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jeudi 26 mai 2016

Quand Romaric se lâche...

J'ai eu maintes fois l'occasion ici de citer les article de Romaric Godin dans La Tribune.

Sur la Grèce, il est l'un des seuls à sauver le dégueulasse naufrage d'une presse française détenue par des milliardaires, qui n'a cessé et qui ne cesse de désinformer depuis maintenant six ans, une presse française qui a de moins en moins de lecteurs parce que sa servilité a dégoûte chaque jour davantage un peuple furieux contre la caste politicojournaleuse qui ne représente plus qu'elle-même.

Mais ce même travail de fond et de qualité, il le fait sur l'Espagne, le Portugal, l'Irlande, la BCE...

D'ordinaire, Romaric, et c'est bien normal dans son métier, maintient une distance, une modération de ton, ce que je sais être - puisque nous nous connaissons un peu - une manière d'understatement, qui tient aussi au lectorat traditionnel de La Tribune... alors que ses papiers ont drainé vers ce journal en ligne, par leur qualité, par le travail d'information que Romaric fait justement sur certains pays et que personne d'autre que lui dans la presse française ne fait avec ce souci de rendre compte de la réalité - non de l'idéologie ambiante, et avec ce souci de continuité.

Mais on sent dans ce dernier papier sur le dernier en date des imbéciles et criminels ''Diktats'' germano-européens à la Grèce, qu'il a bien du mal, lui aussi, à contenir son indignation, qu'il a bien du mal, lui aussi, a garder son calme face à cet attentat supplémentaire contre la souveraineté, la dignité et l'avenir d'un peuple et qui ne fera qu'aggraver la situation tragique d'un peuple, victime depuis six ans de l'aveuglement idéologique d'une caste européenne hors-sol, des ministre des Finances allemand psychopathe, une chancelière autiste, seulement préoccupée de son électorat de retraités et du rapport psychiatrique des Allemands à la monnaie et de la lâcheté des chefs d'Etat et de gouvernement - à commencer par ce qui fait fonction de président de notre République -, qui tremblent de trouille devant ce nouveau Reich, et acceptent tout de lui, alors qu'ils ne peuvent pas ne pas savoir que la politique appliquée en Grèce ne peut aboutir à rien d'autre qu'à une catastrophe.

lundi 23 mai 2016

Quatrième - ou cinquième - mémorandum

Comme je l'avais annoncé dès juillet, la capitulation de Tsipras et le vote dans des conditions contraires à tous les engagements pris devant les électeurs autant qu'aux droits du Parlement du troisième mémorandum, en réalité du quatrième, car Samaras avait déjà accepté un train intérimaire s'apparentant à un troisième, a entraîné, moins d'un an plus tard l'acceptation d'un quatrième, ou cinquième, mémorandum voté hier dans des conditions tout aussi scandaleuses.

Les trois ou quatre premiers mémorandums ayant échoué parce que leur logique déflationniste ne peut que conduire à l'échec, il fallait donc encore aggraver cette logique déflationniste par un nouveau train de mesures, toujours plus anti-démocratiques, toujours plus ravageuses pour la société, toujours plus imbéciles au regard des logiques économiques, toujours plus juteuses pour les charognards de la cupidocratie qui nous gouverne.

On ne change pas une politique qui perd. C'est comme avec l'euro : il faudrait reconnaître qu'on s'est trompé depuis le début ou que les logiques qu'on a mises en place ne visent qu'à détruire une société et piller un pays - le pire, dans ce processus, étant qu'un parti dit de gauche radicale et un parti dit souverainiste se sont faits les auxiliaires zélés, au nom de l'Europe, de cette politique de la terre brûlée qui conduit les uns à s'empiffrer toujours plus et les autres à crever de faim la gueule ouverte.

Jusqu'à ce qu'ils se révoltent ?

Les tsipriotes français et grecs nous diront encore, sans doute, que Tsipras est un moindre mal, qu'il ne pouvait pas faire autrement, que ce serait pire si c'était la droite qui le faisait.

Non. Non. Et non. On est même fondé à penser qu'un gouvernement de droite n'aurait pas eu à, voire n'aurait pas, accepté autant.

En attendant, la Vouli a adopté hier, toujours selon les mêmes procédures, maintes fois décrites ici - je me lasse, excusez-moi de ne les pas redécrire - et qui sont une négation des droits du Parlement, de la Constitution, de l'Etat de droit, un catalogue de mesures de... 7500 pages dont aucun député n'a bien entendu pu prendre connaissance.

Le tout dans le silence assourdissant des médias français qui montrent bien là leur nature de chiens de garde de l'ordre criminel européen et dont le dernier souci est d'informer.

On ne peut bien entendu que résumer ici la "philosophie" et les points les plus saillants de cet acte de décès de la démocratie hellénique.

Cette fois, les maîtres-chanteurs et criminels de l'UE ont exigé et obtenu :

- la privatisation, c'est-à-dire la cession à vil prix aux charognards, de tous les avoirs d'Etat y compris les transports publics urbains, l'eau potable, les plages, TOUTES les infrastructures...

- ce qui reste de biens à l'Etat après ce dépeçage en règle est transféré, pour 99 ans, à une structure contrôlée par les créanciers ;

- salaires et retraites seront de nouveau baissés, tandis que la TVA augmente de nouveau ;

- les recettes fiscales sont placées sous le contrôle de la Troïka qui pourra, sans nouveau recours au Parlement, couper dans les budgets si elle suspecte un dérapage budgétaire.

En réalité, outre l'Etat social dont il ne reste plus rien après ce nouveau mémorandum, outre la démocratie à laquelle l'UE vient de donner le coup de grâce, c'est l'indépendance de l'Etat grec, ou ce qui en restait, qui vient de disparaître.

Cette fois, il n'y a plus aucune exagération à dire que la Grèce a été transformée, en 6 ans, en colonie où la caste politique a abandonné à un pouvoir étranger, occupant sans char mais occupant, l'entièreté de la souveraineté du peuple dont elle était dépositaire, non propriétaire, en choisissant de collaborer plutôt que de résister, c'est-à-dire de se faire le relai d'une autorité illégitime et criminelle.

Et maintenant, cette caste va tenter de faire croire qu'elle va renégocier la dette, afin de légitimer sa trahison par quelques concessions de façade des créanciers. Naturellement, il n'en est rien. Aucune négociation d'aucune sorte n'est possible dans la position où le gouvernement grec a accepté de se placer. Il ne s'agira que d'un théâtre d'ombres où chacun jouera un rôle écrit d'avance avant d'en arriver à une conclusion prévisible : aucune réduction du fardeau insoutenable de la dette, l'allongement des délais de remboursement afin de garder le contrôle du pays pour l'éternité.

Mais le IIIe Reich aussi devait durer mille ans.

lundi 9 mai 2016

Une ITV dans la presse régionale de l'Est

Parution aujourd'hui dans les journaux régionaux du groupe EBRA d'un entretien (court mais c'est la règle et je ne suis pas trahi par la condensation de mon propos !) sur la situation en Grèce et en Turquie...

Je ne vous remets pas neuf fois la mise en page ! Celle-ci est celle de L'Alsace mais c'est paru également dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace, Le Républicain lorrain, L'Est républicain, Le Bien public, Le Journal de Saône-et-Loire, Le Progrès de Lyon, Le Dauphiné libéré, Vosges Matin et Vaucluse Matin...

Précision : je ne suis pour rien dans le titre et je ne suis pas "l'auteur" des "Grecs contre l'austérité". Je ne suis que l'auteur d'une des contributions, la dernière, d'un livre qui doit tout à Marie-Laure Coulmin Koutsaftis, parce qu'elle l'a conçu, écrit dans sa majeure partie et dirigé pour la partie collective !

dimanche 8 mai 2016

La Grèce, la Turquie et l'Union européenne : chronique d'une catastrophe annoncée

Les Grecs sont dans les rues, les Grecs sont en grève, les Grecs sont vent debout contre les "réformes" que le gouvernement entend faire voter à la suite de sa capitulation de juillet. Peu importe puisque, en régime d'Union européenne, la démocratie n'existe plus, l'Etat de droit non plus, la Constitution encore moins. Peu importe puisqu'en régime d'Union européenne, la démocratie, l'Etat de droit, la Constitution ne sont plus que des paravents à la politique unique déterminée ailleurs, à Berlin et Bruxelles, dans l'entre-soi d'une Nomenklatura hors-sol, sans conscience, sans vision, sans intelligence - uniquement conduite par la cupidocratie qu'elle sert.

Démocratie d'apparences (qu'on ménage de moins en moins en Grèce, mais aussi, en France sous état d'urgence à durée indéterminée, ou aux Pays-Bas, la Commission ayant signifié dès le lendemain, comme c'est son habitude, qu'elle s'assiérait sur le référendum néerlandais) dans les Etats, l'Union européenne est une dictature de fait.

Ainsi, en Grèce, déjà, la néo-Troïka, dans sa logique délirante, en est-elle à exiger de nouvelles "réformes", toujours plus déflationnistes.

On ne change pas une logique qui perd depuis six ans.

Déboussolé, le gouvernement d'occupation présidé par Tsipras ne sait plus comment se tortiller pour faire croire à son peuple qu'il résiste et faire croire en même temps aux occupants qu'il exécute fidèlement leurs quatre volontés.

Tout cela est tragique, pathétique.

Car tout le monde sait que le train de mesures que la Vouli est requise de voter, et que le train suivant, qu'exigera dès demain l'eurogroupe n'auront aucune autre contrepartie sur la dette que de façade, au cas où Schäuble accepterait - de manière très improbable - de mettre un peu d'eau dans son schnapps. Probablement en est-il déjà à penser au train qui suivra le train suivant... et à savonner un peu plus la planche de Merkel. Car plus il est intraitable, plus la chancelière du Reich paraîtra trahir les retraités allemands, et la protection bec et ongles de leurs rentes - fût-ce au prix de l'étouffement de la production des autres Européens - en faisant la moindre concession.

Tout le monde sait que ce train de mesures, le suivant, et le suivant, et le suivant... ne feront qu'aggraver une situation que les trois mémorandums précédents et la vingtaine de plans d'austérité intermédiaires n'ont cessé de rendre plus insaisissable, cruelle pour la population, destructrice pour la démocratie.

Mais on ne change pas une politique qui perd depuis plus de six ans.

Le pire c'est que tout cela était écrit. Comme je n'ai cessé de le dire ici et ailleurs, la capitulation de Tsipras n'était pas un acte isolé - une capitulation ne l'est jamais. Ceux qui capitulent espèrent toujours la magnanimité du vainqueur en capitulant. Ils pensent toujours faire la politique du moindre mal. Argument massu de tous les Vichys de l'histoire de l'humanité.

En réalité, ils ne s'acquièrent jamais que le mépris des vainqueurs qui les écraseront toujours plus, avec toujours moins d'égards, de manière toujours plus humiliante, inhumaine, inflexible, puisqu'ils savent que celui qui est en face d'eux, en capitulant, a refusé de prendre les moyens de résister. En l'occurrence la sortie de l'euro, seule issue, et issue qui reste inéluctable, mais qui sera d'autant plus chaotique que chaque jour qui passe la rend plus difficile, parce que chaque jour qui passe sous le joug européen détruit ce qui reste de capacités productives et réduit les marges de manoeuvre du gouvernement de salut public qui finira bien par advenir.

Pourquoi la politique du moindre mal est toujours la politique du pire. Pourquoi la capitulation n'est toujours que l'acte inaugural d'une chaîne sans fin de capitulations.

Dans le même temps, la cécité européenne à l'égard de la Turquie devient chamberlinesque... Plutôt que de regarder en face les réalités d'une Turquie alliée de Daesh, pourvoyeuse d'armes et d'argent, qui a manipulé le flux de migrants et tiré profit de sa manipulation après avoir - ô combien ! - participé à le créer et à l'alimenter, plutôt que de regarder en face la dérive islamiste du régime et les délires despotiques autant que ceaucesciens d'Erdogan, la chancelière du Reich européen, sans mandat de ses partenaires qu'il conviendrait désormais d'appeler ses vassaux, n'a de cesse de nous faire lécher les babouches du néo-sultan, d'aligner les milliards en plus de ceux que l'UE déverse déjà sur la Turquie au titre de l'aide à l'union douanière.

Et voilà maintenant que les gnomes de la Commission osent prétendre que les 72 ou 74 conditions posées à la levée de l'obligation de visas pour l'entrée dans l'UE des citoyens turcs sont réunies !

Alors qu'Erdogan licencie son Premier ministre pas assez servile, alors qu'Erdogan fait lever l'immunité parlementaire du seul parti d'opposition démocratique, alors qu'Erdogan fait juger et condamner à la prison des journalistes tous les jours - les derniers pour avoir révélé les livraisons d'armes de la Turquie à Daesh et l'un d'eux s'est fait tirer dessus à l'entrée du tribunal, par un type que la police s'est bien gardée d'empêcher de tirer -, alors qu'Erdogan massacre dans le Kurdistan turc, alors qu'Erdogan islamise chaque jour davantage la société turque...

Erdogan qui estime que la priorité, pour la Turquie, est de se doter d'un régime présidentiel... dont il sera le président. Et c'est comme les trains de Schäuble : le prochain, ce sera la présidence à vie, le suivant l'hérédité de la présidence...

En attendant, si, une fois de plus, aucun vassal n'ose prendre le contrepied de la chancelière du Reich et de sa Commission, les services secrets d'Erdogan, dont seuls ceux qui ne veulent pas les voir ignorent les liens avec Daesh, pourront délivrer de vrais papiers turcs aux touroristes qui auront envie de venir passer un petit ouiquende à Paris sans même avoir à demander un visa...

Jamais depuis les visites de Chamberlain au Berghof, les dirigeants européens n'auront fait preuve d'un aussi criminel aveuglement, d'une aussi éclatante lâcheté, d'une aussi catastrophique inconscience.

Alors que, face à un Proche-Orient en ébullition/décomposition et à une Turquie de plus en plus islamofasciste qui renoue avec les démons de l'impérialisme ottoman tous azimuts - du Haut-Karabagh aux Balkans ou à la Syrie -, la Grèce est un bastion géostratégique capital pour la sécurité de l'Europe occidentale, nous ne cessons de l'enfoncer, de l'écraser, de la rendre plus ingouvernable, et de l'affaiblir face à une Turquie dont nous ne voulons pas voir quel est le jeu et dont nous nous berçons de l'illusion que, parce qu'elle appartient à l'OTAN, elle est encore une alliée.

Les réveils seront douloureux !