Comme je l'avais annoncé dès juillet, la capitulation de Tsipras et le vote dans des conditions contraires à tous les engagements pris devant les électeurs autant qu'aux droits du Parlement du troisième mémorandum, en réalité du quatrième, car Samaras avait déjà accepté un train intérimaire s'apparentant à un troisième, a entraîné, moins d'un an plus tard l'acceptation d'un quatrième, ou cinquième, mémorandum voté hier dans des conditions tout aussi scandaleuses.

Les trois ou quatre premiers mémorandums ayant échoué parce que leur logique déflationniste ne peut que conduire à l'échec, il fallait donc encore aggraver cette logique déflationniste par un nouveau train de mesures, toujours plus anti-démocratiques, toujours plus ravageuses pour la société, toujours plus imbéciles au regard des logiques économiques, toujours plus juteuses pour les charognards de la cupidocratie qui nous gouverne.

On ne change pas une politique qui perd. C'est comme avec l'euro : il faudrait reconnaître qu'on s'est trompé depuis le début ou que les logiques qu'on a mises en place ne visent qu'à détruire une société et piller un pays - le pire, dans ce processus, étant qu'un parti dit de gauche radicale et un parti dit souverainiste se sont faits les auxiliaires zélés, au nom de l'Europe, de cette politique de la terre brûlée qui conduit les uns à s'empiffrer toujours plus et les autres à crever de faim la gueule ouverte.

Jusqu'à ce qu'ils se révoltent ?

Les tsipriotes français et grecs nous diront encore, sans doute, que Tsipras est un moindre mal, qu'il ne pouvait pas faire autrement, que ce serait pire si c'était la droite qui le faisait.

Non. Non. Et non. On est même fondé à penser qu'un gouvernement de droite n'aurait pas eu à, voire n'aurait pas, accepté autant.

En attendant, la Vouli a adopté hier, toujours selon les mêmes procédures, maintes fois décrites ici - je me lasse, excusez-moi de ne les pas redécrire - et qui sont une négation des droits du Parlement, de la Constitution, de l'Etat de droit, un catalogue de mesures de... 7500 pages dont aucun député n'a bien entendu pu prendre connaissance.

Le tout dans le silence assourdissant des médias français qui montrent bien là leur nature de chiens de garde de l'ordre criminel européen et dont le dernier souci est d'informer.

On ne peut bien entendu que résumer ici la "philosophie" et les points les plus saillants de cet acte de décès de la démocratie hellénique.

Cette fois, les maîtres-chanteurs et criminels de l'UE ont exigé et obtenu :

- la privatisation, c'est-à-dire la cession à vil prix aux charognards, de tous les avoirs d'Etat y compris les transports publics urbains, l'eau potable, les plages, TOUTES les infrastructures...

- ce qui reste de biens à l'Etat après ce dépeçage en règle est transféré, pour 99 ans, à une structure contrôlée par les créanciers ;

- salaires et retraites seront de nouveau baissés, tandis que la TVA augmente de nouveau ;

- les recettes fiscales sont placées sous le contrôle de la Troïka qui pourra, sans nouveau recours au Parlement, couper dans les budgets si elle suspecte un dérapage budgétaire.

En réalité, outre l'Etat social dont il ne reste plus rien après ce nouveau mémorandum, outre la démocratie à laquelle l'UE vient de donner le coup de grâce, c'est l'indépendance de l'Etat grec, ou ce qui en restait, qui vient de disparaître.

Cette fois, il n'y a plus aucune exagération à dire que la Grèce a été transformée, en 6 ans, en colonie où la caste politique a abandonné à un pouvoir étranger, occupant sans char mais occupant, l'entièreté de la souveraineté du peuple dont elle était dépositaire, non propriétaire, en choisissant de collaborer plutôt que de résister, c'est-à-dire de se faire le relai d'une autorité illégitime et criminelle.

Et maintenant, cette caste va tenter de faire croire qu'elle va renégocier la dette, afin de légitimer sa trahison par quelques concessions de façade des créanciers. Naturellement, il n'en est rien. Aucune négociation d'aucune sorte n'est possible dans la position où le gouvernement grec a accepté de se placer. Il ne s'agira que d'un théâtre d'ombres où chacun jouera un rôle écrit d'avance avant d'en arriver à une conclusion prévisible : aucune réduction du fardeau insoutenable de la dette, l'allongement des délais de remboursement afin de garder le contrôle du pays pour l'éternité.

Mais le IIIe Reich aussi devait durer mille ans.