Dans les années 70 déjà, en Turquie, une stratégie de la tension (700 meurtres d’intellectuels et de militants de gauche ou d’extrême gauche) a été orchestrée par "l'Etat profond", des officiers turcs des réseaux « Gladio » mis en place par la CIA, dont les Loups gris de Türkes (actuel MHP qui entretient des liaisons dangereuses aussi bien avec la CSU bavaroise qu'avec le MR belge) étaient le bras armé. Cette stratégie aboutit au coup d'Etat militaire de 1980 à l'issue duquel le général Evren et la junte se présentent comme les seuls garants de la paix civile... Les mêmes méthodes sont régulièrement employées par le pouvoir turc pour tuer des chrétiens, des alévis, dans le collimateur d'Erdogan depuis longtemps, ou Hrant Dink journaliste arménien gênant en 2007... Et dans tous les cas, soit les enquêtes n'aboutissent pas, soit elles aboutissent à des "déséquilibrés" isolés dont il est apparu plus d'une fois qu'ils avaient des liens étroits avec les services de sécurité...

En réalité, Erdogan ne reculera devant rien pour décrocher la majorité absolue qui lui permettrait de se faire désigner sultan à vie...

Mais on laisse Erdogan qui soutient Daesh depuis l'origine, achète le pétrole de contrebande de Daesh et les textiles produits dans les territoires contrôlés par Daesh avant de les réexporter vers l'Europe de l'Ouest, qui protège les passeurs de migrants vers les îles grecques, et qui n'a déclaré le combattre que pour la galerie et pour pouvoir tranquillement pilonner les Kurdes qui combattent Daesh sur le terrain, tenir meeting à Strasbourg...

C'est dire l'étendue de la complaisance de nos politiques à l'égard du régime criminel d'Ankara. Car dès que la Turquie est en cause, qu'il s'agisse des provocations continuelles qui forcent à la Grèce à maintenir un effort de défense hors de proportion avec ses ressources (mais qui profite aux industries de guerre allemande et française), de l'occupation de 40 % de la République de Chypre depuis 1974, des crimes de guerres et des crimes contre l'humanité commis au Kurdistan durant des décennies, des violations de l'Etat de droit et des droits constitutionnels des citoyens turcs depuis les manifestations de Gezi, de la fraude électorale généralisée lors des derniers scrutins (un rat dans une centrale coupant malencontreusement l'alimentation électrique à l'heure du dépouillement)... la Germano-Europe comme les Etats-Unis détournent pudiquement le regard. Complaisance des politiques et des journaleux du genre de Guetta qui a seriné pendant dix ans sur Inter que les "islamistes modérés" turcs n'étaient que d'inoffensifs équivalents de démocrates chrétiens !