Vous me direz que ce n'est pas une nouvelle pour qui m'a lu, même de loin, ni pour mon confesseur, bien sûr !

Mais cela s'est confirmé à Vienne, lorsque nous sommes allés visiter le Belvédère. Le Belvédère est le palais d'été du Prince Eugène de Savoie-Carignan, aussi grand pédé devant l'Éternel que grand chef de guerre et irréductible ennemi de Louis XIV, passé au service des Habsbourgs et dont on trouvera, dans l'excellent ''Sceau de Kropotkine'' la suggestive évocation d'une chasse au fouet du jeune Henry, dans les couloirs du Belvédère, que le grand homme avait l'envie - furieuse - de sodomiser : voir l'ami Gimet pour le dénouement ! il faut s'entraider entre auteurs !!!

Donc le Belvédère est un palais rococo, charmant, dont les toits évoquent les tentes des campements de Turcs, que le prince Eugène étrilla : décidément, il a bien des qualités cet homme !

En passant : il a perdu une excellente occasion de se taire, notre cher Obama, en venant nous dire que ce pays qui n'a rien à faire en Europe, ni maintenant ni jamais, devait y entrer ; comme quoi, il ne faut jamais penser que le meilleur des présidents américains ne reste pas, avant tout, un président américain. Raison de plus pour ne pas se relier dans le dos et dans l'OTAN, les mains que de Gaulle avait déliées parce que : 1/ L'OTAN n'a plus de raison d'être et aurait dû disparaître depuis longtemps pour laisser la place à une autre alliance renégociée de A à Z sur d'autres bases que la guerre froide ; 2/ On "n'influence" jamais les États-Unis et certainement pas en se mettant en position de subordination 3/ Caligula est un gougnafier qui prend ses désirs pour de réalités ou veut nous faire prendre des vessies pour des lanternes, ou les deux, lui qui a sauvé le monde de la faillite et obtenu dans sa lutte de David contre Goliath, tout seul avec ses petits poings, en menaçant de quitter le sommet, l'établissement de la liste de... quatre paradis fiscaux qui moins d'une semaine après sont 0 : clown ! sinistre clown !!! Mais je m'égare... revenons à Vienne, aux dégénérés et au Belvédère.

Or donc, au Belvédère, sont présentées les collections de peintures autrichiennes de la Galerie nationale. Beaucoup de croûtes sans intérêt - à mes yeux du moins -, mais deux salles somptueuses, celle des Klimt et celle des Schiele.

Pour ce qui est des Klimt, il y a surtout deux toiles fantastiques

Naguère, il y en eut davantage, mais à la suite d'une épopée judiciaire, Maria Altmann, nièce d'Adele Bloch Bauer, a obtenu la restitution par l'Autriche de cinq toiles dont le portrait de sa tante.

Dans ''L'Or d'Alexandre'', j'évoque la spoliation des collections juives par l'ERR, organisme nazi chargé du pillage de l'Europe, et l'exposition qu'une de mes héroïnes, conservatrice au Louvre, voulait organiser autour de ce pillage et de la personnalité tellement attachante de Rose Valland qui, au Musée du Jeu de Paume, nota pour la Résistance, la provenance et la destination de chacune des oeuvres passant par ce musée transformé en gare de triage des rapines nazies. Une action qui permit, après la guerre, nombre de restitutions des oeuvres d'art à leurs légitimes propriétaires.

J'y décris ainsi le classement nazi des toiles volées : "C’est aussi dans cette partie centrale de l’expo qu’on devait faire comprendre au visiteur le rôle qu’avait joué Rose, seule face à la machine de l’ERR. Marion avait prévu que des toiles récupérées après guerre grâce aux fiches de la conservatrice-espionne seraient accrochées en fonction de la nomenclature établie par l’ERR: celles, classiques, que les nazis s’appropriaient ; celles qu’ils jugeaient « dégénérées » (Courbet, Manet, Renoir, Degas, Monet, Matisse, Braque, Dufy, Laurencin, Bonnard, Vuillard…) mais néanmoins dignes d’être échangées contre des toiles de la première catégorie, ou bien vendues sur le marché international — principalement en Suisse — au profit des finances du Reich millénaire ou de comptes à numéros qui pourraient se révéler utiles si jamais ledit Reich venait à ne pas durer tout à fait mille ans. Et puis celles de la dernière catégorie (plus d’un demi-millier), pour lesquelles il n’existe plus que des documents de seconde main puisque, trop juives ou trop dégénérées, les nazis avaient estimé qu’elles ne méritaient même pas d’être négociées et les avaient détruites en juillet 1943."

Mais ce qui s'est passé en France, à partir de 1940, s'était passé dès 1938 en Autriche, où les nazis furent accueillis en triomphateurs, et où les Juifs autrichiens furent immédiatement spoliés - parmi eux, les Bloch Bauer.

Ils ont été finalement restitués en octobre 2007.

Reste au Belvédère le très beau portrait de Fritza Riedler

Et surtout l'incroyable Baiser... un de ces tableaux devant lequel on reste, sans pouvoir s'arracher.

Enfin, quand on aime l'art dégénéré ! Et en matière de dégénéré, Egon Schiele, ce n'est pas mal non plus. Scotché, en ce qui me concerne, devant ces trois-là, qui se trouvent également au Belvédère :

Mère ou mort, que dit votre oeil ? Un jour, un copain grec, m'a raconté qu'une oreille grecque était incapable de faire la différence entre père et peur.

Quant à cet Enlacement... je ne sais pas si personne a jamais peint ainsi le corps de l'homme, en réussissant à charger ce corps d'autant d'érotisme et de morbidité en même temps. Dans une autre version, c'est d'ailleurs la mort qui enlace la femme.

Et puis, il y a cette Famille... sans commentaire. Un des plus grands dégénérés, Schiele, à coup sûr, mais aussi, pour moi, simplement un des plus grands de mon Panthéon pictural.

Si bien que, dès le lendemain, nous filâmes au Musée Léopold où l'on peut voir une superbe expo permanente sur les arts fin XIXe-début XXe, quelques Klimt de plus donc, une salle entière de fac simile de dessins de Schiele, et quelques chefs-d'oeuvre supplémentaires du même comme cet autoportrait.

Ce nu :

et surtout ces deux ermites... encore une fois scotché ! Dégénéré, je vous dis !!!