Au lieu de taper sur les abstentionnistes, regardez la réalité : l'abstention monte partout en Europe au fur et à mesure que l'Union européenne vide le vote de tout sens. Lorsque des traités prédéterminent tout ce qui fait une politique économique et sociale (dictature du marché, concurrence libre et non faussée, libre circulation des capitaux, des fraudeurs/optimiseurs fiscaux mais aussi des armes et mafieux de tout acabit, monnaie, budget, recul des services publics, c'est-à-dire de l'Etat, démantèlement du droit social appelé flexibilisation du marché du travail, pillage de la propriété publique au profit d'intérêts privés appelé privatisations...), lorsqu'on fait la démonstration que si l'on vote Non c'est quand même Oui, lorsqu'on s'affiche de gauche et que, sitôt arrivé au pouvoir, on mène une politique de droite aux ordres de Berlin, Francfort et Bruxelles, conduite par une nomenklatura hors-sol, au service des lobbys, il ne faut pas s'attendre à ce que les gens continuent à aller voter.

Les injonctions morales n'y changeront rien.

Aujourd'hui, dans la quasi totalité des pays européens, les exécutifs ne "représentent" plus que 20 % à 30 % des corps électoraux et dans nombre de pays, désormais, on n'atteint plus ces scores que par une alliance de la vraie droite et de la fausse gauche.

Les responsables de cette situation ne sont pas ceux qui se détournent du vote parce que les "représentants" ne représentent plus que leur caste, c'est la caste qui, sous prétexte d'Europe, nous a conduits là depuis tantôt plus de 30 ans.

Quant à ceux qui, tous les ans, à chaque élection, continuent à faire une fixette sur le doigt qui montre la lune, ils sont pathétiques.

Ca ne fait en effet jamais que 32 ans que ça dure. Depuis qu'on a pris le "tournant de la rigueur", c'est-à-dire depuis qu'on a cessé de faire de la politique au nom de l'Europe et de la monnaie, avant, en 1992, de faire une loi d'airain du rapport psychiatrique de l'Allemagne à la monnaie qui nous conduit, avec le libre-échange généralisé et la dérégulation de la finance (merci encore à Mitterrand et Bérégovoy !), à la désindustrialisation, au chômage de masse, à la destruction de l'Etat social, au retrait de l'Etat...

Il est d'ailleurs à parier que les conséquences que vont tirer de ce vote les inflexibles censeurs de l'abstention et des électeurs FN, comme les porte-parole de la Propagandastaffel qui ont fait silence sur les deux Non danois à l'UE, c'est "qu'il faut accélérer et amplifier les réformes afin de créer les conditions d'une croissance saine et durable"... Et donc que, en réalité, ce vote est une approbation de la ligne Macron.

Car l'autisme de la Nomenklatura politique et médiatique faillie n'a pas plus de limite que celle de l'URSS finissante, et comme les émigrés d'autrefois, ces gens-là ne comprennent ni n'apprennent jamais rien.

Si après le référendum grec, on ne veut pas comprendre que l'euro/UE et la démocratie sont incompatibles et que la politique criminelle de Berlin, appliquée par Bruxelles et Francfort, mise en oeuvre ici par Sarkozy comme par Hollande, rend chaque jour plus inexorable la montée du FN et plus irrésistible sa montée au pouvoir, cela augure de jours noirs. Et proches.

Une fois encore, on ne combat pas le FN avec des injonctions morales, on le combat en rompant, radicalement, avec les politiques européennes qu'ont impliquées, le franc fort d'abord, puis un euro irréformable et qui, depuis 30 ans, nous ont conduits dans l'impasse économique, sociale et démocratique dans laquelle nous sommes.