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lundi 27 avril 2015

Poker...

Encore une passionnante analyse de Romaric Godin dans la Tribune de ce jour.

"Si les banques grecques se retrouvent sans moyens de paiement, sans euros, Athènes n'aura aucun autre moyen que d'introduire en urgence une nouvelle monnaie nationale. La Banque de Grèce sera alors autorisée à émettre cette nouvelle monnaie pour irriguer l'économie. Dans ce cas, la Banque de Grèce deviendrait une banque extérieure à l'Eurosystème. En théorie, l'Eurosystème n'est pas concerné par l'ELA dans ce cas. Ce programme prévoit en effet que c'est la banque centrale nationale qui l'active qui est responsable seule des pertes sur l'ELA. En cas de Grexit, la Banque de Grèce se retrouvera avec une dette en devises étrangères vis-à-vis de banques qui ne pourront pas l'honorer. Elle devra donc faire elle-même défaut sur ses engagements en euros. Quels seront-ils ? Ce sont les dettes de la Banque de Grèce vis-à-vis de la BCE dans le cadre du système Target 2.

(...)

Sans compter que la BCE devra sans doute aussi tenter de contenir les effets du « Grexit » sur les marchés, notamment le risque de contagion. On les a largement sous-estimés en raison de l'existence de « pare-feu », mais ils ne sont pas neutres, comme le prouve la récente augmentation des écarts de taux avec l'Allemagne et la nervosité extrême des marchés à toute mauvaise nouvelle sur la Grèce. Ce qui est en jeu, il faut le rappeler, c'est l'irréversibilité de l'euro et le maintien de la parole de Mario Draghi de prendre « tout ce qu'il faudra » (« whatever it takes », comme il l'a dit en juillet 2012) pour « sauver l'euro. » Un Grexit sera perçu comme une remise en cause de cette doctrine. Au-delà des effets financiers, c'est la crédibilité de la BCE qui sera en jeu, autrement dit son capital le plus précieux.

C'est cela que la BCE met en jeu désormais. Le risque pris et le prix potentiel à payer est incontestablement démesuré par rapport à ce que cherche la BCE et les créanciers : l'acceptation de réformes symboliques pour obtenir une victoire surtout politique. Les contribuables européens sont-ils prêts à prendre un risque de 320 milliards d'euros pour obtenir la capitulation politique de Syriza ? Leurs dirigeants se gardent bien de leur poser la question."

dimanche 19 avril 2015

Nouvelles de Grèce et d'Espagne

Désormais, pour vous informer sur la Grèce, un nouvel instrument, très précieux existe : L'Arène nue de Coralie Delaume publie régulièrement une revue de presse grecque en français, établie et traduite par un philhellène marseillais, répondant sur Facebook au pseudo de Cristobalacci El Massaliote. Merci à eux deux de ce travail de salut public, à l'heure où la presse dominante française, à coups ininterrompus de Grosse Bertha n'a pour seul objectif que de désinformer, insulter, discréditer.

Et en Espagne, l'x-directeur général du FMI, prédécesseur à ce poste de Strauss Kahn et Lagarde, référence absolue du Parti populaire espagnol, chantre de l'austérité, pour les autres, ministre de Finances et vice-Premier ministre d'Aznar entre 1996 et 2003, qui le qualifiait de "meilleur d'entre nous" ou presque, ex-président de Bankia qu'il a menée à la faillite, c'est-à-dire au rachat de ses pertes abyssales par les contribuables espagnols (20 milliards d'euros) conformément à l'éternelle règle européenne et capitaliste de la privatisation des bénéfices et de la nationalisation des pertes... a été arrêté hier et maintenu en garde à vue durant huit heures. Il est accusé d'avoir utilisé à des fins personnelles, avec 80 autres administrateurs de Bankia, des cartes bancaires "occultes" (les petits actionnaires spoliés apprécieront), d'escroquerie, de détournements de fonds et de falsification de compte commis à l'occasion de l'entrée en bourse de la banque Bankia qu'il a dirigé de 2010 à 2012. Il avait en outre bénéficié d'une amnistie fiscale en 2012 de la part du très austéritaire et très européene gouvernement de Mariano Rajoy.

La Nomenklatura européenne de droite ou soi-disant de gauche est partout la même : elle fait crever les peuples de l'austérité et se gave de privilèges et de d'escroqueries établies en système de gouvernement.

vendredi 17 avril 2015

Antigermanisme primaire et viscéral

Le titre est cyranesque : "Je me les sers moi-même, avec assez de verve/Mais je ne permets pas qu'un autre me les serve".

"La France serait contente que quelqu'un force le Parlement, mais c'est difficile, c'est la démocratie", a déclaré hier le très détestable, très borné et très bête M. Schäuble.

Fichtre !

Vous me direz que, comme ça, au moins c'est clair ! Et il compte s'y prendre comment ? Panzer, Messerschmitt et Gestapo peut-être ???

En réalité, M. Schäuble exprime ainsi une vision allemande de l'Europe, fondée sur une hiérarchie des peuples, un néoimpérialisme lui-même ancré dans la conviction de détenir la vérité et d'être donc parfaitement légitimé à imposer aux autres sa vision, ses décisions, certes par des moyens différents des autres tentatives impérialistes de l'Allemagne en Europe, par le fer, la terreur et le sang. Evidemment, l'Allemagne d'aujourd'hui n'a rien à voir avec l'Allemagne de 1940, mais tout aussi évidemment, la manière dont sa presse et ses responsables voient les autres, leur enjoignent de faire ce que l'Allemagne pense bon et de la manière dont l'Allemagne conçoit le bon, est effectivement une nouvelle forme d'impérialisme. Nous serions bien avisés de nous en rendre compte avant qu'il soit trop tard.

En suite de quoi... "La France déteste qu'on la force", a répondu aujourd'hui M. Sapin, ajoutant qu'il le faisait "amicalement".

C'est bien le moins qu'on pouvait attendre d'un ministre élu du peuple français devant ce souhait extravagant, scandaleux, inimaginable exprimé par un ministre allemand, qu'on procède en réalité à un coup d'Etat. Il est vrai que le même a déjà demandé le renvoi du ministre des Finances grec qui a le malheur de ne pas lui convenir et de ne pas exécuter ses ordres. Il est vrai qu'on s'est également assis, en France, sur le vote du peuple, il y a dix ans, contre le traité dit constitutionnel européen.

"Connaissant bien Wolfgang Schäuble, c'était plutôt une forme d'encouragement" a osé conclure l'inénarrable M. Sapin ; l'abdication joyeuse des "élites" françaises m'en rappelle chaque jour davantage une autre : M. Sapin aurait ainsi pu ajouter, par exemple, à sa réponse amicale, qu'elle était faite dans un esprit de collaboration.

Dans cette affaire, les médias français révèlent en outre un niveau de soumission jamais égalé depuis... justement la Collaboration. Tandis que Quatremer et sa bande de nuls continuent de vaticiner contre les Grecs dans Libération, les autres journaux de la presse dominante s'étouffent de rage et traitent d'irrécupérables germanophobes ceux qui ont le courage de dénoncer comme inouïs, scandaleux, liberticides les propos d'un ministre allemand selon lesquels il faudrait "forcer" le Parlement français à adopter les réformes que l'Allemagne juge indispensable et que le peuple français en serait ravi - vieille resucée, en réalité, de la femme qui n'attendrait et n'aimerait rien tant qu'être culbutée et violée par un soudard, de préférence prussien.

Finira-t-on par s'aviser, ici, que cette presse si prompte à défendre le "devoir de mémoire" se rue à l'abaissement comme le faisait Je suis partout ou La Gerbe ?... avec la circonstance aggravante, par rapport à la presse collaborationniste, qu'elle n'y est "forcée" par rien, qu'elle s'avilit sans même qu'on l'y invite.

Chaque jour, notre pays ressemble davantage à celui de L'Etrange Défaite de Marc Bloch.

En attendant, on apprend que Bercy veut supprimer le 100% pour les affections de longue durée.

On taxait déjà les malades chroniques par la franchise médicale, on va maintenant mettre à mort le 100 %, avec une franchise non remboursable de 570 euros par an... pour commencer !

Diabétiques, séropositifs sous traitement, cardiaques, cancéreux... préparez-vous à devoir mettre la main au portefeuille. Ou à crever. C'est pas beau le socialisme germano-européen ?! C'est pas beau la dérive grecque ?! Déjà, dans le laboratoire grec, on ampute des diabétiques non soignés, d'autres deviennent aveugles, nombre de cancéreux ne sont plus pris en charge...

Les voilà, ces fameuses réformes que M. Schäuble voudrait tant qu'on force le Parlement français à les adopter. Le voilà le modèle : voilà l'Europe ! C'est ça et rien d'autre. La destruction de la démocratie - qu'on force - et de l'Etat social qu'on démantèle par petits bouts à coups de réformes scélérates. C'est ça et continuer à parler d'une autre Europe, d'une réforme de l'Europe est une illusion, parce que l'Europe n'a été "construite" que pour servir - exactement - à quoi elle sert : ça !

Pour le reste, ma semaine fut un peu folle...

- un colloque passionnant, sur la soutenabilité de l'euro au miroir de la situation grecque, à la Fondation Res Publica de Jean-Pierre Chevènement, qui m'aura donné l'occasion de rencontrer cet homme que j'admire et dont je partage nombre de convictions depuis longtemps. Jean-Michel Quatrepoint y a fait l'état des lieux en matière de dette ; j'ai tenté de brosser un tableau de l'évolution de l'économie grecque depuis 1945 et du rôle fondamental de l'euro dans son naufrage, aggravé par les politiques de la Troïka à partir de la crise de 2009 ; Thanos Contargyris a décrit la situation en Grèce depuis la victoire de la coalition Syriza-Grecs indépendants de l'ANEL et la perception par l'opinion de l'euro, du possible défaut, de la sortie éventuelle de la monnaie unique ; Dominique Garabiol a exploré les voies d'une sortie par le haut : le passage de la monnaie unique à une monnaie commune. Ce fut riche et passionnant, plein d'enseignements pour moi. J'avertirai ici de la publication à venir des actes ;

- deux cours mardi, sur la politique extérieure soviétique dans les années 1030-1940, puis sur les interventions extérieures dans le conflit israélo-palestinien ;

- une conférence hier sur l'évolution de l'Iran, du shah à la République islamique...

Ce qui vous explique que je ne fus guère présent ici.

Et pour le reste, les médias nous confirment que nous sommes bien en déflation... une déflation indissolublement liée à la politique germano-européenne imposée en zone euro. Mais les médias précisent aussitôt que la baisse des prix ralentit. Ouf ! Après la baisse de la hausse du chômage, nous voilà définitivement rassurés !!!

Quant au reste du reste du monde : ça dézingue sec à Kiev ces jours-ci.

Hier, une amie m'écrivait ceci : "Hier soir a été assassiné l'ex-député ukrainien du parti des régions (parti de Ianoukovitch) Oleg Kalachnikov alors qu'il rentrait chez lui. (Ces derniers mois plusieurs ex-députés anti-Maïdan qui avaient été maltraités et humiliés ces derniers mois et semaines se sont suicidés). Aujourd'hui, vers midi, a été assassiné le jeune journaliste ukrainien Olessia Buzina, alors qu'il sortait de chez lui. Scénario semblable: deux hommes masqués à bord d'une voiture immatriculée, semble-t-il, dans un pays balte ou en Biélorussie. Le Ministère de l'intérieur ukrainien a confirmé la nouvelle, mais n'a pas révélé l'identité de la victime! L'âge de la victime (environ 35 ans) et sa profession (écrivain) ont juste été mentionnés... Buzina, très connu, se disait à la fois ukrainien et russe et était partisan du fédéralisme. Il était indépendant et parlait les deux langues. Il était notamment l'auteur d'un essai sur Tarass Boulba, le livre célèbre de Gogol. Il participait à des émissions de la télévision russe. Il y a une semaine, la jeune pianiste de l'orchestre philharmonique de Toronto, Valentina Lissitsa, de nationalité américaine et d'origine ukrainienne a été interdite de concert (alors que tous les billets étaient vendus) pour avoir exprimé sur Facebook ses sympathies pour le Donbass. Le lobby ukrainien au Canada était intervenu auprès de la direction de l'orchestre."

Mais les médias français font silence. Serait-ce que les néonazis sont des méchants... sauf en Ukraine ? Serait-ce comme l'incendie de la Maison des syndicats à Odessa qui n'intéresse personne ? Je me demande bien pourquoi. Comme disait Blaise : Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà.

Vous ne trouverez rien non plus, dans la presse de notre beau pays, sur l'explosion d'arrivée de migrants en Grèce - l'Italie oui... mais ces salopards de Grecs qui mordent la main qui les "aide" qu'ils aillent se faire voir... chez les Grecs, justement !

Or, ces derniers temps, le rythme des arrivées, manipulées par la Turquie d'Erdogan (l'islamiste modéré, que Bernard Guetta et la presse de notre beau pays ont longtemps présenté comme l'équivalent d'un inoffensif démocrate-chrétien, soutien de Daesh, blanchisseur de son pétrole de contrebande, négationniste menaçant le pape qui a reconnu le génocide arménien, mégalomane, corrompu à la tête d'un gouvernement corrompu, qui a fait tirer sur son peuple sans que ça émeuve beaucoup la presse de notre beau pays, j'en passe et des pires...), s'accélère : cela fera 100.000 fin 2015 si le rythme actuel se maintient !

Et la solidarité des donneurs de leçons en tout genre de Berlin, de Bruxelles, de Paris, etc., étant comme d'habitude égale à zéro, le gouvernement grec envisage de délivrer des papiers aux arrivants afin qu'ils ne restent pas pris dans la nasse grecque (pays Schengen mais sans frontière terrestre avec le reste de la zone...) Chiche ! qu'on rigole un peu à voir ceux qui arrivent, quitter l'Italie et la Grèce qu'on laisse gérer seules un problème insurmontable par elles, pour des cieux septentrionaux.

Enfin il y eut ce vrai moment de grâce : l'attaque d'une jeune et courageuse jeune fille contre un pleutre tout-puissant, le Goldman-Sachs boy président de la BCE qui cherche à étouffer la Grèce et à réduire à néant le vote du peuple grec. Halte à la dictature de la BCE ! On ne s'en lasse pas ! On en sourit ! On en redemande ! avec une bonne paire de gifles, ou une tarte à quelque-chose de très nauséabond ???

Ce serait bien que ces gens-là prennent conscience qu'on les hait, eux et ce qu'ils incarnent, et que le jour où les peuples bougeront...

samedi 11 avril 2015

Résurrection ?

Pâques orthodoxe : demain, la Grèce fêtera la résurrection. Quant à celle que marquera la sortie de l'euro...

Ce qui est clair c'est que le bras de fer se joue sur tous les fronts.

Ces derniers jours, on a vu une presse dominante française, qui n'a plus beaucoup à creuser pour atteindre le niveau d'abjection de celle de la Collaboration, se déchaîner contre Tsipras, son voyage à Moscou, traiter Varoufakis de "mac" (Le Monde, tout de même, ce qui en dit long sur l'état de cet organe de propagande), mêler l'insulte à la désinformation (L'Obs), pratiquer l'amalgame et la diffamation...

Pendant ce temps-là, le petit énervé incompétent qui nous sert de Premier ministre - chaque jour plus semblable à son modèle sarkozien - en remettait une louche sur les exigences allemandes, afin de ne surtout pas paraître en reste. Au Portugal où, contrairement à la propagande, l'échec de la politique de déflation euro-allemande est aussi complet qu'en Grèce, il a appelé le gouvernement grec à remettre une liste de "réformes" plus "profondes". Tu la sens bien, là, ma réforme ? elle est assez profonde ? On ne dira jamais assez combien l'usage de mots comme "réforme", pour désigner la destruction de l'Etat social, de la classe moyenne, du droit du travail, de la démocratie... est un symptôme de la maladie européenne, mortelle, dont sont atteintes nos "élites" politiques, médiatiques ou intellectuelles. Le détournement de sens qui fait passer le retour vers un capitalisme du XIXe siècle, sans frein ni vergogne, pour une idée d'avenir, une indispensable réforme prendra sans nul doute, dans l'histoire de l'humanité, comme l'une des escroqueries intellectuelles majeures, à l'image du fascisme qui prétendait mettre fin à la lutte des classe, ou du lénino-stalinisme qui prétendait réaliser par la terreur la société sans classe.

Pendant le même temps, des fuites vers le Times faisaient état d'un plan européen, à l'initiative des Finlandais (pour ne pas mouiller directement le patron allemand), afin de faire sortir la Grèce de l'euro, puis la BCE, les charognards de la tour de Francfort à 1,2 milliards payés par la sueur et le sang des peuples européens, manifestaient leur hostilité à un projet de loi dont le Parlement grec délibérera bientôt (il délibère depuis jeudi d'un projet de loi prévoyant la réintégration de 4000 fonctionnaires licenciés, illégalement, ces dernières années, sur l'ordre de la Troïka), et qui protégerait de la saisie immobilière de leur résidence principale les particuliers endettés propriétaires d'un bien d'une valeur inférieure à 300.000 euros au prétexte que, dans la novlangue des maîtres, cette mesure serait "susceptible de créer un aléa moral et pourrait déboucher sur des défauts stratégiques, mettant à mal à culture du paiement et la future croissance du crédit".

On voit bien comment les attaques contre le gouvernement que se sont donnés démocratiquement les Grecs, sont désormais sans répit, qu'elles viennent de toute part, visant à la fois à l'étrangler et à le discréditer afin de légitimer l'étranglement.

Face à cette guerre qui se mène, de Berlin, de Bruxelles, de Francfort et hélas aussi de Paris, contre le peuple grec, qui ne dit pas son nom parce qu'elle se mène avec d'autres armes que les chars, les bombardiers et les drones,cau final, comme on l'a si souvent écrit, ici et ailleurs, depuis le 25 janvier, il n'y a qu'un choix : capituler ou sortir de l'euro. Et qu'une seule question : combien de temps encore le gouvernement grec pense-t-il pouvoir manoeuvrer pour repousser l'heure du choix ?

Tout montre que l'heure du choix est proche.

Si le gouvernement grec n'a pas préparé cette issue, il a eu tort, et s'il continue à penser qu'il peut trouver un arrangement sans capituler sur toute la ligne, il se trompe.