"Moyennant cette petite concession politiquement gérable, Wolfgang Schäuble obtient beaucoup. Le FMI sera officiellement exclu du champ des négociations sur la dette grecque. Certes, il restera créancier pour 13 milliards d'euros sur les 294,4 milliards d'euros de la dette grecque. Certes, il pourra toujours prétendre qu'il faut des coupes franches dans le stock de dette grecque pour le rendre « soutenable ». Mais, dans les faits, il n'aura plus de moyens de pression sur les principaux créanciers, les pays de la zone euro. Ceci clôt, de facto, toute possibilité d'une réduction du stock de dette pour la Grèce puisque, sur ce point, le pouvoir réside dans l'Eurogroupe et que l'Eurogroupe est largement dominé par Wolfgang Schäuble. Il y aura sans doute quelques aménagements qui, in fine, ne régleront pas l'essentiel et ne seront que des éléments cosmétiques qui ne modifieront pas la nécessité pour la Grèce de dégager des excédents considérables."

Ainsi l'excellent Romaric Godin analyse-t-il, dans un papier toujours aussi limpide le retrait probable du FMI du plan de pillage de la Grèce, appelé "plan d'aide" en novlangue européenne. Car le FMI, malgré toutes ses turpitudes, a reconnu que la politique appliquée en Grèce depuis 2010 est un échec complet et qu'aucune solution n'est possible sans une réduction du stock de dette - ce que les têtes de pioche allemandes refusent absolument d'envisager.

Mais franchement qui pouvait en douter ?!

J'ai écrit dès le lendemain de la capitulation en rase campagne de celui qui est devenu le petit collaborateur parfait des tortionnaires de son peuple après avoir mimé le résistant au couteau entre les dents, que ceux qui croyaient à une réduction de la dette grecque autrement qu'en trompe-l'oeil étaient soit des naïfs soit des cyniques qui cherchaient à faire avaler le 3e memorandum, pire que les deux autres, en faisant miroiter une réduction qui n'aurait jamais lieu.

Eh bien voilà ! Nous y sommes. Il n'y aura aucune contrepartie à la capitulation, parce que, lorsqu'on capitule, on ne gagne jamais que le mépris de celui entre les mains de qui on capitule. Pauvre peuple qui va continuer à crever, par l'Europe et par un système partisan totalement failli, de la droite à la soi-disant gauche radicale ! Jusqu'où ? et jusqu'à quelle nouvelle catastrophe ?

Syriza portera devant le peuple grec et devant l'histoire une responsabilité écrasante, et d'abord celle d'avoir tué l'espoir qu'il avait fait naître en refusant d'envisager la seule voie qui aurait pu faire vivre cet espoir : la sortie de l'euro.