93e suicide de détenu dans une prison française : vous aurez relevé comme moi la réactivité de la garde des Sceaux !

C'est comme dans la crise financière : depuis l'été 2006, on savait qu'il y avait une grosse "chance" que ça pète et que, au fur et à mesure que la crise enflait, les risques systémiques s'aggravaient. Mais personne n'a rien fait. Ni les Américains, ni les Européens, ni Sarkozy, ni Trichet, obnubilé par les risques d'inflation.

Parce que les libéraux sont avant tout des idéologues. Et des idéologues, ça refuse de voir la réalité, ça croit toujours que ça détient La Vérité, et que la réalité finira bien par se plier à cette Vérité-là.

Et puis quand la crise est là, tout le monde s'agite, mais il est trop tard ; l'entropie est plus forte que toutes les mesures qu'on n'a pas prises à temps et qui, mises en oeuvre trop tard, ne servent plus à rien : ce que nous vivons, c'est en somme un Tchernobyl du libéralisme mondialisé et libre-échangiste.

Eh bien dans les prisons françaises, c'est la même chose : on sait que nos prisons sont médiévales et honteuses pour une démocratie. On sait qu'on y met chaque jour davantage des gens qui n'ont rien à y faire, des malades, des gens psychologiquement faibles. On sait qu'il n'y a pas le personnel social nécessaire pour accompagner, soigner, préparer la réinsertion. On sait que la politique pénale suivie depuis deux ans et plus ne fait qu'aggraver la surpopulation, qu'exacerber ces dysfonctionnements ; qu'elle les rend inhumains, insupportables - jusqu'à faire préférer la mort à ceux qui les subissent.

On le sait mais on continue. Parce qu'en plus d'être incompétents, Sarkozy et Dati sont des idéologues du sécuritaire.

Jusqu'à quand vont-ils continuer ? Combien de morts faudra-t-il encore ? Les citoyens du pays des droits de l'Homme vont-ils tolérer encore longtemps que cette prison-là continue à tuer ? Faudra-t-il une flambée de violence, des mutineries ? A quand le Tchernobyl des prisons françaises ?