Pitoyable Ayrault...

Tant que la pensée politique se réduira, à la soi-disant gauche comme à la vraie droite, aux mantras invoquant une "réorientation de l'Europe", les "progrès de la construction européenne", un "gouvernement économique de l'Europe" et autres balivernes, il n'y aura pas d'autre voie que la destruction de l'Etat social, la course à la compétitivité par la baisse du coût du travail, c'est-à-dire à la baisse des salaires réels, la fin de la démocratie autre que formelle, puisque dans ce cadre-là il n'y a qu'une politique - néolibérale - possible, et la montée concomitante de l'extrême droite.

Parce que l'Europe, telle qu'elle a été refondée par l'Acte unique et Maastricht, impose à la soi-disant gauche, comme vient encore de le rappeler le commissaire européen Oli Rehn, au moment même où Ayrault rabâchait une fois de plus ses incantations vides de sens, ne peut pas être autre chose que ce qu'elle est. A cet égard, l'acte inaugural du quinquennat, la capitulation devant Merkel qu'a constituée la ratification - sans l'ombre de la renégociation promise aux électeurs - du traité budgétaire, a écrit par avance l'histoire des cinq années qui suivront.

Faute d'avoir rompu d'emblée avec la logique européenne et mortifère de la récession, faute d'avoir choisi une sortie négociée de l'euro, la dévaluation et le recours à l'inflation - seule alternative à la "baisse du coût du travail" et condition d'un retour à la démocratie, c'est-à-dire au choix entre deux politiques et non entre deux équipes qui, quels que soient leurs discours, mènent la même politique, moyennant quelques aménagements aux marges -, le gouvernement dit socialiste s'est condamné à voir le FN devenir le premier parti de France aux prochaines européennes et à préparer le retour d'une droite encore plus dure à la prochaine échéance nationale.