Il y a deux ans que, devant le refus de l'Allemagne et de l'ancienne zone mark de mutualiser et monétiser la dette, résultat de la politique monétaire de la zone euro, on aurait dû en tirer les conséquences.

Depuis dix ans, l'Allemagne a imposé aux autres Européens un taux de change imbécile de l'euro qui a asphyxié nos exportations, plombé notre compétitivité, multiplié les délocalisations et le chômage, fait des salaires, des pensions et du démantèlement de l'Etat social les seules variables d'ajustement. Dans le même temps, elle a réalisé l'essentiel de ses excédents commerciaux sur ses partenaires (leur dette), ce que lui aurait en partie interdit une monnaie nationale qui se serait réévaluée par rapport à celles des autres Européens. Enfin, elle refuse les transferts des régions riches vers les régions pauvres que suppose toute zone monétaire unifiée.

Devant ce triple Diktat, la seule solution était de préparer une sortie ordonnée de l'euro, de dévaluer pour retrouver de la compétitivité, d'en finir avec le tabou néolibéral de l'indépendance des banques centrales en monétisant la dette et en l'effaçant progressivement par le recours à une inflation modérée.

Au lieu de quoi, on a détruit l'économie des pays qu'on prétendait "aider", réduit à la misère et tué chaque jour davantage d'Européens. Aujourd'hui, on en arrive au hold-up sur les comptes bancaires des particuliers, au risque de provoquer une panique, et sur ceux des étrangers au risque de provoquer des mesures de rétorsion de la Russie . Mais l'euro est déjà mort et le temps pour en dresser l'acte de décès se raccourcit chaque heure ; faute d'avoir préparé sa dissolution, il va falloir bientôt gérer dans l'urgence les conséquences de son implosion.

Sarkozy et Hollande partagent à égalité les responsabilités de la catastrophe qui arrive, par leur adhésion ou leur soumission à l'idéologie néolibérale, par leur refus ou leur incapacité à s'opposer à la politique aussi inique qu'imbécile de Merkel, ceci au nom d'une Europe qui, depuis le milieu des années 1980, n'est plus qu'une machine à faire du libéralisme, à déconstruire l'Etat social et à détruire la démocratie.