Honte aux crétinezéaucrétins incapables de me comprendre !

Honte aux zattardéezéauzatardés, nationalistezéfascistes qui refusent de comprendre que l'Europe c'est la paix !

Honte aux pouilleusezéaupouilleux qui sont indignes d'une start-up nation et qui sont même incapables de traverser la rue pour trouver un job de serveur !

Hier, tandis que le colère populaire le conspuait, le Conducator insultait son peuple par Tweeter. Nul doute qu'il a su trouver les mots correspondant à sa charge : unir, rassembler, représenter le peuple tout entier.

Ce qui m'a frappé, toute la journée, c'est combien le mépris de cet énergumène aura été important pour faire passer un peuple qui subit les mêmes politiques depuis 35 ans (Mitterrand version tournant de la rigueur pour cause d'Europe) de la résignation à la révolte.

Durant les 4 heures que j'ai passées aux Champs, hier, en compagnie de Coralie Delaume (auteur notamment du récent Le Couple franco-allemand n'existe pas, sur lequel je reviendrai ici), je n'ai pas vu un "ultra-droite", ni un homophobe, ni un ignoble raciste. Que des gens ordinaires, jamais gazés et étonnés de la violence qui les vise, des gens fraternels et ouverts, qui vous racontent leurs galères avec dignité, qui vous disent qu'ils subissent depuis trop longtemps, qu'ils ne subiront plus, qu'ils ne veulent plus être insultés - le mépris revient en boucle - qu'ils ne veulent plus de Macron mais qu'ils ne veulent pas non plus du suivant qui sera le même...

Durant ces quatre heures durant lesquelles nous avons arpenté ensemble les Champs et les rues adjacentes, de l'Etoile au Rond-Point, nous n'avons vu,du côté des manifestants, que deux épisodes susceptibles de dégénérer. Au Fouquet's, une bande de très jeunes loulous de banlieue, qui n'avaient rien à voir avec des gilets jaunes, et qui, dès qu'ils ont commencé à ramasser des projectiles, se sont fait expulser manu militari par des manifestants, pas par un quelconque service d'ordre, mais par des citoyens simplement soucieux de ne pas voir leur protestation défigurée. En fin d'après-midi, alors que la foule refluait dans les rues à droite des Champs en montant, après une charge de CRS et un gazage massif, ce qui ressemblait de très près à des Totos encagoulés, se saisissant de matériels de chantier (étrangement laissés là en quantité alors que la précaution élémentaire eût été de les faire enlever la veille) pour constituer de simili barricades sur l'avenue.

Pour ma part, ce qui m'a sauté aux yeux c'est la tactique, parfaitement amateur - ou parfaitement provocatrice appliquée par les forces de l'ordre. J'en ai tiré rapidement la conclusion que le pouvoir voulait faire déraper le mouvement ou/et que des responsables de la Préfecture de Police s'amusaient avec leur Ran Tan Plan de ministre, et que certains - allez savoir ! - avaient peut-être trouvé là une occasion de se venger du traitement indigne appliqué par le pouvoir aux hautes sphères policières lors de l'affaire Benalla.

Quant au comptage de Ran tan Plan, il dit à lui seul tout le ridicule de ce méprisable personnage si caractéristique de la médiocrité de la caste La REM. 106301 manifestants ! mais qui diable est le 1ème ??? Coralie ? moi ? madame Duchemin ? mon concierge ? le boucher de la boucherie Sanzot ?

Comment peuvent-ils ne pas se rendre compte ? Ont-ils à ce point perdu tout sens des réalités ? Comme l'autre imbécile himalayesque d'Hidalgogo qui n'a pas réalisé que son tweete (probablement programmé hier ou avant-hier) invitant les Parisiens à aller voir les illuminations des Champs allait tomber en pleine émeute.

Aurait-on la caste politico-médiatique la plus bête, la plus crasse, la plus indigne du monde ? Cela semble se confirmer, heure après heure, de façon inéluctable - fatale.

Pour le reste, nous avons parlé ici ou là... Coralie s'est entendue dire par un CRS que, s'il était en vacances, il serait avec nous, mais qu'il a besoin de son job pour nourrir ses gamins. Ailleurs un couple habitant entre Fontainebleau et Melun, classe moyenne, nous a raconté comment ils n'y arrivent plus alors qu'ils étaient autrefois confortables. Le spectre du déclassement, évidemment, est un des moteurs de ce mouvement. Ils nous ont raconté qu'ils avaient déjà passé une journée et une nuit blanche sur des barrages, qu'ils continuaient à bosser, à s'occuper du chien et des gosses, que c'était épuisant, mais qu'ils ne lâcheraient pas parce que ça faisait trop longtemps qu'ils encaissaient sans rien dire et qu'avec Macron, on voyait bien qu'il n'y avait plus de limite à ce qui brise leurs vies et hypothèque celles de leurs enfants.

Ailleurs, une GJ de l'Oise, me raconte ces gosses à nourrir, ses galères quotidiennes, le boulot d'elle et de son mari qui n'ont pas été augmentés depuis on ne se rappelle même plus quand. "Ses 20 euros, reprend-elle, il peut se les garder, je ne suis pas Jacqouille la fripouille à qui on jette un os de poulet. On n'en peut plus de son mépris, le peuple ne rentrera pas à la niche". Puis en la poussant sur ce qu'il faudrait faire : "En tout cas, si on sort pas de l'euro, de L'Europe, on est cuits... Si on fout Macron dehors, ils en mettront un autre qui fera la même chose..."

C'est à cause de toute cette matière humaine dense, désespérée et révoltée que cette journée marque aussi, comme le relèvent les chroniques du Yéti en me citant, un point de non retour dans le discrédit du système dit d'information qui n'est décidément plus rien d'autre qu'un système de propagande et qui a, de manière dégueulasse, hier toute la journée, vomit son discours absurde sur l'ultra droite.

Comment, ceux-là aussi, peuvent-ils ne pas se rendre compte de la haine que suscite la La ronde macabres de leurs éditocrates et de leurs communicants d'opérette, payés des blindes pour débiter des mensonges, de leurs faux témoins et de leurs experts de foire qui voeint des fascistes chez tout ce qui n'est pas eux et fait irrésistiblement penser aux hamsters tournant dans leur roue, sans plus aucun contact avec le monde réel.
La photo, c'est moi, et derrière l'appareil c'était Coralie Delaume.