OD

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

lundi 25 avril 2016

Rappel

Rappel ! Si vous le pouvez... Panagiotis Grigoriou, rédacteur de l'indispensable blog greekcrisis, qui nous permet d'être informé sur la réalité de la situation en Grèce, en temps réel, et dont le dernier billet est passionnant... notamment par la longue citation d'un récent discours de Lapavitsas (depuis longtemps défenseur, dans Syriza puis dans Laïki Enotita, de la sortie de l'euro) fait appel au financement participatif pour lancer une entreprise de tourisme durable, une autre manière de voir la Grèce d'aujourd'hui...

Si vous le pouvez... aidez-les, lui et Chris à mener à bien leur entreprise, qui est aussi une entreprise de survie !

Aujourd'hui, il faut lire également le passionnant papier de Coralie Delaume... en plus, il a le bon goût de me citer !

Là-dessus je vais m'absenter quelques jours de ce blog. Nous partons tout à l'heure dire un nouvel au revoir à maman, qui nous a quittés le 14 février dernier. Ma peine, ma tristesse restent immenses, inconsolables. Elle voulait que ses cendres soit immergées dans cette grande bleue, cette Méditerranée qu'elle a tant aimée et dont elle m'a transmis l'amour. C'est ce que nous allons faire dans les jours qui viennent...

dimanche 24 avril 2016

Ca ne serait pas pire...

On sait la confiance qu'il faut accorde aux sondages en Grèce... Leur biais est toujours pro-européen, pro-euro, pro-odre en place, parce qu'ils sont contrôlés par un petit groupe de famille faisant partie du premier cercle de tout pouvoir qui contrôle les médias et vit en étroite symbiose avec la nomenklatura eurolâtre d'Europe occidentale.

Il est d'autant plus intéressant de voir que d'une vague à l'autre, même ces sondeurs-là sont obligés d'enregistrer un mouvement dont ma conviction intime est qu'il est largement sous-estimé. On sait ainsi que malgré une campagne battant tous les records d'hystérie et assurant qu'un Non vaudrait sortie de l'euro, 61,3 % des votants au référendum de juillet ont répondu NON, prenant aini le risque de ladite sortie - pourcentage d'ailleurs inférieur à ce qu'il aurait dû être, puisque les plus pauvre et les plus jeunes ont voté Non à plus de 80 % alors que les plus pauvres et les plus jeunes ont eu le plus de difficulté à aller voter : on vote souvent, en Grèce, dans le village d'origine de sa famille, non sur son lieu de résidence, les plus vieux et les plus riches étant plus nombreux à résider ou à pouvoir se déplacer en dix jours (délai entre l'annonce du scrutin et le scrutin) pour voter.

Bref, l'Institut Public Issue vient de publier un sondage réalise - de surcroît - pour le quotidien de Syriza, Avghi. et que dit-il ?

- Que, our la première fois, une minorité de Grecs (49 % contre 64 % en novembre dernier) pensent que la situation économique du pays serait pire hors de l'euro.

- Que jamais le pourcentage de ceux qui pensent que le retour à la drachme améliorerait la situation (30 % contre 21 % en novembre) n'a été mesuré aussi haut.

- Que 88 % des sondés pensent que le pays va dans la mauvaise direction.

- Et que 75 % estiment que la situation économique va se détériorer.

Zoé (voir mon post précédent) aurait donc bien tort de continuer à tenir son discours eurolâtre. Ma conviction est que, à Athènes comme à Paris, le premier qui, à gauche, reprendra à son compte la défense de la Nation, la reconquête de la souveraineté, à commencer par la souveraineté monétaire, aura un boulevard devant lui.

Ne manquent que la lucidité et le courage d'avouer qu'on s'est trompé depuis quarante ans en prenant les vessies de l'intégration néolibérale européenne pour les lumières de l'internationalisme.

La Grèce est plongée dans une crise économique, sociale, humanitaire, politique sans issue, l'Espagne et l'Irlande ont été rendues ingouvernables, le peuple britannique se rebiffe et un sondage montre qu'une majorité de Suédois sont favorables à une sortie de l'UE en cas de Brexit, le Non néerlandais sera bafoué comme l'a été le NON français, la chute du SPD et la montée de l'AFD bouleversent le jeu politique dans une Allemagne où les réformes Schrôder mènent le pays vieillissant à une paupérisation massive, où la politique stupide de Schaüble a sacrifié des infrastructures qui se délabrent, où Merkel n'en finit pas de lécher le c.., les babouches d'Erdogan avant de se féliciter bruyamment d'un TAFTA qui nous met à la merci des Etats-Unis et des poisons avec lesquels ils veulent avoir le droit de nous tuer.

L'Autriche, ce soir, vient de faire un triomphe sans précédent à l'extrême droite... Demain l'Italie, puis la France...

Comment ne pas voir que l'UE, l'euro, le capitalisme dérégulé et financiarisé dont ils ont été le moteur et le paravent, le libre-échange, le Reich emmènent les Européens à leur 3e catastrophe en un siècle ?

Va-t-on finir par comprendre ce qu'est l'Union européenne ???

Va-t-on finir par comprendre que le dessaisissement des peuples, par l'UE, au profit d'une Nomenklatura technocratique hors contrôle, hors sol, aveugle, sourde, égoïste, cupide, discrédite inexorablement tous les partis dits de gouvernement ???

Va-t-on comprendre enfin que l'UE est une machine à fabriquer de l'extrême droite ?

La gauche va-t-elle enfin se ressaisir de la nation et du combat pour la reconquête de la souveraineté, avant qu'il ne soit trop tard ?

Ce sont là les questions auxquelles il faut répondre maintenant. Car le temps presse.

samedi 23 avril 2016

Le problème d'un blog...

...quand il est lu, c'est qu'il faut répondre à l'attente de ses lecteurs !

Merci à vous tous de votre fidélité et de votre intérêt. Le deuil familial qui m'a touché m'a profondément affecté et fait prendre aussi beaucoup de retard dans mes différents chantiers d'écriture, d'où une présence ici moins régulière ces derniers temps. Et une absence la semaine prochaine : nous irons en famille immerger les cendres de maman dans cette Méditerranée qu'elle aimait tant et dont elle m'a transmis l'amour.

Certains d'entre vous m'ont aussi demandé de faire le point sur l'enjeu énergétique dans la "crise grecque", un sujet complexe, sur lequel j'essaierai dans les semaines qui viennent de faire un papier de fond ; sur la tension militaire entre Grèce et Turquie ; sur le nouveau parti fondé par Zoé Kontantopoulou, l'ancienne et "héroïque" présidente du Parlement, dont les lecteurs de ce blog savent l'estime et l'admiration que je lui porte.

Alors je vais essayer aujourd'hui de répondre à deux de ces questions. Après avoir fait un rapide point sur la situation actuelle des rapports entre le gouvernement Tsipras et le Quartet.

D'abord il faut dire que les mobilisations sociales ne faiblissent pas contre le projet de nouvelle réforme de la Sécurité sociale élaboré sous l'injonction des créancier et que doit discuter/adopter le Parlement. Marine, marchande, pompiers, hôpitaux, architectes, médias... c'est l'ensemble des forces sociales qui s'élève contre ce projet, les grèves succèdent aux grèves, les manifestations aux manifestations... Sans effet.

Ensuite, il faut ajouter que la "révision" par le Quartet des réformes et politiques grecques qui, dans le système du supplice chinois du goutte-à-goutte institué par le Mémorandum Tsipras, conditionne les versements des créanciers destinés à rembourser ces mêmes créanciers, a vu une nouvelle escalade des exigences austéritaires. dans un jeu de rôle digne du théâtre de l'absurde, Tsipras a demandé que le FMI sorte du "plan d'aide" alors que le FMI était favorable à un allègement de la dette, jugée non soutenable. Car l'Allemagne refusant cet allègement, le FMI exigeait pour rester dans le plan des mesures d'austérité supplémentaire pour atteindre l'excédent primaire prévu. L'Allemagne, hostile à l'allègement, a donc exigé le maintien du FMI qui y est favorable, mais qui exige plus de "sacrifices" s'il n'y a pas d'allègement. Et Tsipras s'est donc vu contraint d'accepter le maintien du FMI... et l'absence d'allègement, en attendant l'aggravation des mesures d'austérité, c'est-à-dire un Mémorandum IV qui est désormais sur le feu, même si on ne l'appellera pas ainsi.

Et si les mesures demandées par le Quartet sont illégales...

"Le président de l'Eurogroupe a toutefois rencontré l'opposition du ministre des Finances grec Euclide Tsakalotos. Ce dernier a ainsi déclaré que la Grèce ne pouvait légiférer sur des "mesures préventives" car la loi ne le permettait pas. Jeroen Dijsselbloem a cependant estimé qu'on pouvait trouver un moyen.

"Nous devons travailler sur le concept de ce mécanisme; il y a bien sûr des contraintes légales et nous ne pouvons ni ne voulons passer outre ces dernières. Il sera conçu pour être crédible et légalement possible", a-t-il expliqué."

Savoureux, non ? pour une Union européenne prétendument fondée sur l'Etat de droit. Le fascinant, avec l'UE, c'est qu'elle va toujours plus loin, dans la bêtise et le crime, avec la meilleur conscience du monde.

Et singulier négociateur que ce Tsipras ! Il semble, aujourd'hui qu'en échange de ce quatrième mémorandum, il ait obtenu un reprofilage de la dette dont on rediscutera... après 2023.

Un reprofilage pas une réduction du montant... c'est-à-dire un allongement des remboursements.

En 2023, car le Quartet juge qu'il n'y a pas péril en la demeure et que, pour l'instant, la Grèce est en état de faire face aux échéances, celles-ci ne devenant inquiétantes, par leur poids, qu'en 2023. Il faut dire qu'en échange du 3e mémorandum il avait obtenu l'ouverture de négociations sur l'allègement de la dette en novembre dernier. On les attend toujours, c'est vous dire si on attend avec intérêt 2023 !

Sans doute n'a-t-on jamais vu aussi clairement la nature impérialiste de la dette : c'est une laisse et une muselière destinée, comme l'Union européenne, à priver les peuples de toute maîtrise de leur destin.

Sur ce blog, le 21 août 2015, j'écrivais ceci :

"Car l'élément certain, c'est que la politique de capitulation acceptée par Tsipras, violemment déflationniste, conduira rapidement à plus de faillites, plus de chômage, plus de récession et donc, malgré les augmentations d'impôts, à une baisse des recettes fiscales. Une telle politique n'a jamais eu et ne peut avoir d'autre résultat. Avec, dans six mois ou un an, de nouvelles exigences européennes, de nouvelles coupes budgétaires, de nouveaux reniements, de nouvelles augmentations d'impôts - un quatrième mémorandum -, de nouvelles défections dans la majorité, de nouvelles élections..."

Nous sommes huit mois plus tard (j'écrivais entre six mois et un an). Et le Mémorandum IV arrive à grands pas... à quand les prochaines élections et le Mémorandum V ?

C'est dans ce contexte qu'a eu lieu une montée en tension dans l'espace égéen.

En réalité, l'islamofasciste Erdogan multiplie ces temps-ci les provocations sur tous les fronts. Sur le front intérieur avec la répression de l'opposition démocratique, on est désormais à la tentative de faire interdire le HDP. Sur le front kurde, en Turquie comme en Syrie : provocations verbales, arbitraire et violences policières à l'intérieur, coup de poignards dans le dos aux Kurdes de Syrie qui combattent Daesh, toujours soutenu par le régime islamofasciste turc malgré les pressions américaines. Le roi de Jordanie a d'ailleurs récemment accusé le régime Erdogan d'organiser l'acheminement des terroristes en Europe occidentale. Sur le front européen : Erdogan a déclaré nul et non avenu le rapport du prétendu Parlement européen - qui n'a de Parlement que le nom - sur le recul de l'Etat de droit et des libertés en Turquie. dans le classement mondial de la liberté de la presse publié il y a quelques jours par reporters sans frontières, la Turquie pointe au 151e rang sur 180 Etats classés... Sur le front caucasien : l'Azerbaïdjan n'aurait sans doute pas pris le risque de rallumer le conflit au Karabagh sans le feu vert d'Akara, provoquant illico la déclaration d'Erdogan apportant son soutien à Bakou... jusqu'au bout, son Premier ministre se chargeant de l'explication de texte pour rajouter : jusqu'à l'Apocalypse.

Ajoutons encore que l'islamofasciste Erdogan est, avec le Qatar et l'Arabie Saoudite, un des agents de la "radicalisation", fondamentalisation" des communautés musulmanes des Balkans, en Bulgarie, ARYM, Albanie, au Kosovo, en Bosnie... régions où l'islam était plus culturel que religieux, très "tolérant" et peu observant, mais où les pétrodollars et le néo-ottomanisme turco-fondamentalisme tendent à changer radicalement ce visage. Les Balkans auraient ainsi fourni plus d'un millier de combattants à Daesh... en attendant leur retour dans des sociétés paupérisées à structure mafieuse, sans avenir ni perspective, et où les armes prolifèrent...

Alors que la situation économique en Turquie ne cesse de se détériorer (et les provocations d'Erdogan qui feront chuter le tourisme russe n'ont guère de chance d'arranger les choses), comme chez tous les soi-disant "émergents" qui pâtissent de plus en plus durement de la stagnation mondiale, dont la déflation européenne est une des causes, le régime islamofasciste turc est à mon avis engagé dans une folle fuite en avant impérialiste dont la multiplication des viols de l'espace aérien turc ces dernières semaines est un des signes.

La manipulation des flux migratoires a parfaitement fonctionné. La Turquie a d'abord facilité l'arrivée des migrants sur son sol dans un premier temps en levant l'obligation de visas pour les ressortissants d'un grand nombre de pays. Car les migrants déversés sur les îles grecques ne sont pas, et de loin, que des réfugiés syriens ; on compte notamment beaucoup de Maghrébins. Elle a également contribué largement à créer le chaos en Syrie et à financer, armer Daesh, donc à générer les réfugiés arrivant sur son sol. Elle a ensuite rançonné ces gens : police, mafias de passeurs... tout le monde a pris sa part. Jusqu'aux commerces des ports proches des points de départ reconvertis dans la vente de zodiacs et gilets de sauvetage : il faut voir les photos publiés dans la presse grecque... et pas dans la française.

Elle a ensuite dirigé les flux vers la Grèce affaiblie par cinq années de Troïka : remarquez que la frontière bulgare n'a pas subi la même pression migratoire. Et le chantage a marché : le régime turc a déjà obtenu 6 milliards de Mme Merkel, principale écorcheuse de la Grèce, partie à Ankara sans mandat européen, qui y a négocié sans mandat et qui ressuscite ainsi la vieille alliance germano-ottomane. Mais son but a toujours été la circulation des citoyens turcs sans visa dans l'UE... des citoyens turcs et des terroristes de Daesh qui ne devraient pas avoir trop de mal à obtenir un passeport turc grâce à leur connexions et relais...

Cette concession-là de l'UE a été faite... en principe. mais il semble que certains y renâclent encore. On ne saurait les blâmer ! Du coup, quelques provocations de plus dans l'espace aérien grec ne pouvaient que rajouter un peu à la pression, la décision définitive sur les visas étant imminente. Quant au gouvernement grec, déjà humilié par le Quartet, incapable de faire valoir les intérêts du pays lors de la fermeture de la route des Balkans à l'initiative de l'Autriche... il ne pouvait pas se permettre de ne pas au moins mimer une réplique... sur le terrain ultrasensible pour le patriotisme grec des permanentes provocations turques.

Malgré la disette budgétaire dont souffrent les Forces armées helléniques et qui les mettraient hors d'état, probablement, de répliquer à un défi sérieux de la part de la Turquie, le ministre de la défense Kamménos - ex-souverainiste qui quitta la droite par opposition aux deux premiers mémorandums, avant de ratifier le troisième - enfila le treillis et se montra pendant quelques jours un peu partout pour manifester la résolution de son gouvernement à ne pas céder aux intimidations. Le patriotisme, l'orthodoxie sont au fondement même des principes que défendent les Grecs indépendants, la formation créée par Kamménos et qui gouverne en coalition avec Tsipras depuis janvier 2015. Voici quelques semaines il avait même exigé la démission d'un de ses collègues syriziste qui avait parlé de Macédoine au lieu de Skopje ou Ancienne République yougoslave de Macédoine.

Sauf à finir de se déconsidérer totalement, Kamménos ne pouvait donc faire autre chose que de gesticuler. C'est ce qu'il a fait et pendant quelques jours la marine et la chasse grecque ont multiplié les sorties afin d'imposer le respects de l'espace maritime et aérien grec. Si bien que d'un bout à l'autre du pays, les Grecs ont vu les Mirage et F16 voler à basse altitude, ici, là, ailleurs, au-dessus d'Athènes, pour montrer au peuple grec qu'on ne restait pas l'arme au pied. Ce qui, dans une période où le gouvernement est de plus contesté, impopulaire... ne pouvait pas faire de mal.

Pour l'heure, il semble que les choses soient revenues à peu près à la normale... Mais je ne doute pas qu'à un moment qui lui semblera favorable ou opportun, le sultan d'Ankara n'en remette une couche !

Quant à Zoé... il faut lire son "J'accuse", envoyé à Tsipras, à propos de la totale inaction, ou de la complicité, du gouvernement Syriza dans les affaires de corruption... Car même là-dessus Tsipras a trahi ses engagements. Il est pour le moins édifiant.

Alors on me demande mon avis sur son nouveau parti... Comment vous dire ?

D'abord, les gens qui ont accompagné jusqu'au bout (le retournement d'après référendum) la catastrophe Syriza n'ont plus aucune crédibilité en Grèce. Les autres non plus d'ailleurs et c'est bien le problème.

Syriza a fini de décrédibiliser toute parole politique. Ce qu'on nous a dit en décembre-janvier, c'est : ils savaient ce qui se préparait et ils sont restés, ils n'ont rien dit, ils nous ont trompé et ils nous retromperont s'ils reviennent. Ou bien s'ils ne savaient pas et, là où ils étaient, c'est qu'ils étaient incompétents.

On verra pour Zoé mais ce qu'elle dit sur l'euro est à mes yeux totalement incohérent et je pense qu'elle est absolument inaudible. Elle l'aurait peut-être moins été si elle avait été élue à Vouli, c'est-à-dire si Laïki Enotita était parvenue à construire l'ébauche d'un front, au moins d'un cartel électoral, avec EPAM et Antarsya... Mais Laïki Enotita ne l'a pas été, s'est coupé des gens qui pensent nécessaire de sortir de l'euro (Lapavitsas a pris ses distances, y compris géographiquement, alors qu'il est le seul à tenir un discours clair sur l'incompatibilité entre l'euro et n'importe quelle "autre politique) et continue à cultiver la même ambiguïté.

Quant à un nouveau parti, groupusculaire, qu'apportera-t-il dans une mouvance à gauche de Syriza qui est déjà complètement atomisée ? Rien, sinon un groupuscule de plus. Et pour dire quoi ? Les mémorandums sont inacceptables. Oui et alors ? c'est aussi ce que disait Syriza avant janvier 2015. Syriza disait même : plus un sacrifice pour l'euro ! Hier soir à la télévision, Zoé a donné sa version : "aucune monnaie ne justifie qu'on abolisse la Constitution". Soit mais alors que fait-on ? Réponse : la question monétaire est secondaire. Et c'est là qu'elle se trompe parce qu'elle ne VEUT pas voir la réalité. Toute autre politique que celle des mémorandums suppose la sortie de l'euro. C'est une condition non suffisante mais absolument nécessaire. Sauf que, lors du peu fameux sommet du Plan B, elle a dit : "Nous n'allons pas leur faire cadeau de l'euro". Autrement dit nous allons y rester et changer le rapport de forces pour le réformer.

Illusion. Désastreuse illusion.

La même - exactement - que celle de Syriza avant janvier 2015 (si l'on n'accepte pas l'hypothèse, pour moi de plus en plus probable, que toute l'affaire Syriza, pour le noyau dirigeant qui est aujourd'hui au pouvoir, n'a été qu'une manipulation cynique destinée à occuper le pouvoir et à bénéficier de ses prébendes en étant résolus dès l'origine à ne rien changer). La même que celle du pauvre Varoufakis qui a, lui aussi, créé son particule proeuropéen et qui en vient à faire l'éloge de... Macron.

Le fascinant, pour moi, aujourd'hui, c'est que tous ces gens sont en réalité absolument incapables, malgré ce qu'ils ont vécu, de renier leur eurolâtrie congénitale. Médiocrité intellectuelle ? Absence de courage ? En tout cas cela me semble pathétique.

jeudi 21 avril 2016

Triste anniversaire

Il y a 49 ans, à Athènes, un quarteron d'officiers au savoir-faire limité, pour la plupart des colonels, prenait de vitesse les généraux liés à la couronne qui avaient décidé de faire un coup d'Etat au cas où le centre gauche l'emporterait aux prochaines élections. Ce putsch des colonels allait plonger pour 7 ans la Grèce dans l'arbitraire le plus stupide (interdiction des Beattles, des minijupes ou des cheveux longs pour les garçons, de tous les ismes, dont le taoïsme, censure de... Claudel suspecté de...), la violence, la corruption de militaires incapables et inféodés à la CIA, un régime pratiquant la torture systématique, sans projet politique, divisé contre lui-même et qui, au final, glisserait dans le sang de la répression du Mouvement de Polytechnique (écrasé par des chars vendus à la dictature par la France) et la désastreuse tentative de coup d'Etat contre Makarios à Chypre, provoquant la catastrophe du débarquement turc au nord de l'île.

La Grèce de 1967 rappelle par plus d'un trait celle d'aujourd'hui : une crise politique permanente depuis 1965, un discrédit général des politiques et des élites en général, la société la plus inégalitaire d'Europe occidentale, un pouvoir officiel inféodé à une puissance étrangère... la différence étant qu'elle avait alors le 3e taux de croissance économique au monde après le Japon et l'Espagne.

Il faut aussi noter qu'un des principaux responsables de cette situation s'appelait Constantin Mitsotakis. Apparenté au grand Vénizélos, n°2 de l'Union du Centre de Georges Papandréou (le grand-père de l'autre), il avait trahi ce dernier lorsque le roi l'avait inconstitutionnellement renvoyé. Si bien qu'entre juillet 1965 et avril 1967, il avait été au centre de toutes les combinaisons politiques et de tous les gouvernements que les Grecs appelèrent gouvernements des apostats, élus au centre gauche et qui menèrent une politique de droite... Apostats dont la trahison fut rétribuée en francs suisses versés sur des comptes helvètes.

Aujourd'hui, le "nouveau" chef de la droite s'appelle Kyriakos Mitsotakis, fils de son père, il est considéré comme l'homme de Berlin et est mouillé jusqu'au cou dans le scandale Siemens...

mercredi 13 avril 2016

Beaucoup de bruit pour rien...

Les relations se tendent de nouveau, en Grèce, depuis plusieurs jours entre la "Troïka revisitée" et le gouvernement d'occupation Syriza/ANEL.

Comme d'habitude, Romaric Godin donne une analyse serrée de ces tensions.

Mais au-delà de la comédie quel peut être le sens de ces gesticulations syriziennes ?

Car les moulinets de Tsipras et de ses compères ne peuvent plus avoir la moindre crédibilité aux yeux des créanciers depuis la capitulation de juillet. Dès lors que ceux-ci savent que le gouvernement grec exclut toute sortie de l'euro, il savent aussi qu'il n'a d'autre option, au final, que de capituler à nouveau. Et s'il n'est pas un parfait imbécile, M. Tsipras ne peut désormais ignorer qu'il n'obtiendra jamais de l'Eurogroupe une solution raisonnable, la logique de l'Eurogroupe ne devant rien à la raison et tout à l'idéologie.

Alors, beaucoup de bruit pour rien ? Probablement...

A moins que les tsipriotes, se rendant compte que la nasse dans laquelle ils se sont eux-mêmes enfermés ne les condamnent, à plus ou moins brève échéance à une pure et simple disparition politique et qu'ils n'aient donc décidé de sortir de cette nasse en tombant "à gauche"... Soit pour ne pas endosser une nouvelle capitulation et protéger ce qui leur reste d'un capital électoral qui, ces derniers temps, semble fondre comme neige au solei ; ils restitueraient alors le pouvoir à la droite, histoire d'essayer de se refaire une santé dans l'opposition. Soit pour revenir au pouvoir, après de nouvelles élections, en coalition avec le PASOK et l'Union du centre, ou "mieux encore" avec la Nouvelle Démocratie de Kyriakos M., fils et frère de, l'Homme de Berlin et de... Siemens.

lundi 4 avril 2016

et 2 articles

pour comprendre l'affaire Jan Fabre. Le premier, de Jean-Marc Adolphe, retrace le scénario du film que, éberlués, nous avons vu se dérouler sous nos yeux : il entrouvre aussi la porte des coulisses, ce qui, une fois encore, pose la question de la vraie nature de Syriza... ou d'une partie au moins de son groupe dirigeant : "Professeur de philosophie à l’Ecole Polytechnique d’Athènes, co-fondateur du parti eurocommuniste Synaspismos, et l'un des concepteurs du « programme de Thessalonique », sur lequel Syriza a remporté les élections du 25 janvier 2015, mais décrit par certains comme « un stalinien pur et dur » (ce qui ne l’empêchait pas, dans un entretien publié en janvier 2016 France par Télérama, d’affirmer que « Syriza est obligé d’avoir un double visage, comme Janus. D’un côté, nous sommes la gauche radicale ; de l’autre côté, nous sommes obligés de mettre en application un programme à la base néolibérale »), Aristides Baltas ne connait effectivement rien à la création contemporaine. Plus intriguant encore : dans son entourage ministériel navigue un autre Janus, byzantin dans l’âme : Panagiotis Douros. Sans doute un personnage-clé de toute cette histoire. Directeur de cabinet du ministre grec de la Culture sous le gouvernement du Premier Ministre conservateur Antónis Samarás, il a curieusement conservé son poste sous le règne de Syriza, successivement avec Níkos Xydákis (en janvier 2015) et aujourd’hui avec Aristides Baltas."

Et encore vous n'avez rien lu... la suite de l'article est encore plus édifiante...

Le second de Mari-Mai Corbel en décrypte le sous-texte.

samedi 2 avril 2016

La colonie se rebiffe

On annonce ce matin la démission de Jan Fabre de la direction du festival d'Athènes.

On ne sait pas si les autres nominations coloniales du ministre de la Culture Syriza Baltas (un Français au Musée Bénaki qui a, semble-t-il quelque mal, lui aussi, ses éclatants mérites à ses subordonnés indigènes, un autre au festival de Thessalonique) auront le même succès.

En tout cas, c'est encore un triomphe pour le gouvernement Syriza qui semble décidé à créer les conditions d'un rapide retour de la droite, dirigé désormais par le plus pro-allemand et le plus siemensisé des dirigeants grecs, Mitsotakis fils-et-frère... après l'acceptation du honteux accord euro-turcs que 53 députés députés syrizistes jugent inacceptables, tout en continuant, pour l'instant, à voter pour ce gouvernement qui, moins de sept mois après sa nomination, semble déjà à bout de souffle.

On trouvera ici, en français, les deux lettres adressées hier au ministre Baltas et à Jan Fabre.

vendredi 1 avril 2016

Festival d'Athènes (suite) : les artistes grecs en sécession

Le théâtre Sfendoni était bondé, aujourd'hui, pour l'AG des artistes, techniciens et acteurs grecs destinée à trouver une riposte au "rapt" du festival d’Athènes organisé par le ministre Syriza de la Culture Baltas, au profit de la personne et des amis du directeur qu'il a nommé, le Flamand Jan Fabre, dont le programme pour quatre ans, exclut cette année, et réduit à la portion congrue les trois suivantes, des créateurs et artistes grecs qui sont à la pointe de la création mondiale, qui ont un public large, tant les arts de la scène sont populaires, vraiment populaires, en Grèce et dont le festival était un des derniers lieux d'où ils pouvaient encore tirer un revenu leur permettant de survivre et de créer le reste de l'année. Parmi les participants, on relevait les noms de Tasos Nousias, Alekos Sissovitis, Carmen Ruggeri, Costas Falelakis, Gregory Toumasi, Themis Bazaka, Joanna Pappas ou Antonis Fragakis.

L'Assemblée a donc logiquement réclamé, à l'unanimité, la démission de Fabre.

L'actrice Carmen Ruggeri a dénoncé dans l'arrogance coloniale de Fabre, validée par Baltas : "une insulte à notre culture. Et elle a demandé aux citoyens grecs, si Jan Fabre ne remettait pas son mandat "de ne pas aller aux spectacles cet été"

Pour l'heure, la réaction du gouvernement s'est limitée à... des tweets de Tsipras Baltas assura qu’ ils allaient "essayer de trouver des solutions".

Précisions de Mari-Mai Corbel (voir mes précédents posts) qui était présente à la réunion :

"Après un tour de parole d'une trentaine de personnes, il a été proposé d'envoyer une lettre à Jan Fabre où nous lui annonçons qu'il est persona non grata. Cette lettre pose surtout des questions.

Une autre lettre va être envoyée au ministre de la Culture avec ce détail marrant qu'y sera joint le programme de Syriza pour la culture. Il est aussi rappelé que cette nomination et ce programme se sont faits illégalement contre les statuts du festival.

Ces deux lettres ont été signées par les présents, et une possibilité de signature va bientôt en principe être en ligne. Les lettres seront traduites en anglais, en français et en allemand.

J'ai noté le calme et dans les interventions un certain consensus autour du fait que Jan Fabre n'était pas personnellement visé, mais tout un processus qui comme au festival de Thessalonique avait abouti à l'éviction des artistes grecs.

Le tout a duré quatre heures. La possibilité que le festival soit annulé a été envisagée positivement.

J'ai remarqué tout au début, tout près de moi, à un moment, deux hommes en costumes cravates qui sont sortis de derrière des pandrillons et qui à mi AG sont partis. Sans doute manière d'informer Tsipras d'où les tweet avant même la fin. Un participant à la fin a aussi signalé que le conseil du festival venait de faire une déclaration pour justifier ce coup d'Etat culturel et cela a été analysé comme une crainte du pouvoir, s'exprimant à chaud."