Dès le soir des primaires de la droite, j'ai écrit que la campagne de Fillon serait un long calvaire, une longue descente aux enfers... La primaire est une absurdité démocratique, mais elle est aussi une insondable bêtise stratégique : elle conduit a désigner par le coeur d'un électorat, le candidat selon le coeur de ce coeur. En l'occurrence des retraités riches.

Juppé aurait perdu sur sa droite un électorat sarkozyste qui pense qu'il faut renverser la table et qui serait allé chez Le Pen. Sarko aurait perdu au centre un électorat qui aurait rallié Macron ou voté Bayrou. Fillon ne cessera de perdre des deux côtés, au fur et à mesure que sa droite verra en lui le candidat de l'immobilité et de la délectation morose (Nous n'avons pas fini de payer toutes nos fautes...) et au fur et à mesure que son centre réalisera qu'il n'est que le candidat d'une très rance réaction.

Une présidentielle ne se gagne par sur l'orthodoxie, elle se gagne sur une capacité à rassembler, à créer un enthousiasme. Ce qui n'est pas la principale caractéristique d'un croque-mort avec un programme pour les 20 % du pays les plus favorisés et qui ne risquent rien. La primaire socialiste de la dernière fois a fait illusion parce que le sentiment anti sarko était déterminant, mais cette élection est bien différente.

Pour ma part, je pense que la bulle Macron finira par percer (mais je n'en suis pas sûr), que Fillon finira en caleçon, que le candidat du PASOK français aura un score pasokien et que la présidentielle se jouera finalement entre Le Pen et Mélenchon...

Quant à moi, je me tâte : est-ce que je vais solliciter par Internet l'investiture du Potami ou du Ciudadanos français dans le 14e arrondissement de Paris ??? C'est drôle comme nous sommes en retard de 4 ou 5 ans sur les Grecs et les Espagnols : inventer un parti leurre pour tenter de prolonger un peu la vie d'un système à l'agonie... Encore une législature, monsieur le bourreau !