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mercredi 30 avril 2014

Alstom et vote du Pacte dit de responsabilité... Un parallèle grec

Bradage en cours d'Alstom ? aux Américains ou aux Allemands ??? Là, semble-t-il, serait la principale question.

Nous avions naguère un des leaders de l'aluminium, il s'appelait Pechiney. Quand on a laissé les Canadiens en prendre le contrôle, on a exigé toutes sortes de garanties sur l'emploi... qui n'ont pas été respectées. Depuis, Péchiney a été revendu trois fois à des fonds d'investissement dont la seule préoccupation est le profit à court terme. Péchiney n'existe plus, les garanties ont été violées, l'appareil industriel de pointe a été désossé, démantelé, liquidé.

Péchiney employait plus de 17000 personnes en France, le groupe qui l'a racheté en emploie moins de 5000 aujourd'hui.

Et l'on pourrait dire la même chose d'Arcelor et de ses aciers spéciaux, à la pointe de l'innovation, vendus à Mittal, puis liquidés par celui-ci...

La vente d'Alstom, à General Electric ou à Siemens peu importe, se terminerait de la même manière. Ils s'approprieront les savoirs-faire, désosseront, démantèleront puis liquideront l'outil industriel en France. Il ne sert à rien de se lamenter sur la désindustrialisation de la France ni de s'indigner devant la montée du Front national tant qu'on conduira des politiques qui rendent inéluctables la désindustrialisation, la montée du chômage et donc, celle du Front national.

Alstom est un test. Si ce gouvernement n'a pas le courage de s'opposer à la vente d'Alstom, que ce soit au profit de General Electric ou de Siemens, alors cela signifie que ce gouvernement n'a aucun courage, aucune vision stratégique, aucune politique industrielle et qu'Arnaud Montebourg n'est décidément là que pour distraire la galerie. Pire, à mes yeux, la vente d'Alstom relèverait de la haute trahison, comme la capitulation devant Merkel, dès le début du quinquennat, sur le traité Merkozy qu'Hollande s'était engagé devant le peuple à renégocier.

Cela ferait, à mes yeux, de l'actuel gouvernement, un des pires que nous ayons eus depuis Vichy.

Au-delà, le vote, hier, du Pacte dit de responsabilité, par une majorité désormais relative de l'Assemblée nationale, et grâce à l'abstention de quarante et un députés qui n'ont pas eu le courage nécessaire pour mettre leur vote en accord avec leurs convictions, met en lumière le parallèle de plus en plus évident entre ce que la Grèce a vécu depuis cinq ans et le processus mortel dans lequel s'est engagé ce "gouvernement de rencontre" dirigé par Manuel Valls.

1 - Majoritaire à lui seul à l'Assemblée avec plus de 40,55 % des voix en 2009, le PASOK (PS grec) est alors dirigé par Papandréou, qui a fait campagne sur : "de l'argent, il y en a" (ou "mon ennemi c'est la finance") et devient chef du gouvernement.

2 - Confronté à la spéculation ainsi qu'aux Diktats de Merkel et des nains de Bruxelles, Papandréou choisit de capituler. Il mène alors une politique de droite, dictée par Merkel et les nains de Bruxelles, avec une majorité qui s'effrite à chaque vote.

3 - Puis lorsque sa majorité s'est ce point effritée qu'il ne peut plus faire passer les nouvelles exigences de Merkel et des nains de Bruxelles, il cède le pouvoir à un banquier qui fait rentrer la droite et l'extrême droite dans un gouvernement où le PASOK continue de siéger.

4 - Lorsque cette majorité apparaît à ce point illégitime qu'elle ne peut plus continuer à gouverner, l'Assemblée est dissoute. La Chambre issue des élections de mai 2012 est ingouvernable - le Pasok est tombé à 13,18 %.

5 - Il faut les menaces de Merkel et des nains de Bruxelles pour qu'aux élections de juin se dégage une majorité (droite-PASOK) de 162 sièges sur 300 (elle n'est plus que de 152 aujourd'hui) - le PASOK n'a obtenu que 12,28 % des voix.

6 - Le PASOK devient la force d'appoint du gouvernement d'une droite de plus en plus dure à laquelle il permet de continuer de détruire l'économie, l'Etat social et de brader le patrimoine national en appliquant servilement les Diktats de Merkel et des nains de Bruxelles.

7 - Pour les européennes, les sondages créditent le PASOK de 5 à 6 %. Il n'ose même plus se présenter sous son nom et a adopté celui de "l'olivier". Il ne serait même plus certain, lors d'élection législatives anticipées (probablement en 2015), d'avoir le moindre député élu.

Voilà quel est le destin du PS sous la direction d'Hollandréou

lundi 21 avril 2014

Une junte peut en cacher une autre

Il y a 47 ans, une junte militaire prenait le pouvoir à Athènes. Sa devise - La Grèce des Grecs chrétiens - inspirera au prix Nobel de littérature, Georges Séféris, un de ses derniers poèmes intitulé «Stupidité» : «Grèce… Feu ! des Grecs… Feu ! chrétiens… Feu !/Trois mots morts. Pourquoi les avez-vous tués ?»

Et en septembre 1971, les obsèques de Séféris se transformeront en manifestation contre la dictature, la foule entonnant « Refus », un poème du défunt mis en musique par Mikis Théodorakis, figure majeure de la résistance au régime et bête noire de la junte...

Aujourd'hui, 40 ans après la chute de cette junte, nombre de Grecs ont le sentiment de vivre sous une nouvelle dictature, masquée derrière les formes parlementaires qu'il n'a pas été (encore ?) nécessaire d'abroger, mais qui ont été vidées de tout contenu réel par les Diktats de Berlin dont l'Europe s'est fait le relais. Le Parlement, en Grèce, n'a plus aujourd'hui pour fonction que d'enregistrer - sans avoir plus celui de les amender - les appareils législatifs essentiels décidés ailleurs, à Berlin et Bruxelles, hors de toute légitimité démocratique. C'est d'ailleurs également le cas en France, ce que constatent ces jours-ci, avec amertume, nombre de députés "socialistes", une amertume plus ou moins feinte au demeurant, puisqu'ils ont eux-mêmes, depuis trente ans, activement participé au processus qui a conduit à leur dessaisissement progressif de tout pouvoir réel, à l'abdication de pouvoirs dont ils n'étaient nullement propriétaires, seulement dépositaires.

Aujourd'hui, le véritable ennemi de la démocratie, en Europe, ce ne sont ni les militaires, ni les extrêmes droites, qui servent de très utile épouvantail afin d'assurer la pérennité au pouvoir des "partis de gouvernement" (vraie droite et fausse gauche de plus en plus souvent alliées, comme en Grèce ou en Italie, et ceci logiquement puisqu'elles défendent la même politique européenne qui conditionne toutes les autres), le véritable ennemi de la démocratie et des peuple d'Europe, c'est... l'Europe, qui ne peut être autre chose que ce qu'elle est, et qui sert exactement à ce pour quoi elle a été conçue : extraire du domaine du débat politique les choix économiques et monétaires, sanctuarisés dans des traités intouchables, et vider de tout contenu réel la souveraineté populaire face aux puissances d'argent.

Dans ce processus anti-démocratique, l'Europe n'est pas accessoire, elle est centrale, le moyen, le levier, la justification des politiques néolibérales. Elle est à proprement parler la nouvelle junte, non militaire, que les peuples doivent écraser pour renouer avec la démocratie.

jeudi 3 avril 2014

La profondeur charnelle de Sapin.

Par Sapin, à l'instant, pendant que je fais le ménage, j'apprends que le ministère du Travail est "un ministère de profondeur charnelle" parce que "derrière chaque statistique il y a un homme".

Eh beh ! il n'est décidément pas à une connerie près celui-là !

Et ça respire la sincérité, vous ne trouvez pas ? Je sens que la consigne donnée aux ministres de compassion afin de faire croire qu'ils sont "à l'écoute" des malheurs et des souffrances que crée leur politique nous réserve de belles surprise.