Demain un gouvernement de gauche dite radicale va faire voter 35 mesures scélérates par un Parlement qui, comme depuis cinq ans, n'aura eu ni le temps d'être informé sur le contenu et les conséquences de ces mesures, ni la latitude de les amender alors que le droit d'amendement est en principe un des piliers de la démocratie représentative que l'UE prétend défendre. Ceci est constitutif du coup d'Etat permanent organisé et conduit depuis Berlin et Bruxelles, avec la complicité de Paris, depuis cinq ans. L'Union européenne, dont le but a depuis l'origine été de priver les peuples de la maîtrise de leur destin pour le remettre aux mains d'une oligarchie qui prétend savoir mieux qu'eux ce qui est bon pour eux, est aujourd'hui une dictature qu'il faut abattre.

La responsabilité du gouvernement grec, comme celle de ses prédécesseurs est évidemment éminente. Ce gouvernement trahit ainsi, pour la seconde fois depuis la mi-juillet, le programme sur lequel il a été élu en janvier et qui prévoyait des mesures exactement contraires à celles qu'il vient d'accepter. Comme je l'indiquais dès le lendemain de sa première reddition, la capitulation n'est pas un acte isolé mais l'événement inaugural d'un processus qu'ont connu tous les gouvernements de collaboration. Il trahit aussi le mandat explicite que, à 63,1 %, le peuple grec lui a, à sa demande, donné de ne pas consentir aux mesures qu'il a acceptées.

Ce gouvernement a bien entendu été soumis à d'intenses pressions dont ne connaîtront probablement jamais la nature. Ceci n'explique ni n'excuse rien. Les hommes qui gouvernent la Grèce aujourd'hui savaient, en sollicitant de leurs concitoyens le mandat de gouverner, qu'ils seraient soumis à des pressions. Ou bien alors ils étaient de doux inconscients. Gouverner est un honneur mais c'est aussi un risque.

Quant aux mesures que le gouvernement a acceptées hier, que le Parlement votera demain avec les partis faillis - droite et socialiste - et Potami, le parti de l'oligarchie médiatique, probablement créé avec l'argent de Bruxelles et choyé par l'ordonnateur de l'évasion fiscale en Europe, Juncker, elles sont une fois de plus déflationnistes et récessives, c'est à dire qu'elles sont à l'inverse exact de ce dont le peuple grec a besoin et seront adoptées par une majorité de rencontre que le peuple grec n'a pas choisie. C'est un déni de réalité économique et un déni de démocratie. Elles ne feront en outre qu'aggraver encore la tragédie économique, sociale, humanitaire et politique dans laquelle le néo-impérialisme allemand, dont l'Europe est le moteur et le paravent, a enfoncé ce pays et son peuple depuis cinq ans.

Enfin, elles n'empêcheront pas l'issue ultime qu'elles repoussent : la sortie de l'euro, de toute façon inévitable et indispensable. Mais alors que le gouvernement aurait dû la préparer, l'organiser, négocier un mode coopératif de sortie, elle sera imposée. Et chaque jour qui passe la rendra plus chaotique parce que chaque jour qui passe fera croître les faillites, le chômage, la précarité, la misère, l'émigration des plus qualifiés, la désespérance, la décrébilisation de toute action politique et de la démocratie, le nombre des morts que la politique euro-allemande a semés et sème sur son passage depuis cinq ans.

Ce qui se passe aujourd'hui en Grèce nous concerne tous : c'est la fin de la démocratie représentative et de l'Etat social par l'Europe, c'est une étape de plus dans l'établissement de l'hégémonie allemande dont il faudra bien, un jour ou l'autre que les peuples qui veulent continuer à vivre libres et dignes trouvent un moyen de se débarrasser.