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mercredi 21 octobre 2015

La mémorandum IV est sur le feu...

Le gendre idéal de Merkel croyait peut-être avoir un peu de répit en faisant preuve de la plus extrême servilité à l'égard des tortionnaires du peuple grec.

Romaric Godin nous apprend ce soir qu'il n'en est rien. Transformée en Quartet, la Troïka arrive à Athènes... avec de nouvelles exigences.

Vous avez aimé les mémorandums Papndréou/Papadimos, Samaras, Tsipras 1, vous allez adorer le mémorandum IV-Tsipras 2.

Comme je l'écris depuis le 13 juillet, une capitulation n'est jamais un événement isolé, c'est l'événement inaugural d'un enchaînement sans fin de capitulations. Pourquoi se gêner puisque l'on sait maintenant que Tsipras n'a jamais voulu ne serait-ce qu'envisager de sortir de l'étau, c'est-à-dire de l'euro ?

La trahison rend inévitable les exigences qui conduiront à de nouvelles trahisons... Jusqu'à ???

mardi 20 octobre 2015

Nisyros privée d'eau

Nouvelles de Nisyros, mon île : en raison d'une dette de la commune laissée par la précédente municipalité battue en 2014, l'EDF grec a coupé l'électricité à l'usine de dessalement de l'eau qui alimente beaucoup des îliens en eau. C'est notamment le cas à Mandraki, la capitale qui concentre la plus grande partie de la population, mais aussi dans mon village dont la citerne municipale est ravitaillée en partie par cette usine... et partiellement dans les deux autres villages de l'île. Comme on est en fin de saison estivale, les citernes individuelles remplies par l'eau de l'hiver sont pour la plupart vides et les quelques pluies de l'automne sont loin de les avoir remplies : les Nisyriotes dépendent donc en grande partie des citernes municipale, et donc de l'usine de dessalement, pour leur approvisionnement en eau.

Je pense très fort à eux !

Peut-être une manière de les punir d'avoir été la commune de Grèce à donner le plus fort pourcentage de Non au référendum de juillet...

Ainsi va la vie désormais en Grèce : la Germano-Europe et ses collabos de la gauche dite radicale ont installé le chantage à tous les étages.

Et pendant ce temps-là Valls défend à l'Assemblée la révoltante et lamentable équipée turque de Merkel... au nom de l'amitié franco-allemande bien sûr, ce poncif qui n'a plus aucune sens depuis que les soi-dirigeants français ont choisi de devenir les larbins volontaires des maîtres teutons : on a l'âme d'un collabo ou on ne l'a pas !

lundi 12 octobre 2015

Le nouveau paquet déflationniste bientôt adopté... grâce à la procédure d'urgence

Le gendre idéal de Merkel dans ses oeuvres : plus zélé que Papandréou, plus efficace que Papadimos, plus destructeur pour la démocratie que Samaras !

"Nous serons chaque mot de la Constitution", disait-il. "Nous abolirons les mémorandums" disait-il. "Plus jamais de procédure d'urgence méprisant les droits du Parlement", disait-il. "Plus un sacrifice pour l'euro", disait-il. "Nous rétablirons la dignité du peuple grec", disait-il.

Mais ça c'était avant.

Comme je l'écris depuis le 13 juillet, la capitulation n'est pas un événement unique, c'est le début d'un processus d'enchaînement de capitulations multiples de plus en plus graves.

Voir Vichy.

Je n'ai jamais voulu, jusqu'ici, employer le mot de traître, bien que sa capitulation du 13 juillet fût à coup sûr une trahison de ses engagements et des intérêts fondamentaux du pays, mais chaque jour qui passe rend plus difficile de considérer que tout cela n'est que le résultat d'un fâcheux concours de circonstances ou d'une sidérale incompétence ou d'une "simple" paralysie intellectuelle empêchant de voir la vraie nature, irréformable, de la Germano-Europe.

On a beau se refuser à employer ce mot, parce qu'on a voulu croire (avec combien de doutes en ce qui me concerne, dès avant janvier) à ce qu'il disait incarner, parce qu'on a tant voulu trouver d'arguments et de raisons pour le défendre, entre janvier et juillet, on a beau... vient un moment où il s'impose de lui-même.

mercredi 7 octobre 2015

A la manière de la marquise de Sévigné...

C'est la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus secrète jusqu’aujourd’hui, la plus brillante, la plus digne d’envie : enfin une chose dont on ne trouve qu’un exemple dans nos siècles passés, encore cet exemple n’est - il pas juste ; une chose que l’on ne peut pas croire à Paris (comment la pourrait-on croire à Lyon ?) ; une chose qui fait crier miséricorde à tout le monde ; une chose qui comble de joie Madame Merkel et Madame Lagarde ; une chose enfin qui se fera dimanche, où ceux qui la verront croiront avoir la berlue ; une chose qui se fera dimanche, et qui ne sera peut-être pas faite lundi. Je ne puis me résoudre à la dire ; devinez-la : je vous le donne en trois. Jetez-vous votre langue aux chiens ? Eh bien ! il faut donc vous la dire : ce patron est Pierre Mariani...

Et qui est Pierre Mariani, je vous le donne en quatre, je vous le donne en dix, je vous le donne en cent. C'est le co-responsable de la déconfiture de la banque belgo-française Dexia qui a dû être sauvée à trois reprises par les autorités belges, françaises et luxembourgeoises et qui a coûté au moins 6,6 milliards d'euros au contribuable - à vous et à moi.

Voilà un beau sujet de discourir. Si vous criez, si vous êtes hors de vous-même, si vous dites que nous avons menti, que cela est faux, qu’on se moque de vous, que voilà une belle raillerie, que cela est bien fade à imaginer ; si enfin vous nous dites des injures : nous trouverons que vous avez raison ; nous en avons fait autant que vous.

J'avoue que celle-là m'avait échappé ! Elle m'est révélée par cette passionnante conférence de presse d'Eric Toussaint sur la défunte commission parlementaire grecque d'audit de la dette, que le gendre idéal de Merkel se gardera bien de reconduire. Ce qui permettra à l'un des acteurs les plus troubles de ces derniers années, Iannis Stournaras, gouverneur au FMI, puis ministre des Finances de 2012 à 2014, nommé par Samaras gouverneur de la Banque de Grèce et maintenu à son poste par le gendre idéal de Merkel, de n'avoir pas à s'expliquer, ni sur ses manipulations, ni sur la disparition de la liste Lagarde, ni sur... Convoqué par trois fois par la présidente du Parlement, Zoé, il a par trois fois refusé de se présenter, arguant la dernière qu'il répondrait à la convocation après les élections. C'est dire les assurances qu'a dû lui prodiguées le gendre idéal de Merkel.

Mais bien sûr, ce sont les salariés d'Air France ou d'ailleurs, qui refusent de se laisser dépouiller, les voyous.

Combien de temps les peuples toléreront-ils encore cela ? Chaque jour qui passe rend plus indispensable que les vrais voyous rendent des comptes...

mardi 6 octobre 2015

Chroniques nisyriotes (10) - Le retour

Voilà, cette fois c'est terminé... en principe jusqu'en décembre.

Je ne sais pas si ce sont les élections ou l'orage qui les a suivies de peu et déversé dans ma citerne 52 cm d'eau, mais la fin de septembre a été fraîche.

Comme si l'hiver tsipriote arrivait à grands pas. L'hiver tsipriote... vous savez, cette gauche radicale qui va gouverner plus à droite que la droite. Pour l'heure, les Grecs n'ont, dans les médias, que l'avant-goût, distillé jour après jour, au goutte à goutte, comme tout supplice qui se respecte, des mesures que le faux rebelle devenu gendre idéal de Mme Merkel va infliger à une économie et une société déjà ravagées par cinq ans de stratégie du choc germano-européenne.

Pour l'heure, la saison touristique se termine avec de bons chiffres, dus à la situation en Afrique du Nord, en Egypte, en Turquie. Des chiffres en trompe l'oeil, comme le reste, car le nombre d'entrées, flatteur, ne signifie plus rien depuis que le tourisme, en Grèce, est devenu massivement du all inclusive. Autrefois, le tourisme irriguait un tissu économique local : chambres chez l'habitant, petites structures hôtelières locales, restaurants, cafés, pâtisseries, commerces de proximité... Depuis quelques années, il est massivement devenu un tourisme qui rapporte essentiellement au tour operateurs occidentaux ou russes qui encaissent les recettes du "tout compris" dans le pays de départ et possèdent souvent les structures hôtelières gigantesques, dont le personnel grec reçoit des salaires de misère grâce à la politique germano-européenne endossée par Syriza. Parqués dans leurs colonies localisées hors des agglomérations, les touristes ne sortent plus que pour des excursions - elles aussi payées aux tour opérateurs - et ne dépensent plus guère dans les commerces locaux.

Pour l'heure, on attend l'hiver et les effets du Mémorandum Tsipras. Pour l'heure, c'est la désillusion et le discrédit de toute parole politique qui dominent. On le jure, avec Tsipras, c'est la dernière fois qu'on s'est fait avoir ; on ne veut plus rien savoir de ces gugusses qui disent une chose et font le contraire six mois plus tard, tout cela pour occuper la place des autres.

De 2009 à 2013, nous avions senti, Frédéric et moi, le pays sombrer dans le désespoir, après la révolte étouffée dans les gaz et les provocations/violences policières et les élections de 2012. Puis comme l'avait dit le slogan de Syriza, à la mi 2014, on avait nettement senti que l'espoir revenait, que les gens reprenaient courage en ayant enfin une perspective de rupture avec la spirale mortelle dans laquelle les avaient enfermés le Reich germano-européen et les collabos ND-PASOK chargés par les maîtres d'exécuter les ordres, au mépris de la Constitution et des principes fondamentaux de la démocratie représentative.

Puis il y a eu l'incroyable élan du référendum - ce moment où tout était possible et où, quelque décision de rupture qu'il eût prise, Tsipras eût eu derrière lui bien plus encore que les 61,3 % qui avaient voté NON. Le sentiment de la dignité nationale retrouvée ; cette axioprépeia que la voix mâle et grave de Tsipras scandait si bien et si régulièrement depuis un an, à côté et en corollaire de l'espoir.

Et vint le 13 juillet : la trahison éhontée de l'espoir, de la dignité et du NON ; avec, dans la foulée, ces élections de la désespérance, afin de prendre de vitesse la strucuturation de l'opposition anti-euro, anti mémorandum (ce qui est la même chose) et de se faire reconduire avant que les désastreux effets de la désastreuse politique que Tsipras a accepté de conduire ne se fassent sentir. Maintenant l'attente de l'hiver et de l'application qui s'annonce tragique du Mémorandum Tsipras... Winter is coming et on ne sait pas, dans ce Game of throne tsiprio-euro-allemand, combien de temps il durera.

Résignation ? Ca y ressemble. Il va falloir payer toutes les taxes et les impôts anciens et nouveaux, tous en augmentation, qui vont dégringoler en cascade, il va falloir gérer les nouvelles baisses de retraite - souvent la seule ressource de familles élargies où le chômage s'est enkysté depuis cinq ans -, il va falloir absorber la nouvelle vague de faillites des entrepreneurs et paysans contraints de payer des impôts en avance et sur la base des revenus de l'année précédentes, il va falloir se chauffer, se nourrir, se soigner... ce qui, avant le Mémorandum Tsipras, était déjà mission impossible pour près du tiers de la population.

On va claquer des dents, en Grèce, et crever la dalle, et crever tout court, faute de soins, dans ce premier hiver du Mémorandum tsipriote. Car c'est cela la réalité de la politique que la gauche dite radicale a accepté de conduire.

Résignation, sans doute. Et comme toujours résistance avec les moyens du bord : l'Etat se montrant une fois de plus illégitime, en appliquant la politique qui lui est dictée plutôt que celle pour laquelle les partis au pouvoir ont été mandatés, le travail au noir et la double comptabilité vont exploser. J'ai eu mille fois l'occasion de l'écrire et de le dire : le problème fiscal de la Grèce n'est pas un problème de fraude, c'est un problème de consentement à l'impôt. C'est en faisant que l'impôt soit juste et proportionné aux services rendus par cet Etat qu'on fera progresser ce consentement. En appliquant la fiscalité délirante qu'il accepte d'appliquer et en acceptant de dégrader encore les services rendus par l'Etat, le gouvernement Syriza-ANEL ne peut que faire reculer ce consentement. Les recettes fiscales vont donc probablement s'effondrer, sous le double effet de la récession aggravée par le Mémorandum Tsipras et de la défiance accrue par rapport à l'Etat.

Résignation et amertume ironique devant le scandale Volkswagen qui a dû, en mon absence, je n'en doute pas un instant, déchaîner l'ire vengeresse non moins qu'éditoriale des Quatremer, Leparmentier, Guetta, Couturier et consort contre un peuple allemand intrinsèquement fraudeur et menteur, comme ils s'égosillent à dénoncer le grec depuis cinq ans. Dans mon île en tout cas, ça a fait rire jaune, cette affaire : ben oui, quoi, c'est nous les fraudeurs...

Résignation, amertume, mais aussi immense colère rentrée. Rentrée, pour l'instant. Mais jusqu'à quand et comment explosera-t-elle ? Pochette surprise.

Et puis le gouvernement actuel n'a que 4 voix de majorité ; et les députés des îles commencent déjà à ruer dans les brancards à la perspective de la prochaine hausse de TVA, appliquée d'abord aux principales îles touristiques (sans doute afin d'y étouffer le tourisme), puis au plus grand nombre, puis au moins favorisées. Mesure d'une bêtise insigne, imposée et acceptée au mépris de la continuité territoriale, tout étant déjà plus cher dans les îles du fait justement que la situation insulaire impose des contraintes que n'ont pas à gérer les territoires continentaux. Subtilité qui dépasse sans doute les capacités intellectuelles des oligarques germano-européens en charge du gouvernement colonial de la Grèce dont les Tsipriotes se sont faits le relai.

Alors aux prochaines nouvelles exigences du Reich, qu'adviendra-t-il lorsque 4 députés feront défection parce qu'ils ne les accepteront pas ? Une alliance avec le PASOK, Potami, une Union mémorandaire baptisée Union nationale, de nouvelles élections ?

De retour samedi à Paris, je renoue avec Facebook, avec le flux d'informations en continu, alors que depuis juin (hors la parenthèse parisienne d'août) j'étais en désintoxication d'Internet : pas de connexion wi-fi cette année au village, une ou deux par semaine, en bas, à Mandraki... et l'impression, en renouant, que je n'ai absolument rien raté.

Je renoue aussi avec les papiers de Romaric Godin, toujours pertinent dans la marée d'ignorance, d'insignifiance et lâchons le mot - vraiment justifié quand on voit la Une de Libération hier - de merde journalistiques. Celui de ce jour revient sur les oeuvres du gendre grec idéal de Merkel expliquant qu'il se doit de se montrer "bon élève" d'abord parce qu'il n'a pas le choix : "Le fonctionnement du troisième mémorandum le place sous une surveillance étroite, comme on le voit : l'argent n'est versé qu'au compte-goutte et moyennant une législation précise. Le mémorandum ne laisse aucune initiative en matière budgétaire au gouvernement d'Athènes."

Et oui, car c'est bien là le noeud de ce Mémorandum de gauche dite radicale, pire que ceux du PASOK et la droite réunis, signé sous le fallacieux prétexte du moindre mal et du "rétablissement de la confiance"... qui aurait donc été détruite (ce qui suppose qu'elle existait auparavant et que la politique dans l'UE est affaire de bonne volonté, de confiance... et pas de rapports de force brute : ravageuse illusion tsimpriote, une de plus !) et dans l'illusion d'obtenir une réduction de la dette, ignorant ainsi l'axiome Pasqua selon lequel les promesses n'engagent que ceux qui les croient.

La vraie question à mes yeux est : s'agit-il d'aveuglement (refus délibéré de voir la vraie nature de l'Europe), de trouille (incapacité à assumer la nécessaire résistance et l'indispensable rupture par manque de caractère, peur d'affronter les conséquences de cette rupture, lâcheté qui conduit à s'abandonner à une logique qu'on sait mortelle), ou bien de pure duplicité/arrivisme (avoir mimé la résistance sans préparer d'alternative à l'échec d'une négociation qu'on savait vouée à l'échec pour enfumer le peuple, par simple désir de prendre la place des autres et les profits qui vont avec, en étant dès l'origine résolu à tenir le rôle du syndic de faillite aux ordres) ? Je n'ai toujours pas tranché, mais au final le résultat est le même.

Catastrophe économique, sociale, humanitaire, démocratique.

Enfin, il faut signaler que la défunte commission sur la légitimité de la dette grecque, créée - on le sait maintenant - contre la volonté de Tsipras, Dragasakis et de toute la clique néo-mémorandaire au pouvoir, à l'initiative de Zoé Konstantopoulou, présidente de l'ancienne ''Vouli'', que sa dignité, son énergie, sa résolution, son courage destinent bien sûr à être une âme de la Résistance dans cette ère qui s'ouvre de collaboration tsipriote, et une des personnalités qui incarnent l'avenir, car l'affaissement actuel dans cette collaboration - je crois ou je veux croire - ne durera pas, vient de présenter son testament : la lecture de ce document, si elle est ardue, est passionnante, et pour tout dire indispensable.

Pour le reste, ma dernière décadie nisyriote fut marquée par une jolie rencontre. Un jour que j'allais retirer de l'argent à la poste de Mandraki, je vois un monsieur, au coin de la rue, qui s'arrête, me regarde prendre mes billets... Je me demande les raisons de cette attitude. A Mandraki, on ne craint guère les braquages au distributeur automatique ! Je range mes billets et je vois alors le monsieur s'avancer vers moi : " Vous êtes monsieur Delorme ? " Moi, interloqué, je réponds qu'en effet... et de me dire alors qu'il a lu La Grèce et les Balkans, mes romans, qu'il suit ce blog... A vrai dire, sur le coup, je n'en reviens pas. C'est la première fois qu'on me reconnaît dans la rue... et ça se passe à Mandraki ! Je lui dis aussi mon émotion - réelle. Ouzo peu après à la terrasse d'Alexandros, puis quelques jours plus tard sur mon balcon, dîner au Balkoni d'Emborio, chez Katina... Prof de lettres classiques en retraite et son épouse ancien censeur (je ne sais plus le nom idiot que ça porte aujourd'hui, j'ai tiré un trait depuis longtemps sur les euphémismes stupides de l'EN) à Rouen, nous avons longuement échangé et je me suis dit, une fois de plus, que l'écriture et la Grèce étaient des passions qui créaient de solides connivences...

Enfin, il y eut la préparation de la maison et du jardin pour l'hiver... perfectionnement de ma Ligne Maginot anti-chèvres, derniers coups de peinture, de vernis. Derniers bains dans une mer jamais aussi douce qu'en cette fin d'été, et une journée où la limpidité de l'air faisait voir la côte turque comme si on était à quelques centaines de mètres. Le pincement au coeur du départ au petit matin, alors que le char d'Apollon embrasait les hauteurs de la presqu'île de Cnide - aurore aux doigts de rose. La traversée jusqu'à Kardaména, l'avion... Paris.

"Où que j'aille, la Grèce me blesse" écrivait Séféris.

Voilà, en principe, le prochain retour là-bas devrait être juste après Noël. Dans quel état le pays sera-t-il alors ?

Ici, en tout cas, rien n'a changé : vide du débat politique, empire du compassionnel, impuissance, organe dits d'information à côté desquels la Propagandastaffel ou Tass de la grande époque font province et petit genre... encore dans le déchaînement, depuis hier, pour une histoire de chemise, alors qu'on fait silence sur la remise en cause par le PDG d'Air France... de l'interdiction du travail des enfants.

Pour ma part, et au vu des résultats actuels de l'expérience de laboratoire grecque, je pense que le fait que les gens dont les décisions, prises en application d'une idéologie dont ils se font les agents serviles, engagent la vie des autres, réalisent qu'il y a des risques, que leur violence en col blanc ne s'exerce pas impunément - car ne nous y trompons pas, la violence première est la leur, celle du néolibéralisme, de la concurrence ordonnatrice universelle, du coût toujours plus bas, de l'Europe jungle qui écrase les individus et les peuples - me paraît à vrai dire... sain. Qu'un des larbins du système y perde sa chemise plutôt drôle. Que le Premier ministre croie indispensable de s'en indigner, significatif de l'idéologie que sert ce funeste personnage. Et que ce genre de chose n'arrive pas aux tortionnaires de la Troïka, par exemple, regrettable.

Là-dessus se terminent les chroniques nisyriotes d'un drôle d'été 2015 qui, l'avenir nous le dira, sera peut-être un point de bascule de l'histoire des peuples européens. La révélation du vrai visage, totalitaire, de l'Union européenne et du néo-impérialisme allemand ne resteront pas, j'en suis convaincu, sans conséquence. La poussée historique de la gauche anti-austérité et anti-euro, hier, au Portugal, provoque le recul de la droite de collaboration et met dans l'obligation, une fois de plus, les "socialistes" locaux de choisir entre le peuple et l'intérêt national, ou le soutien (actif ou passif) à la droite au nom de l'Europe. Ces combinaisons dites d'union nationale prolongent un statu quo intenable. Elles auront une fin. La question, à mes yeux, est de savoir, désormais, si cette fin peut encore passer par les voies de la démocratie parlementaire que l'Europe et le néo-impérialisme allemand ont vidé de tout contenu et de toute réalité. Ou si elle passeront par un processus révolutionnaire.

En attendant, je me sens pleinement solidaire d'une récente initiative, prise par des jeunes de diverses organisations, se donnant pour but la reconquête par la gauche du terrain, trop longtemps laissé à l'extrême droite, de la souveraineté nationale, ou populaire. Parce que c'est entre nations, entre peuples souverains, que peut se bâtir demain une Europe solidaire de la coopération, parce que, pour cela, il faut d'abord en finir avec le piège mortel pour la démocratie et l'Etat social que constitue une Union européenne dont les traités scélérats ont tout ordonné autour de la concurrence, de la finance et d'une monnaie criminelle qui enrichit les pays les plus riches et appauvrit les autres. On trouvera là leur appel, une pétition que j'ai signée et la page Facebook de leur structure en gestation.