mais ce n'est la faute ni à la politique pénale démente, ni à l'état des prisons françaises... Melle Dati a accouché et reste ministre : tout va donc pour le mieux dans le meilleur pays des droits de l'homme possible.

On tue à Gaza, on bombarde les hôpitaux, les écoles, les bâtiments de l'ONU ; on tire sur les gamins, dans le dos des civils qui s'enfuient ; on utilise dans des zones pleines de civils des armements prohibés par le droit international dans les zones où se trouvent des civils ; on a décidé d'éradiquer le Hamas après l'avoir créé pour embêter Arafat et, dans ce but, on fait la guerre du marteau-pilon contre le moucheron, c'est-à-dire en écrasant tout et tout le monde... sauf le moucheron : on commet chaque jour ce que, partout ailleurs, on qualifierait de crimes de guerre, ce qui a valu, ici ou là, dans les Balkans des interventions armées de l'ONU et de l'OTAN, ce qui a valu à d'autres d'être traduits devant un tribunal international. Deux poids, deux mesures ? Cela fait tellement longtemps que ça dure au Proche-Orient qu'on en a pris... l'habitude ? Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des enfers possibles.

Sarkozy se mêle de tout, à tort et à travers, toujours plus démago, demandant des excuses au président de la SNCF, décidant de la gratuité de ceci, du taux de remboursement ou d'intérêt de cela, déplaçant la secrétaire d'Etat à l'écologie, la seule de ce gouvernement qui connaît ses dossiers et n'est pas trop réactionnaire, pour la mettre au placard. Elle gênait tant que cela à l'écologie, depuis que les députés lui avaient savonné la planche ? Au fait, Sarko, c'est lui aussi qui décide souverainement de la couleur et de la forme des sous-vêtements des forces armées françaises ? Allez, va ! tout est vraiment pour le mieux dans le meilleur des grandmamamouchilands possibles.

On va limiter le temps de parole des députés de l'opposition, alors qu'on prétendait donner plus de pouvoir au Parlement, alors que LE vrai problème c'est l'inflation législative, la maladie grave qui consiste à légiférer sur tout et rien, n'importe comment de préférence. Tout est pour le mieux dans la meilleure des démocraties possibles.

On est partis quinze jours à Nisyros. C'était génial, un temps de printemps, des bains de mer, de longues balades, des marrons dans la cheminée et l'écriture, tous les après-midis, comme nulle part ailleurs.

Pas de journaux, si peu de radio : j'ai entendu que RFI (vous savez l'audiovisuel international à la tête duquel le roi a nommé la femme de son ministre des Affaires étrangères : encore une chose inimaginable ailleurs que dans une démocratie à la gabonaise !) allait licencier 200 personnes. En Grèce, ça ne changera pas grand chose, car en dix ans, RFI que j'écoutais régulièrement en 1997-99, est devenu totalement inaudible. Alors qu'on entend parfaitement la BBC, les Russes, les Chinois, les Roumains : les Russes et les Roumains, les derniers à émettre en français !!!

Merci Mme Kouchner ! ça m'a fait de vraies vacances : quinze jours sans Dati, sans Gaza, sans Sarko, c'était presque aussi bon que la douceur du soleil, la caresse de la mer, les odeurs de soufre, les cyclamens parme, les premières marguerites, les papillons et les arums.

Il y a des moments comme ça, où l'homo politicus que je suis pourtant, à l'extrême limite du dégoût, éprouve vraiment, mais vraiment, la tentation du retrait dans la tour d'ivoire - en l'occurrence un parallélépipède blanc et bleu sur le flanc d'un volcan qui fume.

En attendant, il a fallu rentrer.

Hélas !

Pour le reste, j'ai eu le plaisir, ce matin de recevoir le n°35 (janvier-février 2009) de la revue Questions internationales, de la Documentation française qui publie notamment mon article sur la Grèce depuis l'an 2000.

Allez, à tous une bonne année ! On n'y croit guère mais on va faire un effort pour se convaincre que le pire n'est jamais sûr ! avec ce petit montage d'images de notre volcan en hiver...