90e suicide dans une prison française depuis le début de l'année...

Hier, au journal de France 2, le journaliste annonce le chiffre et parle de "série noire". Ben voyons, c'est juste la faute à pas de chance si, en 2008, dans les prisons de Sarkozy, il est mort un peu plus de trois fois le nombre de prisonniers exécutés (27) au pays de George W. Bush !...

Salauds d'Américains, barbares qui appliquent encore la peine de mort.

Alors qu'au pays des droits de l'homme, c'est avec la conscience parfaitement tranquille qu'on déplore le 90e suicide en prison. La différence c'est que chez nous, personne n'est condamné à mort et que les prisonniers qui se suicident sont parfois des prévenus, c'est à dire des citoyens présumés innocents.

Mais qu'on se rassure, il ne s'agit que d'une série noire.

Il ne s'agit pas de la conséquence d'un système judiciaire devenu fou qui emprisonne n'importe qui pour n'importe quoi, qui condamne sans preuve, qui multiplie ces temps-ci, autre série noire, les erreurs judiciaires : après Outreau, Marc Machin, condamné à 18 ans pour un meurtre commis par un autre et sorti après six ans de prison, et après Marc Machin, Jacques Maire, acquitté au terme de onze ans de taule... terrifiant, non ? terrifiant et un peu courant, non ?

Il ne s'agit pas de l'effet de la politique pénale démente de Dati-Sarkozy qui aboutit à la pire surpopulation des prisons que nous ayons jamais connue.

Il ne s'agit pas non plus de mettre en cause l'état médiéval, honteux, scandaleux, de tant de nos prisons, régulièrement constaté et dénoncé par des missions d'enquête parlementaires ou européennes... en attendant que de nouvelles missions d'enquête parlementaires ou européennes le constatent et le dénoncent de nouveau.

Il ne s'agit pas davantage du fait que l'état de mendicité à laquelle a été réduite la médecine psychiatrique française en 20 ans conduise à envoyer au trou des gens qu'on devrait soigner en HP. Non, pour penser cela il faut être aussi mal intentionnée que la Cour européenne des droits de l'homme qui vient de condamner la France pour "traitements inhumains et dégradants" et "violation du droit à la vie" du fait du suicide d'un détenu souffrant de troubles psychiatriques, le 20 juillet 2000, à la maison d'arrêt de Bois d'Arcy. La preuve ? Melle Dati, elle, fait modifier la loi pour qu'on puisse enfin faire passer en jugement - au nom du "droit des victimes" - même les pauvres bougres reconnus irresponsables.

Et qu'on ne vienne pas nous dire que ces 90 suicides sont liés à l'absence totale de véritable suivi médical et psychologique des détenus, à l'indigence de la politique de réinsertion, à l'absence totale de la volonté politique et des moyens matériels de considérer, comme au Canada, comme dans nombre pays comparables au nôtre, que le pouvoir d'enfermer crée l'obligation pour l'Etat d'éduquer et de former ceux qu'il enferme afin de leur donner une deuxième chance.

Qu'on ne vienne pas nous dire que la prison française ne sait faire qu'une chose : fabriquer des bêtes sauvages et des désespérés, à qui la prison n'apprend qu'une chose, que l'Etat viole chaque jour les lois qu'il vote en n'assurant pas à ses détenus l'hygiène et la dignité minimale des conditions de vie que ses propres lois lui imposent de leur garantir.

Non, il s'agit simplement d'une série noire qui ne justifie même pas que Melle Dati reçoive les représentants des gardiens de prison. Circulez, il n'y a rien à voir ni à penser !