situation est d'autant plus scandaleuse et insupportable que votre magnifique oeuvre commune de solidarité, d'humanité, est aujourd'hui menacée par une opération immobilière dont le seul but est l'énorme profit de quelques-uns et au bénéfice d'installations immobilières destinées aux plus riches.

Cette situation est d'autant plus scandaleuse et insupportable que ce sont une région et un gouvernement qui se disent de gauche radicale qui couvrent cette opération sans vous offrir aucune solution de substitution.

Avec tout mon soutien renouvelé

Olivier Delorme

mardi 5 juin 2018

Le dispensaire solidaire d'Elliniko en voie de liquidation

Fondé en 2011 par un cardiologue, le docteur Vichas, sur le site de l'ancien aéroport d'Athènes, à Elliniko, le dispensaire solidaire est menacé d'expulsion depuis le 31 mai, par la société qui a obtenu le marché de "l'aménagement du site" : parc de loisirs, un hôtel 5 étoiles des résidences de luxes…

Aucune solution de réinstallation n’est proposée pour ce dispensaire qui a accueilli, depuis sa création, des milliers de patients privés d'accès aux soins du fait des politiques germano-européennes appliquées servilement depuis 2015 par un gouvernement dit de gauche radicale, donné des dizaines de milliers de consultations, fourni des traitements, des soins de dentisterie, etc., alors que l'expulsion est fixée au 30 juin ni par le gouvernement, ni par la région d'Attique, gérée par Syriza depuis les élections régionales du printemps 2014.

L’équipe totalement volontaire qui fait fonctionner ce centre de soins estime que sa disparition entraînera une nouvelle catastrophe sanitaire et sociale. Elle a convoqué une conférence de presse pour le 14 juin.

Je me souviens d'avoir rencontré le docteur Vichas, fondateur de cette "institution solidaire" qui ne reçoit aucun don en argent (voilà 4 ou 5 ans maintenant que j'envoie là les 10 à 15 kilos de médicaments non utilisés que me donnent mes étudiants retraités de l'Université interâges de Créteil) .

C'était à l'automne 2014, à l'occasion de journées consacrées à la "crise grecque" par le MUCEM de Marseille, avec Panagiotis Grigoriou comme conseiller principal des organisateurs et qui nous avait fait intervenir l'un et l'autre, moi après le docteur Vichas. Et je peux vous dire qu'au moment de prendre la parole, j'en avais la gorge nouée : Vichas racontait comment il récupérait des patients non soignés à temps dans un état de plus en plus souvent tragique - notamment des diabétiques qu'il fallait amputer ou d'autres en passe de devenir aveugles - ce qui, d'ailleurs, m'a inspiré un des personnages grecs, dans l'Athènes de la crise, de "Tigrane l'Arménien".

En privé, le docteur Vichas m'avait dit aussi tout le désintérêt des gens de Syriza - dont la victoire était annoncée pour des législatives qui devaient intervenir bientôt - pour cette entreprise, et pour le mouvement des hôpitaux solidaires en général. il essayait de le sensibiliser, d'obtenir des engagements ; il se heurtait à un mur. Et Panagiotis me disait la même chose d'acteurs qu'il connaissait de la scène culturelle.

J'avais tant d'espoir, alors, que la victoire annoncée de Syriza allait bouleverser la donne, que j'ai choisi de me dire qu'ils noircissaient forcément le tableau, que des gens de gauche radicale au pouvoir ne pouvaient pas être indifférents à la santé, à la culture, aux gens qui, sur le terrain, donnaient leur temps et l'énergie à réparer un peu des monstrueux dégâts humains du capitalisme dans sa version germano-européenne. Je me suis dit - je sais aujourd'hui que c'était pour me rassurer - que les mains dans le cambouis, tout à leur tâche, des gens comme le docteur Vichas devaient toujours trouver qu'on ne leur apportait pas assez d'attention.

J'avais tort. C'est Panagiotis et le docteur Vichas qui avaient raison.

Et aujourd'hui, c'est le gouvernement dit de gauche radicale qui est en train de liquider cette "institution solidaire" essentielle à la santé et parfois à la survie de nombreux grecs... pour faire place à une juteuse opération immobilière : un parc à riches.

lundi 4 juin 2018

Prévisions de record d'entrées de touristes en Grèce pour 2018

La presse aux ordres commence à se gargariser de perspectives de records battus, pour la prochaine saison, des entrées touristiques en Grèce.

D'abord, il faudrait commencer par arrêter de crier victoire sur des "prévisions" : voilà au moins vingt ans que les prévisions de hausse du PIB sont systématiquement démenties. Voilà des années qu'on annonce un retour à la croissance de la Grèce jamais vérifié. Les 1,2 % de croissance de 2017 sont évidemment une plaisanterie, s'ils ne sont pas le simple résultat d'une manipulation statistique. Ils ne sont dus qu'à des rattrapages conjoncturels après sept ans de déflation continue et une évaporation de 25 à 30 % du PIB, conjugués à l'effet retard d'une baisse du taux de change de l'euro pendant plusieurs mois sous 1,10 dollar. Mais depuis l'asphyxie a repris avec la remontée de l'euro.

Deuxièmement et surtout, l'augmentation du nombre des entrées touristiques en Grèce n'a rien d'une bonne nouvelle. Parce que le tourisme, en Grèce, depuis dix ans, a profondément changé de nature et que cette augmentation du nombre des entrées est surtout due au développement du "all inclusive" forme de tourisme coloniale qui ne profite ni à la Grèce ni aux Grecs.

Le tourisme, comme le reste, a en effet changé de mains en Grèce.

Il ne rapporte plus aux Grecs, qui touchent des salaires de misère, notamment dans l'hôtellerie. Il rapporte aux étrangers qui se sont emparés, à la faveur de politiques imposées par la Germano-Europe, des infrastructures aéroportuaires, et bien souvent hôtelières.

Je ne parle même pas du centre ville d'Athènes où la colonisation par les "investisseurs" étrangers qui rachètent pour rien les biens que les Grecs sont obligés de vendre pour survivre ou qui sont confisqués, avec derrière une généralisation eu Airbnb qui chasse les Grecs vers la périphérie.

De même, la généralisation du "all inclusive" fait que les recettes du tourisme sont délocalisées dans les pays de départ, seule une part minime de ces recettes consacrées aux salaires de misère et aux prestataires de service grecs écrasés par les groupes multinationaux vient en Grèce. En revanche, les touristes "all inclusive" ne font plus fonctionner l'économie locale - bars, restaurants, pâtisseries, puisque, pour l'essentiel ils consomment à l'intérieur de leur établissement et plus au dehors. C'est un tourisme de type colonial.

Ce tourisme détruit l'environnement et les côtes par la monstruosité des infrastructures qu'il nécessite, alors que le tourisme traditionnel en Grèce était souvent de nature familiale et irriguait l'économie locale en apportant un revenu de complément. Ce "nouveau" tourisme qui fait battre des records d'entrée, au contraire, bétonne les espaces et exploite les hommes.

Il contraint aussi l'Etat et les collectivités grecs à assumer un coût croissant de l'accueil de ces touristes : épuisement de ressources rares en eau, pollutions, épuration, traitement des déchets...

Ce record d'entrées ne serait donc nullement une bonne nouvelle ni pour l'économie grecque de plus en plus colonisée, ni pour l'environnement, ni pour la Grèce - assignée par l'Eurogermanie au rôle de bronze-cul de l'Europe - ni encore moins pour les Grecs. Ce record d'entrées n'est donc une bonne nouvelle ni pour l'économie grecque de plus en plus colonisée, ni pour l'environnement, ni pour la Grèce ni encore moins pour les Grecs.