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mercredi 26 avril 2017

Macron ou le syndrome européen

En Grèce, En Marche ! s'appelle Potami (Le Fleuve) et Macron Théodorakis, mais c'était déjà allé trop loin en 2015 pour que les gens s'y laissent prendre. Alors il y a eu Tsipras qui, au final, a joué le même rôle.

En Italie, Macron s’appelle Renzi et c’est venu par un coup d’Etat intérieur au parti dit de gauche PDS ; ça c'est très vite usé.

En Espagne, Marcron s’appelle Rivera, En Marche ! porte le nom de Ciudadanos (Citoyens), et ça a suffisamment marché pour permettre à la droite de rester au pouvoir grâce au soutien faux-cul des socialistes.

Chaque fois, il s’est agi de faire croire qu’on faisait du neuf afin de donner un répit au vieil empire germano-européen en voie d’effondrement sur lui-même mais dont les peuples ne parviennent pas à comprendre qu’il faut se débarrasser pour retrouver des marges de maîtrise de leur propre destin. Chaque fois, il s’est agi de fournir une roue de secours au carrosse du désastre qui nous emporte à toute berzingue vers l’abîme.

Partout, ça s’installe grâce au ralliement de la nomenklatura affolée de voir le peuple remettre en question sa position dominante – son dû.

Partout, les très vieilles recettes, usées jusqu’à la trame, portées par des oligarques cacochymes blanchis sous le harnais de 40 ans d’échecs euro-ordolibéraux, avec le soutien des idiots utiles, se cachent derrière le même jeune visage lisse aux yeux vides. Avec en France, une touche hystérique de ridicule pseudo-messianique.

Tout ça avec l'argent de qui ? Comment monte-t-on en un rien de temps ce genre de mouvement kleenex ?

Avec, ici et maintenant, la muleta du pseudo-fascisme qu’on agite sous les naseaux du taureau pour être certain qu’il se précipite bien, avec l'élan voulu, droit sur l’épée du matador germano-bruxellois. Mais le vote Le Pen ne sort pas de nulle part, comme l'écrit si bien aujourd'hui Jacques Sapir, et, nonobstant les jappements frénétiques de toutes les sortes de chiens de garde, on ne fait pas barrage avec la politique qui ne cesse depuis des lustres d'amener l'eau au moulin du FN.

Enfin si ça ne marche pas, derrière, il y a toujours celui qui fait croire qu’une "alternance à gauche" est possible, mais qui, comme il ne veut pas/ne peut pas (intellectuellement) rompre avec le dogme européen, est/sera broyé (avec ou sans son consentement) pendant qu'il croit négocier quelque chose, par des moyens de coercition financiers et monétaires préparés de longue main à l'usage de ceux qui croient encore, après l'expérience grecque, que parce qu'ils sont eux et parlent haut, on les écoutera.

Mais dans ce cas-là aussi c’est bingo puisque, comme en Grèce, le système germano-européen tue toute idée même de "gauche" pour au moins 30 ans : anthropologiquement plié, comme l'écrit l'ami Panagiotis Grigoriou.

Car il n'y a rien à négocier ; il n'y a qu'à partir ou à subir.

La seule solution pour briser ce cercle infernal et vicieux qu'on nous présente comme le cercle de la raison, c'est d'expliquer clairement avant d'arriver au pouvoir pourquoi et comment il faut en sortir, c'est de le rompre en arrivant au pouvoir par des mesures immédiates et radicales de sauvegarde – à commencer par le rétablissement de la monnaie nationale et le contrôle des changes. Et puis ensuite on négocie : les termes du divorce. C'est-à-dire la seule chose qu'il y a à négocier avec ce bastringue européen. Faute de quoi on est cuit. Qu'on le veuille ou non, qu'on en ait conscience ou non.

Il n'y a ni réforme possible ni issue démocratique dans le cadre du carcan européen : un carcan, ça se brise ou on y crève.

lundi 24 avril 2017

Lendemain d'élection

Macron rassemble ce soir moins de 25 % de 80 % des inscrits : légitimité d'une huître.

Il ne gagnera de toute façon que par défaut. S'il gagne. Ce dont je ne suis nullement convaincu.

Une grande partie des électeurs de tel ou tel n'ira pas voter et comme l'a montré une récente étude l'abstention différentielle risque de lui faire très mal.

De toute façon sa victoire ne sera que mathématique, pas politique. Et avec quelle majorité gouvernera-t-il ? Un président de la Ve république (qui n'a rien d'une "monarchie présidentielle") n'a que bien peu de pouvoirs sans majorité parlementaire.

Tout cela ne fait que commencer.

Soir d'élection

Pour moi, trois leçons du scrutin d'aujourd'hui.

1/ L'élection présidentielle reste l'élection de loin la plus mobilisatrice en France. Qu'on s'en félicite ou qu'on le déplore, c'est ainsi. Il est du coup très contradictoire de vouloir gagner cette élection tout en refusant d'incarner la fonction à laquelle elle donne accès puisqu'on annonce vouloir détruire cette "monarchie présidentielle" qui n'existe pas. Elle n'existe pas car la Ve République n'est pas une monarchie présidentielle mais un parlementarisme rationalisé : le président de la République n'a guère de pouvoirs sans majorité législative comme l'ont prouvé les 3 cohabitations passées et comme le prouvera la prochaine qui pourrait bien ne guère tarder.

2/ Dans une période où une grande partie de l'électorat attend plus de sécurité, plus de protection, c'était à mon avis une erreur fondamentale de mettre en avant un "processus constituant" des plus fumeux et des plus inutiles en plus d'être totalement insécurisant, puisqu'il prive de vision d'avenir sur la manière dont le pays sera gouverné. Ceci alors que la Constitution sous laquelle nous vivons depuis 1958 est à la fois démocratique, souple et efficace. On pouvait aller au peuple avec un programme précis de révision constitutionnelle (quel qu'en soit le contenu et j'ai, comme tout le monde, mon avis sur la question). Le jeu de la table rase institutionnelle, alors que la question institutionnelle n'est en rien au centre des préoccupations des Français, qui savent bien qu'aujourd'hui l'essentiel des solutions à leurs problème est ailleurs, était à la fois inutile et risqué.

3/ On a raté dans cette campagne l'enjeu majeur qui était de proposer clairement une sortie de l'euro et de l'UE par la gauche. Avec le temps de parole que supposait la participation à cette élection, on disposait du moyen d'enclencher la pédagogie nécessaire à cette sortie, en expliquant clairement pourquoi aucune autre politique n'est possible dans l'UE et que cette UE est irréformable. Je ne partage pas l'idée selon laquelle ce discours-là aurait conduit à un suicide électoral parce que je pense qu'une très large partie de l'opinion est prête à l'entendre et qu'on ne reconquerra pas l'électorat parti au FN sans le tenir. On a préféré rester dans l'illusion du Plan A et le totalement fantomatique Plan B, sous prétexte de nécessité de conquérir un électorat de toute façon hostile à une sortie. J'ai toujours été persuadé pour ma part, tout en risquant les foudres de mes amis Insoumis, qu'on ne peut gagner sur des équivoques et que, tant qu'à perdre, mieux vaut perdre sur des convictions clairement exprimées. Ce soir, on a perdu, mais on a perdu aussi l'occasion de faire la pédagogie de l'indispensable sortie qui serait si utile pour l'avenir. Et une fois encore on a abandonné le terrain de la souveraineté au FN qui, demain, pourra se targuer d'être le seul défenseur de la Nation face à l'euromondialisme et à son mandataire.