La défaite à Tourcoing de ce Vanneste que Sarkozy et l’UMP avaient juré ne plus vouloir investir – quelques semaines avant de se parjurer. Merci aux citoyens de Tourcoing ! Incontestablement, on respire mieux dans ce pays, depuis hier soir, quand on est pédé. Pour le reste, on verra à l’heure des comptes, la semaine prochaine.

Et puis, en Espagne, la victoire de l’ouverture d’esprit sur l’éternelle coalition des post-franquistes et des corbeaux. Le social-libéralisme n’est pas vraiment ma tasse de thé, mais au moins la gauche espagnole, elle, n’a pas honte d’être de gauche ; elle sait écouter les aspirations de la société et y répondre ; elle ose dépénaliser l’usage du cannabis et établir la totale égalité des homosexuels face au mariage et à l’adoption ; elle ne met pas en devanture une Boutin vaguement colorée de rose qui, en tentant de concurrencer la réaction sur son terrain, ne pouvait que perdre des élections imperdables.

La haine qu’a déchaînée Zapatero en établissant le mariage gay et en remettant en cause l’équivoque historique sur laquelle a été fondée la transition démocratique me le rend éminemment sympathique. Équivoque historique, car la transition a eu pour prix la non punition des criminels franquistes et la non reconnaissance de leurs crimes. En Grèce, les Colonels ont été jugés et condamnés ; Papadopoulos est mort en prison. Fraga Iribarne a fondé le Parti populaire et présidé des années durant la Galice ; le franquisme n’a jamais été reconnu pour ce qu’il est : le résultat d’un complot militaire appuyé par l’Église, un régime illégal, illégitime et criminel – sa durée et son anticommunisme qui l’a soudain rendu acceptable pour cause de Guerre froide n’y changent rien.

Zapatero a eu le courage idéologique de le dire en faisant établir le droit à indemnisation des victimes du franquisme. En s’attirant aussitôt la réplique de l’alliée de toujours du régime fondé sur le « Viva la muerte ! » et l’assassinat du poète (pédé) Garcia Lorca, l’Église catholique, apostolique et romaine qui, Benoît XVI en tête (ce pape pour lequel le peuple allemand n’a point de responsabilité dans le nazisme), béatifie les victimes de la guerre civile… Pas les 1700 morts du sauvage bombardement de Guernica, pas les centaines de milliers de prisonniers sans jugement, de torturés et de fusillés par les troupes du très catholique Franco. Non ! 498 martyrs des républicains bien sûr ; des prêtres et des bonnes sœurs accrochés aux privilèges d’une société cléricale vivant depuis des siècles sur la misère noire du peuple, qui lui prêchaient la soumission, l’obéissance et la résignation ; qui, malheureusement mais inévitablement, ne pouvaient qu’être victimes du réveil de ce peuple.

Zapatero n’a pas cédé aux intimidations de l’épiscopat, des « familles » et des post-franquistes. Il a tenu le cap de la justice et le peuple lui a donné raison.

Ce dimanche fut donc un bon dimanche.

Pour nous, il reste maintenant à transformer la gifle donnée hier à un pouvoir autiste, sourd et aveugle aux souffrances des humbles qui augmentent chaque jour, qui chaque jour se rapprochent de l’insupportable, en une véritable torgnole.

Reste à espérer qu’ensuite, le Parti socialiste se mettra enfin, enfin sérieusement au travail. Et qu’il entendra la leçon de la victoire de Zapatero : on gagne, quand on est à gauche, lorsque l’on est soi-même, lorsqu’on fait confiance à l’intelligence du peuple.