Ecrivain
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Album Mon mec Homo historicus
 

Repères biographiques

 
 

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Mon mec à moi
 
 
 
 

 

Mon mec à moi

C’est à l’automne de 1983 que nous avons dîné ensemble, pour la première fois, avec un ami commun. Tout de suite, Frédéric m’a plu, et je ne le lui ai pas laissé ignorer. En vain ; je suis rentré seul. Furax.


Il a refait surface six mois plus tard ; il m’a dit que je lui avais tapé dans l’œil ce soir-là, mais qu’un je-ne-sais-quoi l’avait empêché de reprendre ma balle au bond – le lendemain, il avait déclaré une méchante hépatite.

Moi, entre-temps, j’avais vécu ma première histoire d’amour – avec un manipulateur au charme toxique, le modèle de Rod dans Les Ombres du Levant, qui m’avait emmené jusqu’au plus près du suicide. Frédéric relevait à peine de la maladie qui l’avait aussi violemment ébranlé que durablement affaibli ; au téléphone, il m’a écouté stoïquement raconter mes peines de cœur.

 

Tortue Akamas

Nous nous sommes vite revus ; nous avons marché ensemble un après-midi entier dans le parc de Fontainebleau. Ce jour-là pendant tout le temps où nous avons longé la rive de l’étang des carpes, un caneton nous a suivis : le canard (avec les tortues que, plus tard, nous sommes allés voir éclore sur une plage déserte de Chypre – excursion bouleversante dont on trouvera la trace dans Le Château du silence), est devenu notre animal fétiche. (Lire l'extrait)

Nous ne nous sommes plus guère quittés depuis – trois fois seulement : il est parti six mois à Saint-Pétersbourg quand elle s’appelait encore Leningrad, nous nous sommes séparés quelque temps après sept ans de vie commune, j’ai vécu deux ans à Nisyros où il venait me rejoindre dès qu’il le pouvait. Nous nous sommes pacsés en février 2001.

Frédéric est un amoureux des langues ; il a appris le copte pour pouvoir lire les textes gnostiques. En plus de l’aimer, je l’admire.

Tout ce que j’ai fait de bien dans ma vie, depuis que je le connais, c’est avec lui, à cause de lui, grâce à lui ou pour lui. Sans lui, je ne me serais jamais lancé dans l’écriture d’un roman. S’il ne croyait pas en moi, je n’aurais jamais trouvé le courage d’écrire les autres, de surmonter les refus, les silences et les déceptions. C’est lui qui m’a donné les moyens de vivre l’expérience inoubliable de Nisyros, qui me permet aujourd’hui de consacrer l’essentiel de mon temps à l’écriture. C’est à lui que sont dédiés mes trois premiers romans et, si La Quatrième Révélation ne l’est pas, c’est qu’il n’a pas voulu prendre le risque de rivaliser avec Hermès auquel ce livre était en premier lieu dédicacé.

 

Portrait

Frédéric est mon premier lecteur. Il n’est pas anglais, mais il a servi de modèle au Willy des Ombres du levant. Troublé, longtemps, d’avoir un double qui lui avait échappé ; émus, tous les deux, chaque fois que nous nous arrêtons au cimetière marin de Pali, à Nisyros, là où j’ai enterré Willy : lors de l’écriture, Frédéric ne s’était pas satisfait de la façon dont j’avais fait mourir Willy : il ne pouvait choisir sa mort – c’est moi qui écris –, mais il refusait celle que je lui avais choisie ; il a bien aimé ma deuxième proposition : Lire l'extrait


Frédéric est aussi mon premier correcteur – implacable. Chaque roman, nous le passons ensemble au gueuloir : il le lit à haute voix, du ton le plus détaché possible, s’arrête sur chaque virgule, chaque mot, chaque construction qui lui posent problème. Pour moi, il s’agit toujours d’une épreuve – souvent rude. Mais c’est une chance inestimable, pour mes livres, qu’avant tout autre, un œil de cette acuité-là se pose sur eux.

 

Mon mec

Frédéric est enfin mon premier censeur – et c’est de haute lutte que j’ai obtenu l’imprimatur pour cette page. Moi, j’aurais voulu en écrire davantage pour dire combien il m’est indispensable, tenter de faire comprendre tout ce qu’il est pour moi. Il s’y est opposé.

Reste à lire mes romans. Dans les couples de garçons que j’ai créés, il y a tant de nous, de notre manière d’être l’un à l’autre, l’un avec l’autre ; il y a tant de lui dans chacun de mes livres.