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De de Gaulle au roman
 
 
 
 
De_Gaulle
 
 

 

De de Gaulle au roman

La conjonction de la rigueur budgétaire, des déprimes amoureuse et professoralo-picarde avaient condamné l'archéologue. La rencontre du garçon qui partage ma vie depuis précéda de peu, à l'été 1984, la chance qui s'offrit à moi de ne jamais remettre les pieds au collège de Feuquières-en-Vimeu.

Après l’histoire ancienne, la contemporaine était ma seconde passion, et je nourrissais pour le général de Gaulle, ce qu’il incarnait de refus des prétendues fatalités, de volontarisme face aux contingences, d’acharnement à maintenir l’indépendance française, à restaurer une République conciliant enfin démocratie et efficacité, à liquider l’erreur et l’horreur coloniales, à braver (presque) tous les conformismes de son époque, l’admiration qu’un Athénien du Ve siècle pouvait avoir pour Clisthène, Thémistocle et Périclès réunis.

En quelques heures, apprenant que le poste de directeur des études et recherches de l’Institut Charles-de-Gaulle était vacant, je pris la décision d’y postuler. Une semaine plus tard, ma candidature était retenue – j’y demeurai sept ans.

D’abord, comme directeur des études et recherches, j’y coordonnai les activités universitaires. Passionnant, à moins de trente ans, de se retrouver l’interlocuteur, au nom de l’institution que je représentais, des historiens comme des acteurs et témoins (politiques et hauts fonctionnaires) de l’épopée de la France libre et de la première décennie de la Ve République.

J’organisai des colloques universitaires sur « le redressement financier de 1958 » ou « de Gaulle et Malraux », sur la politique coloniale à la fin de la seconde guerre mondiale ou la construction de la force nucléaire française. J’en préparais ensuite la publication des actes, je me familiarisai avec les méthodes et les pièges de l’histoire orale ; j’élaborais des cycles de conférences pour les étudiants d’histoire ou de science po, recevais les chercheurs désireux d’avoir accès aux archives conservées à l’Institut…

Puis, à partir de 1987, je devins le collaborateur de Bernard Tricot, pour la préparation d’un colloque international de six jours, organisé dans le cadre de la célébration officielle du centième anniversaire de la naissance du général de Gaulle.

 

Tricot

L’entreprise fut intellectuellement exaltante qui recueillit 500 rapports écrits en provenance de 60 pays [faire un lien avec l’avant-dernier avec la couverture « De Gaulle en son siècle », page « Articles et préfaces »], qui aboutit à huit volumes d’actes et quelques publications d’universités étrangères ou françaises (un demi-mètre environ de linéaire dans ma bibliothèque), qui m’envoya en mission pour rencontrer des universitaires au Canada, au Proche-Orient (notamment en Irak alors en guerre contre l’Iran), à Prague et Budapest durant l’hiver suivant la chute du Mur, ainsi qu’en… Grèce évidemment.
Elle le fut humainement aussi par la rencontre avec Bernard Tricot, conseiller d’État, ancien conseiller du général de Gaulle pour les affaires algériennes puis secrétaire général de l’Élysée (1967-1969), un homme d’une rigueur intellectuelle, d’une ouverture d’esprit, d’une capacité de travail et d’entraînement, d’une honnêteté scrupuleuse dans l’usage des deniers publics, qui suscitèrent chez moi autant d’admiration (j’aime admirer) que de… dévouement – un homme dont la chaleur amicale et la drôlerie contrastaient avec l’image qu’il projetait au dehors.

Notre relation se prolongea d’ailleurs bien au-delà de ce colloque de novembre 1990 puisque je songeai alors à faire ma thèse et qu’il me confia, dans cette perspective, ses archives personnelles sur sa participation au processus qui conduisit l’Algérie à l’indépendance. La thèse ne vit jamais le jour – le roman était entré dans ma vie et ne tarderait pas à la dévorer. Je soutins néanmoins un DEA en 1992. Surtout, j’enregistrai plusieurs heures d’entretien avec Bernard Tricot qui servirent de base à deux chapitres de ses Mémoires, en 1994.

De 1991 à 1996, je dirigeai à la Documentation française une nouvelle collection de recueils de documents d’histoire contemporaine et de science politique, « Retour aux textes », qui disparaîtrait avec l’explosion d’Internet. Là encore, les auteurs des livres dont j’avais l’édition en charge, me conduisirent à approfondir nombre de domaines passionnants (l’histoire de l’éducation ou des politiques culturelles en France, celle du processus de Helsinki aussi bien que l’élaboration des Constitutions démocratiques de l’Europe orientale après 1990) ; je cossignai même, avec Brigitte Stern et Habib Gherari, le recueil consacré à la première guerre du Golfe.

Mais de fait, je vivais à cette époque le début de la mue qui transformerait l’historien en romancier. Après une longue gestation et de multiples épisodes de correction et/ou réécriture, Les Ombres du levant [lien avec la page de présentation du roman] paraissait à la rentrée 1996. Je m’attaquai aussitôt au Plongeon [lien avec la page de présentation du roman], puis partis l’été suivant pour deux ans sur l’île de Nisyros où je le terminai, et où j’écrivis Le Château du silence.

 

Romancier, je le suis donc aujourd’hui – durant au moins les deux tiers de mon temps –, mais sans avoir cessé complètement d’être historien. D’abord parce que, dans tous mes romans, l’histoire de la Grèce (et de Chypre) joue un rôle important. Ensuite parce que bien peu de romanciers, en France, peuvent vivre de leurs droits d’auteur et que mes collaborations à diverses publications, mon enseignement à Science po, mes cours à l’université interâge de Créteil me procurent des revenus complémentaires. Enfin parce que ces activités-là sont pour moi une source de plaisirs et qu’elles me permettent de continuer à exercer mon esprit à la rigoureuse gymnastique de cette « science » aussi formatrice qu’utile, depuis Hérodote et Thucydide, pour comprendre le monde dans lequel nous nous débattons.