Une fois de plus, juste après le Gmachin où il a fait preuve de sa supériorité tactique sur la bande d'amateurs menée par les deux adolescents attardés pleins de leur suffisance, Trump montre qu'il n'a rien de l'imbécile non fiable qu'ont construit les médias français - qui, eux, ne comprennent décidément rien à rien.

En réalité, Trump et Kim ont pratiqué avec un art consommé la diplomatie du bord du gouffre, extraordinairement classique dans l'ère atomique, depuis qu'on a compris (refus de Truman de laisser Mc Arthur employer l'arme atomique contre la Chine justement au moment de la guerre de Corée) que la bombe nucléaire était une arme de dissuasion et non de champ de bataille. Rappelons que ce n'est en rien "l'Europe" qui a assuré la paix en Europe depuis 1945, mais seulement l'arme nucléaire, interdisant une attaque soviétique durant la phase de monopole américain de détention de la bombe, puis l'équilibre dit de la terreur interdisant toute guerre chaude sur le théâtre européen et repoussant les guerres USA-URSS dans des régions périphériques et le plus souvent par alliés interposés.

La crise de Cuba a fourni le schéma de ce genre d'épreuve de force : crise lorsque l'un des possesseurs de l'arme est en passe d'obtenir un avantage stratégique que l'autre juge inacceptable, montée aux extrêmes, négociation, accord en trompe l'oeil de sorte que personne ne perde la face, retour au statu quo. Après Cuba, la crise se termine par le renoncement de l'URSS à y déployer des missiles en échange d'un démantèlement en trompe l'oeil des fusées Jupiter américaines installées en Turquie, alors que ce démantèlement avait été décidé par les Américains avant la crise.

De même, la dénucléarisation de la péninsule coréenne ne mange pas de pain - quand ? dans 20 ans, 50, 300 ans ? -, en attendant Kim garde son assurance vie et va obtenir une (relative) ouverture économique, ce qu'il vise depuis son arrivée au pouvoir, tandis que Trump a un accord qui lui permet d'apparaître, à son électorat, comme celui qui a obtenu ce qu'aucun de ses prédécesseurs n'a pu obtenir : stopper, sans doute provisoirement, le développement de l'arme dont dispose la Corée du Nord, et sans doute de ses moyens de projection.

Pendant ce temps-là s'annonce une attaque frontale, ici et maintenant, contre les pensions de reversion.

Créer de nouvelles inégalités, creuser celles qui existent le plus possible, toujours et encore, violenter, martyriser les plus faibles, fabriquer toujours plus de pauvres et de malheureux dont le seul horizon de vie - pour les empêcher de penser, de contester, de protester -, doit être la survie...

C'est ce que la Grèce vit, sans limite et sans fin depuis 2009, la Grèce fut le laboratoire de la Germano-Europe - sous un gouvernement socialiste, sous un gouvernement bancocrate, sous un gouvernement dit d'union nationale dirigé par la droite, sous un gouvernement de la gauche dite radicale alliée à la droite dite souverainiste -, comme nous fûmes bien peu, si peu, à le dire dès le début et à continuer à le dire après la trahison de Syriza.

C'est la feuille de route germano-européenne fixée à Micron, qui s'en acquitte chaque jour avec zèle dans le but de plaire à Berlin et d'inspirer la confiance au nouveau Reich. Confiance pour quoi faire ? Pour rien car le Reich ne lui fera jamais aucune concession. Car le Reich le méprise.

Le carcan européen ne se réoriente pas, il ne se réforme pas. On le brise ou on y crève... en inspirant confiance à l'Allemagne.