C'est du retour de ces vacances-là que datent ma lecture passionnée des Contes et légendes, de la mythologie ou de l'histoire grecque ; car si nous allions en Italie, c'étaient les Grecs qui, déjà me passionnaient. Tant que, l'aisance revenue, c'est en Grèce que mes parents m'emmenèrent en 1973, en récompense de mon brevet.

Je me souviens d'avoir pleuré deux fois, cette année-là, sur le F/B Appia qui faisait la traversée Brindisi-Igoumenitsa, lorsque j'ai vu le soleil se lever sur cette terre grecque que j'aimais déjà sans l'avoir vue, et dans le brouillard des fumées d'échappement d'Athènes, lorsque j'ai aperçu la silhouette du Parthénon.

Et puis il y a eu le choc de Delphes.

Et la prise de conscience de ce qu'était une dictature : les chars positionnés aux points stratégiques, la veille du référendum bidon organisé par le dernier avatar du régime des Colonels pour abolir la monarchie. Tiens ? la Grèce n'était donc pas qu'un pays de marbres blancs. C'est aussi de cette année-là que date ma curiosité pour l'histoire contemporaine tragique de ce pays qui tient une si grande place dans mes livres.

Au retour, j'étais tellement certain que ce voyage était un tournant décisif dans mon existence que j'ai obtenu de mes parents d'abord, puis de l'administration du lycée, en début de seconde et avec la complicité de ma prof de lettres, d'abandonner ma deuxième langue, l'anglais, pour commencer le grec ancien. Cette fois c'était certain : je deviendrais archéologue.

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