D'abord une petite précision : comme j'avais écrit, à la fin de mon précédent billet, que je ne répondrais pas aux commentaires qu'il susciterait, je n'ai effectivement pas publié les commentaires qu'il a suscités.

Pour le reste, la liste UPR pour laquelle j'ai voté, et pour laquelle je ne regrette nullement d'avoir voté, a progressé en voix de manière significative par rapport aux précédentes élections. Ma conviction reste inchangée - il faut construire aujourd'hui une offre souverainiste qui tienne la route de la nature que j'indiquais dans mon précédent papier - et mes réserves à l'égard de l'UPR également - on ne bâtit pas un pôle à vocation majoritaire en exigeant des ralliements.

Pour le reste, j'en ai un peu marre de la délectation morose du genre : "Oui c'est lui le vrai vainqueur de ces élections, c'est le plus grand politique depuis Mitterrand, on le combat mais il faut bien reconnaître son génie tactique"...

Eh bien Non.

Il a perdu - avec moins de 10% du corps électoral - bien qu'il n'ait rien en face de lui : un RN nul, des gauches de droite atomisées parce qu'elles ont accepté l'UE et l'euro, une droite en décomposition, des idiots utiles écolos, une LFI en errance qui a choisi les élucubrations d'Autain et Obono plutôt que Kuzmanovic...

On en est là parce que l'UE et l'euro ont détruit le champ politique en privant de tout sens et contenu les alternances, et il restera - ce qui n'a rien à faire avec son prétendu génie - si, les souverainistes (qu'on les appelle comme on veut) de droite et de gauche restent incapables de s'unir et de structurer un programme de législature, clair, pour la Libération et d'aller au combat sur ce programme.

Quant à la Grèce, la participation est en baisse par rapport aux dernières européennes (2014) même si elle a sans doute été dopée par la tenue simultanée de municipales et régionales. Et ces trois élections sonnent le glas du pouvoir syriziste qui a été contraint de concéder des législatives anticipées en juillet.

En effet, les scrutins ont donné un écart est historiquement au plus haut (près de 10 %) entre les deux premiers partis, ceci malgré le côté repoussoir du chef de la droite (Nouvelle Démocratie), véritable caricature du vieux système clientélo-clanique. Tsipras, avec sa majorité parlementaire étroite et ne reposant que sur quelques traîtres du parti avec lequel il a gouverné depuis 2015 et qui a quitté la coalition après l'accord de Prespa avec la République désormais dite de Macédoine du Nord, ne pouvait plus maintenir la fiction d'élections allant au terme constitutionnel de sa mandature à l'automne.

Pour autant, la dispersion sur de micropartis, qui traduit le déboussolage complet de l'électorat grec, est telle qu'elle rendrait difficile pour la droite, si reproduction à l'identique lors des législatives anticipées de début juillet, d'avoir une majorité absolue.

Enfin la percée d'une droite nationaliste plus présentable qu'Aube dorée, notamment grâce à l'accord avec la République dite de Macédoine du Nord imposé au peuple grec qui le rejette à une très large majorité, pourrait bien s'amplifier aux législatives.

Le maintien des pasokiens autour de 7,5% devrait néanmoins permettre la reconstitution du gouvernement préSyriza.

Ainsi Tsipras raterait ce que je pense être son objectif: être indispensable à une grande coalition pour laquelle il n'avait pas de mots assez beaux à propos de l'Allemagne. Reste pour lui à décrocher une sinécure européenne !

Ainsi s'achèverait la mission historique de Syriza: avoir fait passer tranquillou ou presque ce que la droite n'aurait sans doute pas réussi à faire passer sans convulsion, y compris l'extension de l'OTAN à la République dite de Macédoine du Nord, et restituer le pouvoir à la droite une fois le sale boulot accompli.

L'autre grande leçon du scrutin c'est la débandade piteuse des dissidents syrizistes. Un peu plus d'1,5 % pour Zoé Kontantopoulou, moins de 0,6 pour Laïki Enotita empêtré à ce niveau dans des querelles d'appareil ! On ne se refait pas... Quant à la liste trompe l'oeil de Varoufonvaréformerleuropepourlafaireplushumaine, qui espérait jusqu'à hier avoir décroché un siège juste au-delà du seuil des 3% (3,1), elle se retrouve, après recomptage à 2,9% et ledit siège va à la droite.

Dimanche, deuxième tour dans les municipalités et régions non pourvues au premier, notamment l'Attique, la plus importante du pays, détenue par Syriza depuis 2014 et qui devrait lui échapper.

Bref, Syriza ce n'est pas seulement la Bérézina de la gauche radicale qui, en régime européen, est une droite comme les autres, c'est un paysage qui, même hors d'Olympie et de Delphes, est un champ de ruines... Et ce n'est pas demain que va commencer la reconstruction.