Voir sa conférence de presse mise en ligne le 17 août.

"Dragasakis et Stathakis, qui sont les principaux conseillers de Tsipras, sont fortement liés au lobby bancaire privé et ils ont promis aux banquiers grecs qu'on ne toucherait pas aux banques (...) Dragasakis était membre d'un conseil d'administration d'une banque privée, il a des intérêts personnels directs dans le secteur bancaire privé".

"Le gouvernement grec ne pensait pas que le Non gagnerait aux élections, que le peuple grec tiendrait le coup face au matraquage médiatique et aux banques fermés".

"Il aurait fallu nationaliser les banques comme De Gaulle en 45 et créer une monnaie complémentaire (en Equateur, par exemple, les gens reçoivent un message de la banque sur leur téléphone portable qui leur dit par exemple qu'ils ont une ligne de crédit de 100$, avec lesquels ils peuvent payer leurs impôts et faire leurs courses dans les supermarchés). La Grèce pourrait le faire immédiatement sans sortir de l'euro - ça doit passer par les téléphones portables, car les pauvres ont plus souvent un téléphone qu'un compte en banque. L'Etat grec aurait pu augmenter les salaires et les retraites par ce biais, sans recourir à des liquidités en euros, et permettre une relance de l'économie".

"Jusqu'en juillet, il était possible de faire ces mesures sans sortir de la zone euro, et ça aurait pu aboutir soit à des concessions des créanciers, soit à une sortie de l'euro. Maintenant, vu ce qui s'est passé, la sortie de l'euro est inévitable en Grèce pour les forces de gauche."

Par ailleurs, Le Courrier des Balkans indique aujourd'hui que la capitulation ne serait pas qu'économique et sociale : la reconnaissance de l'Etat mafieux, à la naissance duquel l'Allemagne a tant contribué - entre 1941 et 1944 en créant une grande Albanie dans son Europe (déjà, car le Reich hitlérien est européen dans son idéologie), puis en formant et armant les criminels contre l'humanité et trafiquants d'organes (prélevés sur des êtres vivants sans anesthésie) de l'UCK - serait donc elle aussi au programme. L'Europe allemande est en marche...

A moins qu'il ne faille bientôt parler du IVe Reich...

Quant au Journal Officiel grec, il officialise aujourd'hui la cession des 14 aéroports régionaux au consortium... allemand Fraport-Slentel pour 1,23 milliard d'euros - prix dérisoire au regard du caractère très rentable de certains certains de ses aéroports très touristiques : le maire de Corfou a ainsi violemment protesté contre ce bradage qui s'apparente en fait à un pillage, pur et simple, de la Grèce par l'Allemagne. En outre, un calendrier d'autres privatisations a été publié le 12 : elles auront lieux au pas de charge, ce qui augure de très bonnes affaires pour les vautours allemands et autres, et de très mauvaises pour les Grecs.

Enfin, on apprend que Tsipras aurait décidé d'éliminer des listes de candidats Syriza pour les prochaines élections l'actuelle présidente de la Vouli (Parlement) - admirable de résistance, de dignité, de rigueur et d'énergie -, Zoé Konstantopoulou.

Tout concorde donc désormais pour démontrer que la capitulation de Tsipras n'est en rien la feinte tactique d'un grand stratège se repliant sur des positions préparées à l'avance avant de lancer sa contre-attaque - mais une capitulation et rien d'autre.

C'est ce que dit aussi sur la radio de gauche "Sto Kokkino" ("En rouge"), le coordinateur de Syriza pour "ma région", le Dodécannèse sud, Nikos Mavromatakos, en annonçant sa démission avec des mots aussi durs que justes : "parodie politique" pour le prochain congrès dont le déroulement est déjà écrit par l'entourage du premier ministre, intégration de Syriza dans les partis mémorandaires et poursuite de la catastrophe sociale, "capitulation" du gouvernement devant le néolibéralisme, reniement des engagements du parti et préparation d'un gouvernement "d'union nationale" avec les droites, réalisation par le gouvernement du "pire cauchemar" consistant à faire voter et appliquer un programme exactement contraire à celui sur lequel il a été élu, "suicide" ou "exécution", validant le "coup" économique planifié par les "institutions" extérieures et intérieures, acceptation du TINA. Obligation par les résultats du référendum de préparer une alternative et de dire clairement qu'il n'y a pas d'avenir dans le cadre imposé par les créancier et l'eurozone. Echec collectif de Syriza et responsabilité personnelle de chacun devant une situation dont chacun doit tirer les conséquences.

On ne peut bien sûr faire à la place des Grecs ce que les Grecs ne font pas pour eux, comme nous ne pouvons attendre que les Grecs, les Italiens ou qui sais-je, fassent pour les Français en catalepsie ce que les Français ne font pas pour eux. Mais nous sommes dans une situation où chaque peuple, chaque individu, doit prendre conscience que l'histoire - contrairement à ce qu'on a raconté - est tragique et que nous avons individuellement et collectivement des responsabilités : il devient urgent, en Grèce, que les anti-mémorandaires - s'ils le sont vraiment et s'ils sont décidés à tirer les conclusions qui s'imposent du lamentable naufrage syrizesque - disent clairement qu'ils quittent ce Titanic dont Tsipras dirige l'orchestre, qu'ils s'organisent et qu'ils présentent un front uni (Siryzistes, Antarsya, EPAM, KKE s'il sort enfin de son syndrome obsidional...) et une alternative claire.