L'enquête n'a pas porté sur les activités de la Société générale, seulement sur un lampiste à qui on a laissé la bride sur le cou tant qu'il gagnait, puis qu'on a voué au trou et à la mort civile parce qu'il avait perdu et qu'il fallait bien un responsable à livrer en pâture à l'opinion : je suis vraiment surpris et peiné d'apprendre que la Société générale ne se serait pas comportée moralement, je suis surpris et peiné d'apprendre que l'enquête aurait pu être orientée afin de faire payer le lampiste et dédouaner la banque.

En réalité, ce qui est en cause c'est ce que sont devenus le capitalisme et la bourse-casino depuis trente ans, Reagan, Thatcher et, en France, Beregovoy, le socialiste à qui l'on doit la dérégulation du secteur.

On a vu, en 2008, où pouvait conduire ce système fou : les banques ont montré leur totale irresponsabilité, plongé le monde dans une crise qui a forcé les Etats à se surendetter pour limiter les dégâts, puis les libéraux et socialistes se sont servis de cet endettement pour démonter l'Etat social - trop coûteux ! - alors que ce sont les banques qui auraient dû être reprises en main.

Mais rien n'a été fait, rien de sérieux, et les banques centrales, en créant aujourd'hui des liquidités qui servent uniquement au Monopoly des banques, préparent une nouvelle crise à côté de laquelle celle de 2008 paraîtra un joyeuse plaisanterie.

La réalité, c'est qu'on ne régulera plus ce système, pas plus qu'on ne réformera l'Union européenne qui a été à la fois le prétexte et le moteur de cette dérive de la financiarisation casino. La réalité, c'est qu'aujourd'hui il n'y a plus, comme solution, pour reprendre en main les banquiers et eurocrates Folamour, tous membres de la même Nomenklatura qui s'est soustraite depuis trente ans, aux lois comme à la souveraineté populaire, c'est la nationalisation des banques et le démantèlement des traités européens qui fondent cet ordre fou.

Ce sera ça ou le chaos.