Il y a 49 ans, à Athènes, un quarteron d'officiers au savoir-faire limité, pour la plupart des colonels, prenait de vitesse les généraux liés à la couronne qui avaient décidé de faire un coup d'Etat au cas où le centre gauche l'emporterait aux prochaines élections. Ce putsch des colonels allait plonger pour 7 ans la Grèce dans l'arbitraire le plus stupide (interdiction des Beattles, des minijupes ou des cheveux longs pour les garçons, de tous les ismes, dont le taoïsme, censure de... Claudel suspecté de...), la violence, la corruption de militaires incapables et inféodés à la CIA, un régime pratiquant la torture systématique, sans projet politique, divisé contre lui-même et qui, au final, glisserait dans le sang de la répression du Mouvement de Polytechnique (écrasé par des chars vendus à la dictature par la France) et la désastreuse tentative de coup d'Etat contre Makarios à Chypre, provoquant la catastrophe du débarquement turc au nord de l'île.

La Grèce de 1967 rappelle par plus d'un trait celle d'aujourd'hui : une crise politique permanente depuis 1965, un discrédit général des politiques et des élites en général, la société la plus inégalitaire d'Europe occidentale, un pouvoir officiel inféodé à une puissance étrangère... la différence étant qu'elle avait alors le 3e taux de croissance économique au monde après le Japon et l'Espagne.

Il faut aussi noter qu'un des principaux responsables de cette situation s'appelait Constantin Mitsotakis. Apparenté au grand Vénizélos, n°2 de l'Union du Centre de Georges Papandréou (le grand-père de l'autre), il avait trahi ce dernier lorsque le roi l'avait inconstitutionnellement renvoyé. Si bien qu'entre juillet 1965 et avril 1967, il avait été au centre de toutes les combinaisons politiques et de tous les gouvernements que les Grecs appelèrent gouvernements des apostats, élus au centre gauche et qui menèrent une politique de droite... Apostats dont la trahison fut rétribuée en francs suisses versés sur des comptes helvètes.

Aujourd'hui, le "nouveau" chef de la droite s'appelle Kyriakos Mitsotakis, fils de son père, il est considéré comme l'homme de Berlin et est mouillé jusqu'au cou dans le scandale Siemens...