Je n'ai pas eu la chance, cette année, de voir, ne serait-ce que le vote de ce chef-d'oeuvre de déculturation anglo-saxonnisée, de niaiseries et de nullité chantonnantes, qu'est le concours de l'Eurovision. Nous dînions avec une passionnante ancienne prof de russe de Frédéric, mon compagnon.

C'est donc hier seulement que, après la polémique sur le coupeur de bites de pédés qui baise la France, pays de mécréants, invité à faire danser la jeunesse dans l'ossuaire de Douaumont pour l'intéresser à la commémoration nationale (il n'y a bien entendu aucun autre moyen, décent, imaginable... voyez par exemple le "régiment immortel" en Russie, manifestations sur lesquelles les médias français ont pratiqué l'omerta, comme de coutume lorsqu'ils ne peuvent décemment pas se livrer au dénigrement) des combattants qui perdirent la vie pour la défense des libertés de ce pays face à l'impérialisme et au militarisme allemands, j'ai appris qu'une chanteuse tatare de Crimée avait remporté l'inestimable trophée.

Avec une chanson sur les douloureuses conséquences de la collaboration massive des Tatars de Crimée avec le Reich hitlérien... mais qui ne dit rien des causes de ces conséquences - faudrait voir, tout de même, à ne pas déconner !

Car les gentils Tatars de Crimée, outre qu'ils furent pendant des siècles l'instrument de l'impérialisme ottoman, dont chacun connaît le haut degré d'humanisme, collaborèrent massivement avec les gentils nazis - comme les gentils Ukrainiens et les gentils Baltes (ces deux grands pays collaborateurs que furent l'Estonie et la Lettonie - les déportés se rappellent des gardiens... -, moins de 3,5 M d'habitants à eux deux, disposant des deux vice-présidences de la Commission européenne stratégiques pour la politique économique et monétaire de l'Union, surtout vu le temps quotidien de lucidité qu'on prête au président de ladite Commission dans les pays où le journalisme n'est pas exclusivement de révérence...). Tous alliés de la croisade EUROPEENNE du grand Reich de 1000 ans contre le communisme judéo-slave. Et tous, aujourd'hui, dressés au côté de l'Allemagne, hégémon de l'Union européenne de 1000 ans, contre le méchant Poutine.

Que la déportation des Tatars par Staline ait été tragique, nul ne le contestera. Que l'on fasse pleurer l'inculte Margot, en 2016, sans expliquer le contexte de ce tragique épisode et qu'on présente les Tatars comme les éternelles innocentes victimes de l'ogre russe est une autre paire de manches ! Car si la chanson de l'héroïne eurovisionnelle de la Liberté évoque des conséquences tragiques, je ne crois pas qu'on ait entendu les commentateurs français - "l'historien" Bern et je ne sais quelle amuseuse de bas étage soudain métamorphosée en spécialiste du Tatarstan et analyste géopolitique de première grandeur - expliquer que les Tatars, par exemple, fusillèrent plus de 11000 civils juifs à Simferopol en 1941 ou que le Tataren-Gebirgsjäger-Regiment der SS recruta sans difficultés, comme volontaires, au moins 10% des hommes de cette communauté...

On en arrive, ces temps-ci, par délire antipoutinien, à d'assez curieuses reconstructions historiques.

Puis, ce matin, j'ai appris que la journée de la jeunesse européenne se tenait cette année... en Azebaïdjan, régime aussi corrompu et autoritaire que celui de Kiev est corrompu et vérolé par le néonazisme, pays qui n'a rien d'européen et vient de relancer la guerre anti-arménienne au Haut-Karabagh.

Mais jusque-là, tout va bien !