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vendredi 30 janvier 2015

Juncker vous révèle l'essence de l'Union européenne

Hier, Juncker, le parrain de l'évasion fiscale en Europe, celui qui a tant contribué à creuser la dette grecque en permettant aux entreprises grecques de venir payer leurs impôts dans la grande lessiveuse à argent sale, de la fraude et du crime organisé, installée au coeur de l'Europe, avant de devenir président d'une Commission européenne sans la moindre légitimité démocratique a déclaré :

« Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. »

Ca va ? Vous avez compris cette fois ?

Dans le même temps, tous les chiens de garde de la presse se déchaîne : Tsipras le populiste, l'allié de la droite xénophobe (tiens, cela leur a échappé que les nazis d'Aube dorée étaient manipulés par le cabinet de leur chouchou Samaras, alors que Kamménos et ses Grecs indépendants sont l'équivalent de gaullistes sociaux, démocratiquement irréprochables), l'ultra orthodoxe (Premier ministre grec, depuis l'indépendance en 1830, à prêter un serment laïc et qui n'ira pas se faire adouber par le patriarche), le pro-slave (et hop ! une petite louche de racisme sans avoir l'air d'y toucher), le Pro-Poutine qui a des faiblesses pour le Kremlin héritées du stalinisme... bientôt l'ogre rouge au couteau entre les dents qui va venir dévorer les petits enfants luxembourgeois et allemands ! en attendant le trostko-maoïste et pour pourquoi pas le complot judéo-maçonnique ?

Les chiens de garde de la propagande germano-eurolâtre sont en train de perdre leurs nerfs : c'est bon signe !

Forcément, que dit Varoufakis, le Ministre Grec de l'Economie et des Finances, à Jeroen Dijsselbloem, le président néerlandais de l'Eurogroupe ?

« Nous ne reconnaissons pas la Troïka, il est inutile d'envoyer des inspecteurs à Athènes. Nous travaillons sur un nouvel accord qui s'appliquera à tous ».

C'est qu'il n'est plus question ici, comme l'écrivait hier, sur son blog, Jacques Sapir, de mesures sociales ou de symboles. Il est question de la récupération par les peuples, le grec en l'occurrence, de la souveraineté qui leur a été confisquée par les oligarques germano-européens. Alors forcément, comme vous le verrez sur la photo ci-après de Varoufakis, insulté par un Dijsselbloem qu'on suppose furibard, les oligarques n'aiment pas ça, mais pas du tout.

En réalité, l'affrontement avec les oligarques germano-allemands arrive inexorablement... ce dont j'ai toujours été persuadé, dès lors que Syriza gouvernerait pour le peuple, dès lors que Syriza ne trahirait pas d'entrée (comme l'ont fait Hollande et tous les autres socio-démocrates) les engagements pris la veille devant le peuple. Il n'y a plus de démocratie réelle en Europe, car ce qu'il est convenu d'appeler l'Europe est antidémocratique. Depuis toujours, elle n'a visé qu'un but : empêcher toute alternance des politiques en maintenant l'apparence de l'alternance des équipes.

Aussi, dès lors que l'alternance vise les politiques, et plus les hommes, l'Europe fera-t-elle tout pour éliminer ceux qui sont résolus à montrer, contrairement au TINA thatchérien, devenu Merkello-bruxellois, qu'il y a une alternative.

mercredi 28 janvier 2015

Et maintenant ?

Il y a depuis deux jours des signes qui vont tous dans le même sens : une politique de rupture avec celle qui a conduit le peuple grec à la catastrophe économique et humanitaire, conduite par l'Europe sous la conduite de la schlag déflationniste absurde et criminelle d'une Allemagne autiste, convaincue de sa vertu.

Voici les premières décisions annoncées : arrêt immédiat de la privatisation du Piréeet et du port de Thessalonique, réembauche des femmes de ménages et des fonctionnaires licenciés sur ordre de la Troïka, octroi de la nationalité aux enfants d'immigrés, rétablissement de l'électricité chez les foyers en détresse, seconde chance aux étudiants qui ont échoué à leurs examens parce qu'ils étaient obligés de travailler, suppression des deux examens d'entrée dans l'enseignement supérieur, vieil obstacle à la démocratisation de ce dernier, rétablissement du salaire minimum à 751 euros avec effet immédiat « pour atténuer la crise humanitaire dans le pays »...

Ca va vite et fort !

Tsipras n'est pas un traître à la Hollande/Macro,/Sapin et consort... Et tous ceux qui bêlent depuis deux deux jours contre l'entrée des Grecs indépendants dans la coalition, en confondant à dessein ce parti démocratique et souverainiste avec un parti semi-fasciste (alors que c'est le parti de droite au pouvoir hier dans le protectorat merkellien, avec les socialistes, qui est truffé de partisans d'une radicalisation autoritaire et parafasciste... ce qui, curieusement, ne gênait personne jusqu'à dimanche), en sont déjà pour leurs frais d'ignorance de la situation grecque. Ces annonces, comme la composition du Gouvernement hier, portent la marque de la justice sociale et de l'humanisme.

Les deux questions qui se posent à mes yeux sont :

1/ Syriza ira-t-il au bout de la logique ou cédera-t-il aux pressions, intimidations des oligarques euro-allemands et des spéculateurs qui, de manière très prévisible, se déchaînent depuis ce matin ?

2/ Le nouveau Gouvernement a-t-il conscience qu'aucune "autre politique" n'est possible dans la cage de fer, dans le carcan de l'euro ?

Comme je ne crois nullement que Merkel sortira de son autisme aussi stupide que criminel et qu'elle acceptera les réformes nécessaires pour que l'euro soit viable, cesse d'enrichir les riches (l'Allemagne et l'ex zone mark) et d'appauvrir tous les autres - réformes qui seraient de toute façon électoralement suicidaires pour elle -, j'espère que Tsipras et son équipe sont conscients qu'il faudra gérer un retour forcément chaotique à la drachme, condition à mes yeux indispensables à un rebond de l'économie grecque, comme il l'est pour l'Italie, l'Espagne, le Portugal, la France.

J'espère qu'ils commencent dès aujourd'hui à préparer ce retour, techniquement, car on ne peut pas aller à une négociation aussi capitale en ayant qu'une option : trouver un accord très improbable avec l'autisme merkellien. C'est ce qui a signé, en 2009, l'arrêt de mort de Papandréou. Car si on n'a pas d'autre option dans une négociation, on se met forcément dans la situation de devoir accepter le Diktat de celui qui est en face et qui sait que vous n'avez pas d'autre option.

Cette épreuve de force-là, c'est Hollande qui aurait dû l'engager dès son élection. Mais il a immédiatement trahi et capitulé sans combattre. C'est dommage parce que cela a fait perdre beaucoup de temps à tout le monde, mais c'est ainsi.

Aujourd'hui c'est à Tsipras de le faire, dans des conditions beaucoup moins favorables, mais Thémistocle et les Athéniens ont arrêté l'immense Empire perse à Salamine, les Grecs ont battu en Albanie les fascistes mille fois mieux armés en 1940-1941, Glézos a décroché la croix gammée de l'Acropole... la puissance n'est pas tout en histoire ; c'est toujours la volonté politique du plus résolu qui prime. Le faible n'est ni désarmé ni vaincu d'avance devant le fort.

J'espère donc ardemment que Tsipras ne calera pas, qu'il ne capitulera pas, qu'il sortira de l'euro s'il le faut, ce qui aurait l'immense avantage de nous débarrasser enfin de cette monnaie puissamment dysfonctionnelle. Car je ne doute guère qu'il y ait un effet domino : la réévaluation brutale qu'entraînerait une sortie de la Grèce sera insupportable pour l'Italie, l'Espagne, le Portugal, la France... Et une fois qu'on aura liquidé cette monnaie d'oligarques pour une Europe d'oligarques, on pourra enfin parler de restauration de la démocratie - la politique économique n'étant plus dictée par une monnaie imbécile ou des traités, mais revenant dans le champ du débat démocratique et de la souveraineté populaire - et d'Europe des peuples.

Gouvernement de combat

Je pensais que la victoire de Syriza était indispensable.

J'avais des doutes sur la réalité de la volonté de changer vraiment les choses et sur l'aptitude à exercer le pouvoir.

Mais l'intelligence et la résolution d'Alexis Tsipras sautent aux yeux depuis deux jours. Pour moi, tous les signaux sont positifs et, je l'avoue, je suis bluffé.

La journée de la prise de fonction a été superbe et habile.

La première séquence fut la rencontre menée tambour battant avec le patriote souverainiste de droite Panos Kamménos qui entre au Gouvernement, réalisant ainsi l'union des patriotes des deux rives dont nous avons tant besoin en France. Je me réjouis donc que Nicolas Dupont-Aignan ait dit hier, avec intelligence et responsabilité, qu'il ne l'écartait pas. Ceux qui se disent encore gaullistes à l'intérieur du ramassis néoconservateur, néolibéral, atlantiste et eurolâtre qu'est l'UMP seraient bien avisés d'en faire autant s'ils tenaient à un minimum de cohérence entre leurs soi-disant convictions et leur positionnement. Quant à moi, gaulliste de gauche depuis toujours, je me souviens avoir été choqué du traitement indigne réservé à N. Dupont-Aignan par les militants "de gauche", lors des premières manifestations antiaustéritaires de soutien au peuple grec devant l'ambassade de Grèce, et avoir essayé alors, en vain, d'expliquer à mes amis "de gauche" que le souverainisme dit "de droite" est l'allié naturel face à Merkel et aux gnomes de Bruxelles, que les vieux clivages sont morts et que le seul qui vaille, dans la situation actuelle qui exige le salut public et la récupération de la souveraineté abandonnée par des Gouvernements de rencontres, depuis quarante ans, aux oligarques européens exige ce rapprochement, cette alliance des patriotes face aux capitulards. Ensuite reprendra le débat sur les options politiques, sociales, écologiques, sociétales, dans le cadre d'une souveraineté populaire restaurée et d'une Europe des oligarques et des lobbys détruite jusque dans ses fondations viciées pour pouvoir être reconstruite ensuite, par et pour les peuples.

La deuxième séquence fut la rencontre avec l'archevêque Iéronymos, hommage au rôle de l'Eglise orthodoxe dans l'identité du peuple grec, qui reste fondamental, pour l'informer qu'il ne prêterait pas serment entre ses mains et sur les Evangiles. Elle déboucha sur la troisième : pour la première fois depuis 1830, une prestation de serment laïque sur la Constitution (mais en même temps les ministres qui le veulent pourront prêter serment selon le rite traditionnel). Ainsi Tsipras envoyait-il deux messages : l'Orthodoxie est et reste un élément de notre identité nationale ; un Etat moderne n'est pas un Etat confessionnel et doit séparer les affaires de l'Etat de celles de l'Eglise. A ce geste, à la fois fort - de volonté politique - et respectueux - de la tradition -, l'archevêque Iéronymos, homme de dialogue, qui a déjà montré qu'il n'était pas hostile à une prise de distance temporel/spirituel, et qui a une sensibilité sociale qu'on peut qualifier sans excès "de gauche", que l'Eglise serait plus que jamais au côté des pauvres. Même si l'épiscopat n'est pas, loin de là, dans sa totalité, sur les mêmes positions (mais les Occidentaux devraient comprendre une fois pour toutes que l'Eglise orthodoxe, en Grèce comme ailleurs, n'est pas pyramidale et disciplinée comme la catholique, elle est horizontale et collégiale, pour ne pas dire démocratique), cette réaction du premier d'entre ses collègues dans l'Eglise de Grèce est l'assurance que Tsipras n'aura pas à faire face à une fronde ecclésiastique généralisée, ce qui, dans les batailles à venir avec Berlin et Bruxelles, aurait pu être un handicap. Au demeurant, l'Eglise grecque a une longue tradition de résistance et de patriotisme et ne s'est jamais caractérisée, c'est le moins qu'on puisse dire, par son enthousiasme européen. Sa fraction la plus réactionnaire, notamment, qui pourrait être tentée par une guerre antisyriziste est franchement antieuropéenne : elle se trouvera donc en porte-à-faux si Tsipras mène une politique de restauration de la dignité nationale face au gouvernement colonial de la Troïka, aux insultes et aux humiliations que Berlin et Bruxelles n'ont pas ménagées aux Grecs depuis cinq ans et qui ont été, à l'évidence, un des éléments déterminants du scrutin de dimanche qui est aussi un sursaut patriotique contre la mise en tutelle, les ingérences des Merkel, Schaüble, Juncker et autres Moscovici. Pour les réactionnaires de l'Eglise, il sera quand même très difficile de devenir les défenseurs de l'ordre merkelojunckerien face à un gouvernement Syriza ! D'autant que le très orthodoxe et très utile Kamménos est justement là pour les calmer.

La quatrième séquence fut le dépôt de roses rouges au champ de tir de Kaisariani, où les Allemands ont fusillé des centaines de résistants communistes. Le message s'adressait à la partie de la société, héritière de cette mémoire, exclue de la communauté nationale jusqu'en 1981 et qui, pour partie, vote encore KKE, ce vieux parti stalinien qui s'acharne à répéter en boucle que la droite et Syriza c'est du pareil au même. Le message était aussi adressé à l'autiste et amnésique Merkel qui considère qu'avoir mis à feu et à sang l'Europe deux fois dans un siècle qualifie l'Allemagne pour dicter ses politiques stupides et criminelles (les mêmes politiques de déflation qui ont transformé le parti nazi de groupuscule en parti de masse et l'ont amené au pouvoir) aux Européens, une Allemagne qui a martyrisé et détruit la Grèce de fond en comble (c'est le pays où les pertes humaines ont été proportionnellement les plus fortes après la Russie et la Pologne) sans avoir jamais ni indemnisé les victimes, ni puni les criminels de guerre qui ont sévi en Grèce, ni remboursé l'emprunt forcé imposé à la Banque de Grèce, ni payé ses dettes.

Puis, hier, Tsipras a constitué son Gouvernement, un Gouvernement qui m'apparaît fort bien composé : rien n'est improvisé, tout a manifestement été pesé de longue date, les compétences sont éclatantes.

Kamménos (Grecs indépendants) a, comme je le pensais, comme je l'ai écrit et comme je le souhaitais, la Défense, où il est flanqué de Nikos Toskas, surnommé le "général rouge" et de Kostas Ischos, gréco-argentin, qui, précise Stathis Kouvélakis, est une "figure de proue de la plateforme de gauche, un internationaliste et un anti impérialiste convaincu, qui entretient des liens étroits avec la gauche radicale d’Amérique latine ".... L'avocate des femmes séropositives persécutées par le précédent gouvernement prend en charge le dossier des immigrés. Nikos Kotzias, aux Affaires étrangères, universitaire spécialiste des relations internationales qui a écrit sur la dette et sur la Troïka...

Surtout, au ministère des Finances, la nomination de Iannis Varoufakis, économiste hérétique, est d'excellent augure. Elle indique clairement que ce n'est pas la ligne du Guépard : "on change tout pour que tout reste comme avant" qui a le dessus. Ceux qui lisent régulièrement ce blog peuvent comprendre combien l'analyse du nouveau ministre peut me ravir !

"En tant qu'ancien conseiller de Papandréou, j'étais un des seuls à dire : il ne faut pas accepter le plan de sauvetage, il aura des conséquences catastrophiques; mieux vaut laisser l'Etat faire défaut. Dès lors, j'ai commencé à être considéré en Grèce comme un "agent du mal", celui qui voulait que le pays fasse faillite. (...) Notre premier devoir, c'est de conceptualiser les problèmes que nous rencontrons. Prenez, par exemple, le changement climatique. Vous observez des inondations en Australie, un dégel en Sibérie, des ouragans à New York ou à La Nouvelle-Orléans. Si vous considérez ces phénomènes séparément, vous n'avez aucune chance de résoudre le problème. C'est pourtant ce que l'on a fait avec la zone euro, alors que la pauvreté en Grèce, le chômage en Espagne, les minijobs en Allemagne, le déficit de compétitivité de la France sont tous liés aux dysfonctionnements de l'architecture de la zone euro. On a voulu résoudre ces difficultés par des politiques d'austérité généralisées, avec le succès que l'on sait. "

Bref, contrairement à ce dont essayent de se persuader tous les Quatremer, Guetta, Couturier, Leparmentier et autres chiens de garde, cela ne ressemble pas à un gouvernement de capitulation face à Merkel, qui gesticulera puis s'écrasera pour maintenir le peuple dans la soumission à la politique odieuse, stupide et criminelle que ces messieurs défendent avec tant d'idiots utiles, de cyniques et de gens qui ne connaissent rien ni à la Grèce, ni à son peuple, ni à son histoire, mais bien à un gouvernement de combat ! Et c'est tant mieux.

Quant au Parlement grec, il est désormais présidé par une femme, Zoï Konstantopoulou, avocate spécialiste dans les droits de l'Homme (il l'avait déjà été, par une criminologue, Anna Benaki-Psarouda, de 2004 à 2007, sous le second gouvernement de Karamanlis-le-petit, ou le gros... enfin le neveu du vrai Karamanlis).

Restent les bonnes âmes et les éternelles consciences morales qui s'indignent - l'inénarrable Cohn-Bendit vient, bien sûr, d'ajouter sa voix à ce choeur de vierges vite effarouchées, alors qu'il aurait, une fois de plus, mieux fait de se taire... Il y a des gens, comme ça, comme Quatremer, comme Guetta, comme Couturier, comme Leparmentier, la liste n'est pas exhaustive, dont je serais inquiet qu'ils soient d'accord avec moi, tant ils sont toujours, invariablement à côté de la plaque - ou feignent de s'inquiéter de l'alliance des patriotes résistants des deux rives. A leur intention, je répète que la Grèce est aujourd'hui dans une situation de salut public et que l'on ne mène pas une politique de résistance et de salut public avec des collabos et des capitulards. On la mène avec d'autres résistants, même si on n'est pas d'accord sur le projet de ceux-ci.

La seule question qui importe aujourd'hui en Grèce, la seule, c'est la sortie de l'administration coloniale imposée à la Grèce grâce à l'aide des collabos de la droite dite classique (qui depuis 2012 est en fait devenue une droite autoritaire et a absorbé une partie du FN grec, le Laos) et des socialistes du PASOK qui ont donc gouverné, sous Papadémos et Samaras, avec le FN grec, sans qu'on entende beaucoup les vierges à la Cohn-Bendit s'effaroucher : forcément, c'était bien, puisque c'était pour et au nom de l'Europe !

Mais voilà... Les communistes, confits dans leur idéologie d'un autre temps, refusent toute alliance. Et le Potami, dernière ruse du système, créé de toutes pièces par les oligarques des médias, est également un parti collabo qui prône la soumission à Merkel et aux gnomes conservateurs-socio-démocrates de Bruxelles.

En revanche les deux partis, Syriza et Grecs indépendants, sont les deux partis patriotes de l'arc démocratique (je rappelle à ceux qui feignent de l'oublier que, à l'assemblée de Strasbourg, nommée bien à tort Parlement, les Grecs indépendants ne siègent pas même avec l'UKIP, comme je l'ai peut-être écrit par erreur, mais dans le groupe des conservateurs britanniques qui, comme chacun sait, sont une menace pour la démocratie parlementaire !... peut-être, de temps à autre, peut-on rester sérieux), et ils sont d'accord sur l'essentiel du moment : la rupture avec la politique imbécile et criminelle de Merkel et de l'UE. Peu importe leurs désaccords sur le reste pour l'instant.

De Gaulle et les communistes n'avaient pas exactement le même projet de société en 1944, ils siégeaient néanmoins ensemble dans un gouvernement de salut public.

L'alliance a, en outre, l'immense avantage de couvrir Tsipras sur sa droite et de lui assurer de précieux réseaux, dont Syriza ne dispose pas, dans l'armée, la police, l'Eglise. Enfin, c'est un signal fort à la Turquie, engagée dans une dérive islamiste, autoritaire et mégalomaniaque d'Erdogan, sans que, jamais l'Europe - aussi autiste sur ces dérives qu'elle s'acharne à ignorer que sur les autres problèmes - manifeste de soutien à la Grèce face aux perpétuelles menaces et provocations turques à Chypre et en Egée (configuration permettant aux marchands d'armes allemands et français de se goinfrer en fourguant toujours plus d'armements à la Grèce... et en augmentant sa dette), qu'un gouvernement Syriza ne sera pas un gouvernement faible.

Ensuite, quand on sera sorti de cette situation de salut public, les autres clivages réapparaîtront et le débat normal reprendra entre des partis qui n'ont pas les mêmes options, la même vision de la société. Mais avoir su, de part et d'autre, les mettre de côté pour l'instant, parce que c'est nécessaire, indispensable au salut de la nation, est une preuve, de part et d'autre, de grande maturité, de sens des responsabilités.

Grâce à cette alliance, une union nationale des patriotes résistants a ainsi pu remplacer au pouvoir une union nationale des collabos capitulards.

lundi 26 janvier 2015

La vague a donc gonflé

Ou les sondages l'avaient - volontairement ou non - minimisée. Mais, comme je le pensais et comme je l'ai écrit, c'est tout de même un peu juste pour la majorité absolue - à deux sièges près ; comme je le pensais et comme je l'ai écrit, un accord de coalition a été rapidement conclu avec les souverainistes du mouvement des Grecs indépendants.

Pour ma part, je pense depuis 2012 et (serais ravi si ça se passe) que les Grecs indépendants, souverainistes de droite, sont les partenaires naturels de Syriza pour le bras de fer avec "l'Europe" et je me réjouirais qu'ils obtiennent l'Intérieur ou la Défense - ça tempérera aussi l'irénisme de certains Syrizistes vis-à-vis de la Turquie et de l'immigration. Ca couvrira Syriza sur sa droite dans la police et l'armée et ça lui donnera plus de force face aux nomenklaturistes européens.

En fait je trouve que la configuration est optimale. Avec un Syriza aussi près de la majorité, Kaménos, le chef des Grecs indépendants, n'a pas les moyens de faire monter les enchères, et sait que Tsipras peut débaucher quelques brebis ailleurs pour avoir - dans l'immédiat - les sièges qu'il lui faut. Deux sièges à trouver ce n'est pas dix !

Mais Tsipras doit aussi compter avec les futures défections d'ex-Pasok de son parti, s'il va à l'épreuve de force européenne (qu'il en ait l'attention non avouée en campagne ou que l'autisme de Merkel l'y force) ce sera nettement plus confortable d'avoir les Grecs indépendants dedans plutôt que dehors.

Et ce sera une autre version de l'Union nationale - de Résistance - que l'Union nationale de capitulation de la ND/PASOK, du PD-Forza/talia ou du PS/UDI/UMP. Quant à dire que Syriza et les Grecs indépendants ne sont pas d'accord sur tout... c'est évident ! Mais voilà, en démocratie, quand on ne peut pas gouverner seul, on gouverne avec qui est le moins éloigné de vous sur les questions essentielles du moment. La question essentielle du moment est la Résistance au gouvernement colonial de l'Union européenne et rien d'autre. Et pour cela, les Grecs indépendants sont le meilleur allié de Syriza. De Gaulle et les communistes n'étaient pas d'accord sur tout en 1944, et les communistes ont siégé dans un gouvernement de Gaulle.

Les contacts sont déjà engagés depuis longtemps, le non ralliement de la plupart des Grecs indépendants à la candidature présidentielle de la ND a été uns condition essentielle du déclenchement du processus électoral qui a aboutit hier et Panos Kaménos avait même fait connaître publiquement ses conditions est le premier à rencontrer Alexis Tsipras ce matin. L'alliance n'est donc nullement une surprise. Elle a été préparée, négociée sans doute de longue date ; ne restait sans doute plus qu'à la finaliser en fonction du rapport de force exact sorti des urnes.

Dans ma région, le Dodécanèse, Syriza décroche 4 des 5 sièges avec 33,2 % et mon île, Nisyros, n'y est pas pour rien puisque elle est celle de la région qui a donné le plus fort score à Syriza (devant Kos : 38,8% ; Léros : 35 ; Rhodes : 33,4 ; Symi: 32,7 ; Tilos : 30,8 ; les autres ont mis la ND en tête). Bravo les Nisyriotes ! Et voici les résultats complets de mon île

Syriza 40,1 % ND 19,6 Grecs indépendants (souverainistes) : 19,1 soit 59,2% pour l'éventuelle coalition à venir PASOK (sociaux-traîtres) : 6,66... le chiffre du diable ! KKE (communistes bornés) : 3,66 Aube dorée (néonazis) : 3,16 Potami (Centre gauche collabo) : 2,16 Antarsya (extr gauche) 1,5 Papandréistes scissionnistes du PASOK 1 3 autres 1,5 ; 0,83 ; 0,33

Hier fut donc pour moi, en même temps que pour les Grecs - mes amis auxquels je pense et les autres - fut une belle journée. Une belle journée, une belle victoire de la dignité, de la Résistance, de l'espoir.

Maintenant, tout commence et rien ne sera simple. Mais avant d'affronter les difficultés qui seront terribles et nombreuses, on a bien le droit de se réjouir, sans retenue, sans restrictions, devant un pareil acte de liberté, de courage collectif, de démocratie, devant ce NON à la bêtise criminelle et sans issue du gouvernement oligarchique euro-allemand qui a martyrisé ce peuple, et d'autres, depuis cinq ans.

Hier fut un jour de Libération. Une Libération n'est pas un achèvement, c'est un commencement.

samedi 24 janvier 2015

Tsipras : dernier meeting à Héraklion (Crète)

La traduction est de nouveau empruntée à Stathis Kouvelakis, qui précise, dans son commentaire sur Facebook, : c'est avec ces paroles qu'Alexis Tsipras a terminé, de façon largement improvisée, son dernier discours de campagne, à Héraklion en Crète.

"La Grèce c’est avant tout les hommes et femmes qui la font. Comme nous l’a souvent dit notre cher Manolis Glezos: « entendez-vous ce bruit ? C’est l’Histoire qui frappe à notre porte » ! Je vous appelle toutes et tous aujourd’hui à ouvrir cette porte pour que passent les luttes, les rêves, la justice, la dignité.

Un peuple qui s’est battu pendant cinq ans avec les fauves, un peuple qui est passé par le fer et par le feu à plusieurs reprises au cours de son histoire, un peuple qui n’a pas plié est un peuple qui sait livrer des combats et qui sait comment vaincre. Et il vaincra !

Je vous appelle à mener ensemble le combat jusqu’au bout ! Je suis certain que nous l’emporterons. Avec courage, avec confiance en nous ! « La liberté exige de la vertu et de l’audace » paroles du poète Andreas Kalvos, 1792-1869, nous allons la conquérir ! Nous vaincrons ! Dimanche nous ferons l’Histoire !"

Pour mémoire, Manolis Glézos, élu député européen Syriza en mai dernier, est né en 1922. Le 30 mai 1941, avec son compagnon Lakis Sandas, il décroche du mât de l'Acropole la croix gammée qui y flotte depuis le 27 avril. Résistant, arrêté et torturé par les Allemands puis par les Italiens, il devient directeur du quotidien communiste, Rizospastis, puis est condamné à mort, en 1948 et en 1949, par le régime autoritaire et monarchique installé par les Anglais puis soutenu à bout de bras par les Américains, le procureur lui reprocher d’avoir, par son geste de 1941, d'avoir augmenté « les difficultés du peuple grec ». Il est sauvé par une mobilisation internationale à laquelle se joint le général de Gaulle qui écrit au roi de Grèce pour demander sa grâce. Elu député de la Gauche unifié en 1951 alors qu'il est toujours emprisonné, il est libéré en 1954 après une grève de la faim, réemprisonné en 1958 sous accusation d'espionnage, libéré en 1962, arrêté le 21 avril 1967 par les Colonels qui s'emparent du pouvoir, emprisonné puis placé en résidence surveillée jusqu'en 1974. Député PASOK (socialiste) de 1981 à 1986, il rejoint le Synaspismos, ancêtre de Syriza, dont il conduit la liste nationale en 2000. Cofondateur de Syriza (coalition de partis jusqu'à l'unification de 2014 en parti unitaire), à la tête du mouvement "citoyens actifs", il est au premier rang de toutes les manifestations contre la politique euro-allemande à partir de 2009. Malmené et gazé par la police à plusieurs reprises, il doit être hospitalisé plusieurs jours en 2010. Infatigable résistant, à 92 ans, il oppose au discours "moral" de Merkel et consort sur la dette, le défaut allemand sur ses dettes à l'égard de la Grèce, grâce à l'astuce du chancelier Kohl lors du traité de réunification, sur l'indemnisation des victimes grecques de la terreur allemande entre 1941 et 1944, et le non remboursement de l’emprunt forcé contracté par la Banque de Grèce pour couvrir les frais d’occupation et l’approvisionnement de l’Afrikakorps.

Le QE de Draghi... un coup de bazooka dans l'eau

Comme Jacques Sapir, je ne suis pas certain que le QE annoncé par Draghi (et qui ne servira de toute façon à rien : c'était il y a cinq ans qu'il fallait le faire !) mais repoussé à fin mars aura lieu. Coup de bluff à l'approche des élections grecques pour limiter les dégâts électoraux ?

Il est d'ailleurs savoureux d'entendre tous les journalistes et experts économiques en peau de lapin qui, depuis cinq ans, expliquent qu'un rachat de la dette des Etats par la BCE est impossible et serait désastreux, chanter soudain les louanges de Mario Draghi. Comme d'entendre les mêmes qui, depuis trente ans, chantent les louanges d'une "monnaie forte" et nient son effet d'asphyxie sur les économies européennes se féliciter soudains de la providentielle baisse de l'euro. Grâce aux Grecs et à Syriza !!! Mais gaffe ! parce que si les Grecs sortent, de gré ou de force, de l'euro, sa violente et immédiate réévaluation forcera rapidement l'Italie, l'Espagne, le Portugal... la France, et d'autres, à en sortir en catastrophe.

En attendant, le gouverneur de la Bundesbank s'est violemment à ce QE. Et il n'a pas rendu les armes ; la fureur de Merkel à Davos était évidente et cette photo de l'autiste Schaüble est tout aussi parlante.

Cour européenne de justice, Tribunal constitutionnel allemand... le QE de Draghi pourrait bien être la dernière étape avant l'explosion d'un euro qui joue à l'avantage exclusif de l'Allemagne, enrichit les riches et appauvrit les pauvres, mais pour lequel l'Allemagne refuse les transferts financiers (électoralement impossibles à faire accepter) qui sont indispensables à sa survie.

La CDU est désormais coincée par l'Alternative für Deutschland favorable à la sortie de l'euro. Merkel ne veut pas (encore ?) porter la responsabilité de l'éclatement de l'euro devant ses partenaires. Ma conviction, c'est qu'elle n'attend plus que le prétexte (QE, "réformes" insuffisantes en France, en Italie..., victoire de Syriza en Grèce) pour en faire porter la responsabilité à d'autres.

Et ce jour-là, soyez certain que les marks seront prêts à circuler. Pas les francs car l'aveuglement euro-allemand de notre nomenklatura l'aura empêché de même envisager cette hypothèse.

vendredi 23 janvier 2015

L'écart se creuse en faveur de Syriza...

Le sondage avec l'échantillon le plus large pour les élections de dimanche, par l'équipe qui était tombée le plus juste lors des deux scrutins de 2012, vient d'être publié.

Ce qui disent tous les sondages depuis dix jours, c'est avant tout que l'écart se creuse au profit de Syriza, et là on arrive aux 10 %. Si cela se confirmait ce ne serait plus une victoire, mais un triomphe. Est-ce suffisant pour obtenir une majorité absolue ? Je l'espère.

Hier soir, le grand meeting Syriza d'Omonia, le coeur populaire d'Athènes, a vu un moment extraordinaire d'émotion - de beauté, j'en ai eu la chair de poule : intervention en grec de Pablo Iglésias se terminant par le slogan, repris par la foule : Syriza-Podemos Vinceremos ! Nous prendrons d'abord Athènes puis Madrid. Et la foule chantant Bella Ciao... Une Autre Europe, celle des peuples, pas des nomenklaturistes rances allant faire hommage au Capital à Davos ou de Draghi annonçant hier ce qu'il aurait fallu faire il y a cinq ans et qui ne servira plus à rien aujourd'hui... provoquant ainsi l'ire et les foudres mal contenus de la surveillante en chef du camp de détention néolibéral (pour ne pas dire de concentration et me faire traiter, une fois de plus, d'anti-germain) qu'est devenue l'Union européenne et du Quartier de Haute sécurité de l'eurozone.

Espérons ! Et que le vent de liberté, de dignité, de justice qui se lève en Grèce forcisse assez pour venir balayer, un jour, les miasmes de Paris.

Contraste saisissant avec l'apparition de Rajoy au côté de Samaras il y a une semaine : tellement ternes, ringards, en plus de leur suffisance, de leur cruauté - notre politique échoue, elle tue, mais on continue, pour l'Europe ! -, de leur incompétence et, maintenant, de leur aphasie. Car ils n'ont plus rien à dire... que la trouille : c'est leur seul argument. La vieille politique dont nous crevons, celle des Merkel, Hollande, des gnomes de Bruxelles, est en train de prendre un méchant coup de vieux à Athènes, un sérieux direct dans les gencives déchaussées du conservatisme et de la sociale-démocratie qui a trahi tous ses idéaux, communiant dans la même célébration ridicule et vide d'une Europe moribonde et du néolibéralisme.

L'espoir arrive ! dit le slogan de Syriza.

Il est clair qu'il monte en Grèce. Reste à espérer qu'il se concrétise dans les urnes dimanche, que la vague se transforme en déferlante, en tsunami, défasse les collabos de l'Ordre euro-allemand et les laisse KO, à poil sur la grève, qu'elle donne à Syriza la légitimité nécessaire, claire, massive pour construire les indispensables ruptures, affronter les épreuves qu'elles généreront, mobiliser ce peuple admirable, fier, martyrisé par la bêtise eurogermanolibérale depuis cinq ans, enfin, dans un projet d'avenir pour sortir de la spirale de la paupérisation, du désespoir, de l'humiliation, de la soumission aux gnomes de Bruxelles et aux kapos de Berlin, balayer aussi les fausses prudences de ceux qui, à l'intérieur de Syriza, prêchent la "modération" et voudraient bien que tout change pour que presque tout reste comme avant.

Mais il n'y a pas tant de moments dans l'histoire où l'espoir renaît alors dimanche soir, si le peuple grec est au rendez-vous de l'histoire et de l'espoir, on profitera de ce moment, on savourera sa joie - quelques soient les interrogations sur l'avenir et les difficultés du lendemain.

jeudi 22 janvier 2015

Sur Syriza, par Stathis Kouvelakis

Je donne ici la parole à Stathis Kouvelakis, qui enseigne la philosophie politique au King's College de Londres, et dont j'apprécie depuis longtemps les analyses. Il a publié ce soir, sur Facebook, cette note sur la campagne électorale en Grèce, intitulée "Vers - et pour - un "tsunami Syriza". Je la reproduis ici, avec son autorisation, tant elle me semble pertinente, recoupe ce que j'ai tiré, à Nisyros, d'une soirée avec un ami responsable local de Syriza, et expose, mieux que je ne pourrais le faire, les questions qui devront être tranchées si, comme les sondages l'indiquent, Syriza est vainqueur... voire triomphant.

Voici donc ce qu'écrit Stathis :

Pour tenter de dépasser la frustration de ne pas être sur place, quelques brèves remarques, relativement "à froid" (la distance permet au moins cela) sur la campagne et la situation dans Syriza.

1. Les signaux que je peux recueillir auprès d'amis et de camarades aussi bien à Athènes que dans le reste du pays, corroborés par des sondages "locaux" (en régions, ou dans les deux grandes villes du pays) vont tous dans le même sens: c'est une vague Syriza qui se dessine pour dimanche. A Athènes dans les quartiers populaires, c'est une véritable débandade qui s'annonce pour la droite. En province, c'est désormais des pans entiers de l'électorat de droite qui se rallient, après ceux du PASOK. L'ambiance dans le pays est calme mais en même temps une forte attente monte. Les éléments d'une dynamique semblent être réunis.

2. Du point de vue politique, la bourgeoisie grecque et son personnel politique est abattue et aphone. Tous ces espoirs pour affronter Syriza se reportent sur les dirigeants, et les classes dirigeantes, européens. De ce côté, la ligne semble claire: c'est la politique de la "cage de fer" et dans laquelle il s'agit d'enfermer immédiatement un gouvernement Syriza. Le fer de lance est de l'obliger à demander une prolongation de l'actuel "programme d'aide", qui vient à échéance le 28 février. Une telle prolongation permettrait une poursuite du financement, donc du remboursement de la dette, mais elle implique également la poursuite de la politique actuelle et de la mise sous surveillance du pays par la Troïka - éventuellement sous des modalités légèrement réaménagées.

3. Les décisions de la BCE qui seront annoncées aujourd'hui s'inscrivent dans ce cadre. L'inclusion de la Grèce dans le programme de rachat des dettes publiques suppose l'acceptation d'un "programme d'aide" (les titres de la dette grecque, qui ne valent pas grand chose, ne remplissent pas les conditions d'un réachat standard). Il en est en substance de même pour l'autorisation accordée par la BCE pour l'accès à la liquidité des banques grecques via le mécanisme de l'ELA. Elle doit être renouvelée tous les 15 jours et suppose la poursuite d'un "programme d'aide". Comme on l'aura compris, il ne faut plus dire "mémorandum" mais "programme d'aide".

4. Les intentions de Syriza face à ces difficultés, parfaitement prévisibles dans leur grandes lignes, n'est pas claire. La campagne s'est surtout voulue "rassurante", visant l'électorat modéré et indécis, et a diffusé l'image d'une "Europe qui change", et même à toute vitesse, et qui est disposée à accéder aux demandes de Syriza. Ces derniers jours des déclarations de dirigeants de Syriza, tous particulièrement des principaux économistes (Dragasakis, Tsakalotos), mais aussi du "bras droit" de Tsipras et directeur de son staff personnel Nikos Pappas, laissent entendre que Syriza serait d'accord pour demander une prolongation "technique" du "programme d'aide" en cours, pour "donner du temps à la négociation". Les conditions qui seront exigées d'une telle prolongation prétendument "technique" sont passées sous silence.

5. On se retrouve donc face à un noeud de contradictions, qui, sous des formes diverses, jalonnent la trajectoire de Syriza et la situation grecque dans son ensemble. Déjà, entre les deux élections de mai et juin 2012, à peu près les mêmes dans Syriza (Dragasakis en première ligne) s'étaient démarqués de la ligne du parti et avaient écarté l'idée d'une annulation "unilatérale" du Mémorandum. Dragasakis avait alors développé des distinctions oiseuses entre la dénonciation "politique" du Mémorandum et la "dénonciation juridique", qui équivaudrait à ces "actions unilatérales" qu'il abhorre. De tels propos avaient coûté cher à Syriza à l'époque, donnant l'impression d'un flou artistique, annonciateur de repli, sur les questions les plus décisives. Mais in fine ce n'est pas cette ligne qui avait prévalu. Qu'en sera-t-il à présent? C'est peut-être LA question essentielle.

6. Actuellement, il faut miser sans la moindre tergiversation, et tout étant lucide sur les contradictions, pas simplement sur la victoire de Syriza mais sur le "tsunami Syriza" qui se dessine. Et cela pour trois raisons: - une telle victoire donnerait une majorité parlementaire et couperait court à toute alliance avec des formations-tampons, qui sont des jouets du système pour imposer des concessions à un gouvernement Syriza. - un tel raz de marée redonnerait confiance aux secteurs les plus conscients, et permettrait un redémarrage des mobilisations populaires. C'est bien sûr la variable clé. In fine c'est cela qui est mesure de faire barrage aux tentations de repli et de recul. - enfin, une telle vague aurait un très grand impact international. Sur les gouvernements et sur toute cette gauche sociale et politique qui mise; à juste titre, sur Syriza et qui a envie de se jeter dans des batailles. Ce qui se joue dimanche, on ne le dira jamais assez est énorme, proprement historique. La première brèche décisive avec le néolibéralisme en Europe. Et l'opportunité extraordinaire pour la "gauche de gauche" de rompre avec la malédiction des défaites qui sont celles des batailles perdues sans avoir été livrées. Une seule option donc: oser lutter, oser vaincre!

Londres, le 22 janvier 2015

lundi 19 janvier 2015

Syriza : une avance sans majorité ?

Un nouveau sondage, il y en a plusieurs chaque jour,, donne Syriza devant...

Avec 30,9 % des suffrages et 4,5% d'avance sur la droite, Syriza remporterait les 50 sièges de bonus attribués au parti arrivé en tête, mais ne décrocherait que 143 sièges pour une majorité absolue à la Vouli (Parlement) de 151.

Alors ? Chambre ingouvernable et nouvelles élections en février ??? Ou quel partenaire de coalition ? Potami et Socialistes à 5,9 % sont hostiles à une rupture avec les mémorandums euro-allemands qui ont vidé la souveraineté du peuple grec de tout contenu. Le KKE, vieux parti communiste confit dans son dogmatisme, obtiendrait à 5,4% et 16 sièges, mais il répète que la droite et Syriza c'est la même chose et qu'il ne faut pas compter sur lui. Les néonazis d'Aube dorée, avec 5,1% sont en baisse mais sont bien là. Restent les souverainistes de droite (ils siègent avec l'UKIP au Parlement européen), Grecs indépendants, juste sur la barre des 3% qui donne droit à une représentation : leurs 10 députés pourraient permettre de constituer une majorité à 153.

Sur les mémorandums, l'Europe, l'accord semble possible et les contacts sont à l'évidence pris... Mais quelles seront ses exigences s'ils se trouvent en position de partenaire indispensable ? Le gouvernement qui en sortirait serait-il viable ? Seront-ils au dessus ou en dessous des 3% ?