Et dans les grandes largeurs encore ! À l’instant, je rentre de chez Nicolas où je suis allé quérir les fluides qui arroseront mon demi-siècle, ce soir, et soudain une affiche me saute aux yeux, une pub pour nous dire d’aller voter, avec cette incroyable légende :

« Ma voix aura le dernier mot »… Non vraiment ! ils osent !!!

Un mois et quelques après que Caligula nous a administré par lavement, avec la complicité des deux assemblées, à l’exception d’une poignée de parlementaires encore respectueux de la souveraineté populaire, le traité européen que le peuple français avait massivement repoussé par référendum : quelle audace ! quelle ironie grinçante !! quel foutage de gueule !!!

« Ma voix aura le dernier mot »… alors que justement nos voix ne l’ont pas eu, qu’il a fallu moins de trois ans pour les balancer où je pense et tirer la chasse. Non vraiment, il n’y a plus aucune décence dans ce pays.

J’irai voter Delanoe dimanche, bien sûr. Mais sans aucune illusion sur le fait que ma voix puisse avoir le dernier mot face au président, à ses séides et à ses affidés qui ont déclaré la guerre à tous les gens honnêtes et humbles de ce foutu pays où la démocratie est chaque jour plus formelle et chaque jour moins réelle, face au président et à ses « frères » dont les revenus explosent, quand mes parents de 80 ans qui ont commencé à travailler à 14 n’arrivent plus à vivre décemment avec leur retraite, face aux cris de vierge effarouchée de la patronne du CNPF devant les trafics de millions des vilains méchants loups de l’IUMM dont la brave femme ne savait rien – croix de bois, croix de fer ! –, face à la soi-disant franchise médicale qui est surtout une vraie taxation des malades chroniques, des séropos, des handicapés, des vieux, des diabétiques, etc.

« Ma voix aura le dernier mot »… quelle pitié !

J’irai voter dimanche, par esprit de Résistance contre tout cela mais sans aucune illusion que le PS représente une alternative, même très vaguement crédible, à toutes ces agressions dont les gens honnêtes et humbles de ce pays souffrent chaque jour davantage ; parce que c’est le PS qui, à Maastricht, a désarmé l’État et donné l’essentiel du pouvoir économique aux irresponsables de Francfort qui nous feront crever en excellente santé comme les médecins de Molière ; parce que c’est le PS qui a consenti au désarmement douanier européen qui met nos travailleurs en concurrence avec le prolétariat du Tiers-Monde ; parce que c’est le PS qui a accompagné le discours dominant sur le déficit de la Sécu, les retraites, etc., sans jamais dire qu’il n’y aurait plus aucun problème de ce côté-là si on en revenait seulement à la répartition des plus-values entre le capital et le travail au niveau où elle était dans les années 60… époque où, comme chacun sait, la France était dirigée par le dangereux communiste de Gaulle.

« Ma voix aura le dernier mot » : rions-en avant que d’en pleurer !