Après avoir été à l'origine de la démission du ministre des Affaires étrangères Kotzias, négociateur de l'accord avec l'ARYM, le ministre de la Défense Kamménos s'en prend aujourd'hui au secrétaire d'Etat aux Grecs de l'étranger, Terence Spencer Nikólaos Kouík, membre du gouvernement Syriza-ANEL depuis janvier 2015.

Le drôle, c'est que Kouik est le cofondateur, avec Kamménos, des Grecs indépendants (ANEL, venus de la droite par refus des mémorandums dont ils ont ensuite avalé le pire, celui de Tsipras), mais qu'il soutient l'accord de Prespa.

Sur l'accord lui-même, le ministre de la Défense, arrivé au Conseil national de son parti avec en fond musical le Kalachnikov de Bregovic, a déclaré qu'il n'avait jamais été question de cet accord lors de la négociation de l'accord de gouvernement entre Syriza et ANEL , que "dès le premier moment, nous avons dit que nous ne le soutiendrions pas. Nous resterons au gouvernement jusqu'à ce que le nœud vienne au peigne." C'est à dire jusqu'au moment où, si l'ARYM modifie bien sa Constitution, l'accord arrive pour ratification à la Vouli. Il a donc indiqué qu'ANEL était bien au gouvernement jusqu'en mars....Mais lorsque l'accord arrivera à la Vouli pour ratification, ANEL quittera le gouvernement.

Et il a ajouté "ne pas pouvoir parler" des modalités qui, à Skopje, ont permis l'ouverture du débat constitutionnel... c'est-à-dire l'achat des 8 députés d'opposition qui manquaient à la majorité qualifiée.

En réalité, ce gouvernement n'est plus qu'une pétaudière sans queue ni tête qui se décompose chaque jour, ou chaque heure, un peu plus... Tiendra-t-il vraiment jusqu'en mars avec une guerre permanente entre ministres ?

Sur les modalités du vote à Skopje, c'est le ministère des Affaires étrangères russe qui donne aujourd'hui quelques précisions.

Dans un communiqué virulent, repris par la presse grecque, il détaille les conditions dans lesquelles à été acquis le vote d'ouverture du débat sur la révision de la Constitution prévu par l'accord de Prespa avec la Grèce, grâce à huit députés d'opposition :

"Tout était organisé selon les règles de la" démocratie européenne moderne ".

Huit votes de députés de l'opposition ont été obtenus par le chantage, les menaces et les pots-de-vin. Trois d'entre eux, par pure chance, ont été libérés ce jour-là. A deux d'entre eux, détenus au bureau du procureur spécial, a été promise la liberté. Les autres en échange du "bon vote" ont reçu des propositions financières de corruption.

Les députés étaient enfermés dans des bureaux, on leur avait pris leurs téléphones portables, apparemment dans l'esprit de la pratique démocratique européenne. Il est à noter que l'ambassadeur américain était présent dans les locaux du parlement jusqu'à la fin de la réunion, ce qui ne laisse aucun doute quant à savoir qui a orchestré ce processus.

Nous considérons que l'incident est une violation flagrante de toutes les règles, à la fois légalement et éthiquement. De telles manipulations sales ne peuvent être considérées comme une expression de la volonté des députés. Les deux tiers des "Macédoniens" qui ont refusé de soutenir l'accord de Prespa lors du référendum invalide du 30 septembre sont grossièrement ignorés."