OD

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

samedi 22 décembre 2018

Chronique nisyriote et hivernale

Ici, tout va bien... Depuis notre arrivée, j'ai réparé l'aspirateur de fumée - on peut utiliser cheminée, je m'en vais d'ailleurs allumer le feu -, ma branche de lunettes cassée au départ, et changé ce matin une douille électrique (l'ampoule s'est éteinte et quand j'ai voulu l'enlever, elle m'est restée entière dans la main, le culot soudé à la douille: jamais vu ça !).

Le désherbage avance aussi et mes plantations d'après chèvres ont repris dans une proportion honorable.

A part ça, temps sublime. Il a pas mal plu - enfin ! Après trois ans de sécheresse: c'est bien pour les citernes, la nature et les bêtes, mais il y a des éboulements un peu partout...

Premier bain de mer tout à l'heure. Délicieux, l'eau est je crois encore plus douce que l'an passé. Puis bain de soleil... Bains de jouvence!

Et sur la route du retour on s'est fait appeler par des gens du village (on est 10, cette année, nous compris, population divisée par deux en dix ans) et une copine de Pali: ils ont tué le cochon hier, font la découpe aujourd'hui. Dehors, à trente mètres de la mer, sous une treille avec encore des feuilles, trois grosses marmites noires de fumée sur trois feux d'enfer, les boukounies (du confit de porc, dirait-on dans le sud ouest...) à manger dès qu'elles sont cuites (les autres, ils les conservent dans le gras de friture), du riz, des salades, un petit vin aigrelet fait sur l'île (je ne savais même pas que quelqu'un faisait du vin...): juste une merveille !!!

Quant aux deux chattes, elles vont bien et sont insatiables... Je pense que la plus jeune est enceinte. Et a plus que jamais envie d'être chatte d'intérieur (mais elle ne connaît pas les contraintes!). Ce matin, alors que la fenêtre de Frédéric donnant sur un petit balconnet où il y a des plantes était ouverte, la plus vieille a tenté de sauter dessus depuis le muret d'en bas... Ratage et chute au premier essai. Cinq minutes plus tard, elles étaient toutes les deux sur le balconnet !

vendredi 14 décembre 2018

Rendez-vous demain chez Desmos...

Enfin si vous n'êtes pas à la manif !

Je serai demain, en dialogue avec le journaliste Tigrane Yégavian, à la Librairie hellénique Desmos, à 19h00, pour présenter et signer ''Tigrane l'Arménien''.

mercredi 12 décembre 2018

Complotisme...

Protéger Bernard Arnault ou arrêter sans motif Julien Coupat qui écope d'un... rappel à la loi : on comprend bien les priorités en matière de sécurité intérieure des Français.

Hier un ami publiait sur Facebook le récit d'une journée au tribunal de Paris. Je vous en donne connaissance parce que je crois vraiment que nous sommes dans une dérive autoritaire d'un pouvoir français et européen aux abois qui cherche tous les moyens de criminaliser ses oppositions. Voilà donc ce témoignage :

"On s'est rendus avec Lucie Radler aux comparutions immédiates du Tribunal de Grande Instance (TGI) et pour etre franc je suis encore sous le choc. Alors voilà brièvement comment ça se passe.

Enfermés depuis samedi, sans possibilité de communiquer avec leurs proches et sans avoir pu faire leur toilette, les prévenus font subitement face au président du tribunal lui-même entourré de deux juges, au procureur ainsi qu'à l'avocat de la partie civile, le cas échéant. On avait pu lire ici ou là que les accusés appartenaient à des groupes hétérogènes allant du prof à la retraite à la petite coiffeuse des Batignolles mais ce n'est pas tout à fait ce que l'on a pu constater... Pour commencer, on a trouvé les prevenus fatigués, appeurés, les observant cloitrés dans leur cage de verre d'où ils n'entendaient rien, obligés de se plier en quatre pour parler au micro qui, trop bas, les obligeait à courber le dos. La procédure est expéditive. L'histoire de la personne n'est pas fouillée, à peine réduite à quelques stigmates. Il est alors difficile, voire impossible, de prendre la mesure des trajectoires de vie de ces personnes dont je ne peux donner hélas qu'un bref aperçu.

Des hommes de moins de trente ans, pour beaucoup arrêtés à la sortie du métro ou dans les parkings où ils venaient de garer leur voiture. Concernant l'un des prévenus, désosseur de poulets en arrêt de travail pour une blessure à la main droite, un des juges a alors émis une réserve sur le fait qu'il ait été arrêté dans un parking souterrain : la personne pouvant faire l'objet de certaines procédures sur la voie publique, mais pas forcément au-dessous... Nuance qui, je dois bien l'avouer, nous avait jusque-là échappé ! Un conseil donc : évitez les parkings aériens... surtout si vous comptez acheter des outils de bricolage pouvant paraître suspect en ces temps troublés où l'état d'urgence frappe de nouveau à nos portes...

C'est ainsi qu'on a pu assister aux comparutions de ces désormais célèbres casseurs professionnels (le fameux BTS Casse Pro sponsorisé par les médias français) qui, en l'occurence, ne s'étaient rendus coupable que de posséder des genouillères, des fumigènes – que le procureur a tout simplement confondu avec des lance-flammes - mais également des masques à gaz et des bouchons d'oreille. Un des prévenus s'est vu reprocher d'en posséder une dizaine... Le bouchon d'oreille pouvant être considéré comme... On n'en sait rien, à vrai dire on n'a pas trop compris quel était le problème.

Ce qu'on a bien capté, en revanche, c'est qu'il ne s'agissait que de mecs dans la merde, et pas la petite merde, mais bien l'océan de merde. Le jeune homme qui s'est vu reprocher son masque « avec cartouche » a répondu qu'il se protégeait parce qu'il avait un cancer des poumons. L'avocate a alors précisé qu'il vivait avec sa mère, handicapée, qui l'appelait toutes les heures depuis la veille pour savoir ce qu'il adviendrait de son fils. « J'aimerais rentrer chez moi. Je suis son seul soutien physique et moral », a ajouté le type, intérimaire blondinet, arrêté arbitrairement en possession d'une raquette de tennis alors qu'il sortait du métro Le Pelletier dans le 9ème arrondissement. Que dire encore de ce garçon grenoblois de 23 ans, domicilié chez sa grand-mère, accusé d'avoir monté une barricade avec une... poubelle... à qui un CRS demande 1500 euros de dommages et intérets parce qu'il a résisté à son interpellation en l'insultant de « pute à Macron »... Le mec qui suivait n'a quant à lui opposé aucune résistance mais son visage portait tout de même des traces d'écchymoses. On n'a pas trouvé de médecins dans la salle pour le confimer mais à vue de nez, le sien avait doublé de volume. Accusé d'avoir lancé des lacrymos sur la police, il a tenu à préciser : « Je m'en suis pris une dans la cuisse. J'ai pas réfléchi et je l'ai renvoyée là d'où elle venait. », a priori simple réflèxe de bon sens que le président du tribunal n'a pas eu l'air de saisir. Le jeune, boulanger, aimerait travailler en Suisse pour réussir à gagner sa vie et être... mieux traité. Ça a fait rire quelques personnes... A vrai dire pour nous ça commençait à faire beaucoup.

Je me souviens aussi de ce garçon de Lannion. Au chômage avec un prêt sur le dos. Il touche 900 euros et verse 200 euros de pension alimentaire à son ex-compagne. Il nie avoir lancé des pavés. Selon lui, ayant perdu son groupe d'amis, chargé par les CRS, il n'a fait que fuir pour se mettre à l'abri. En a-t-il ou non jeté ? Lui dit que non. La police dit que oui. Les procès verbaux des CRS ne comportant aucune preuve, c'est parole contre parole. Comme le dirait Christophe Hondelatte, on a plutôt l'impression que tous étaient « au mauvais endroit, au mauvais moment » et qu'ils n'ont de toute façon par le meilleur des CV pour échapper à la justice.

Aucun des prévenus que nous avons croisés ce jour-là ne touchait ne serait-ce que le SMIG. On avait plutôt l'impression d'assister aux comparutions immédiates de ceux qui, désormais célèbres dans ce pays, ne sont rien, accusés d'avoir envisagé de hausser la voix, de posséder un équipement de protection quand samedi dernier, nombre de manifestants sont tombés, touchés au visage par les tirs des forces de l'ordre, blessés, défigurés, certains plongés dans le coma... On aurait plutôt tendance à réclamer un port du casque obligatoire pour ces manifestants qu'il serait plus juste d'accuser d'être des opposants au pouvoir, ce que n'a pas manqué de faire un des avocats, rappelant au passage que le délit politique ne peut faire l'objet d'une comparution immédiate. Pour ma part, je la déconseille vivement. On ne résume pas l'histoire d'une personne en deux minutes, pas plus que ce qui peut la pousser à agir, à hurler, à sortir de chez elle pour réclamer justice, celle que loin des tribunaux on nomme justice sociale, la violence exercée par la société à l'encontre des prévénus n'ayant jamais été mentionnée.

N'ayant pu être dans la salle durant les délibérés, on n'a pas vraiment de quoi vous rassurer si ce n'est que le procureur a demandé pas mal de sursis... Ce qui nous semblait déjà disproportionné...

Gros bisous à tous"

Puis il y eut l'attentat de Strasbourg et l'évidence qui devrait s'imposer à tous : on prive de liberté de manière arbitraire et on juge à la chaîne des citoyens lambda dont le seul crime est d'avoir sur eux des bouchons d'oreille et du sérum physiologique, mais les fichés S peuvent sortir leur flingo et tirer dans le tas.

Tout va très bien, Madame la marquise !

Et depuis, naturellement, toute la macronie et la presse de servilité s'époumone : rentrez au bercail ! Vous ne POUVEZ pas continuer à manifester !

Puis tout de suite après : si vous dites que ce pouvoir est incompétent en tout, que ses choix diplomatiques favorables aux puissances extérieures qui financent et soutiennent le terrorisme sont erronés, qu'il réprime sans aucune mesure et de manière intolérable des citoyens en colère en faisant juger à la chaîne des gens arrêtés sans motif ou parce qu'ils détenaient ces fantastiques armes par destination que sont des bouchons d'oreille et le serum phy, qu'il instrumentalise honteusement un attentat pour casser la protestation sociale et rmultiplier les injonctions prétendument morales à rentrer à la maison, que la place du ministre de l'Intérieur est dans un bac à sable... et quelques autres choses encore, relèverait du complotisssssse et du refus irresponsable de l'indispensable union sacrée.

Bon d'accord, c'est vilain tout plein d'être complotiste et contre un gouvernement et un président que le monde entier nous envie et dont les annonces étaient tellement cousues de gros fil blanc que ça c'est vu très vite.

Pourtant, si Coupat a écopé d'un ubuesque rappel à la loi à la suite d'une arrestation manifestement arbitraire, comme tant d'autres depuis plusieurs jours que se multiplient les lettres de cachet, qu'on me permette un léger "rappel à l'histoire".

Je ne vais pas même vous parler des relations avec le Qatar ou la monarchie wahhabite - financiers et propagateurs de l'islamisme qui engendre les dingues à flingo quand ils ne découpent pas leurs opposants à l'égoïne. Juste du Kosovo et de la dernière étape de la récente et déjà trop oubliée itinérance mémorielle de Kizyvienne.

Rappelons donc que le Kosovo, nid de tous les trafics, dont le trafic d'armes, réservoir sans fonds d'icelles pour les terroristes de l'Europe entière, sanctuaire de Daesh dans les Balkans, est patronné, financé, protégé par les Etats-Unis d'Amérique, l'Union européenne et la Turquie.

Rappelons donc que les président et Premier ministre de ce prétendu Etat islamo-mafieux, Thaçi, surnommé Le Serpent (soupçonné, entre autres exploits chevaleresques, d'avoir patronné le prélèvement d'organes, aux fins de trafic, sans anesthésie, sur des prisonniers civils et militaires serbes), et Haradinaj (ordonnateur d'innombrables massacres) qui n'ont échappé à la condamnation pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité par le Tribunal pénal (exclusivement anti-serbe) pour l'ex-Yougoslavie, par la mort inopinée ou la rétractation providentielle des témoins de l'accusation, ont été chaleureusement reçu à l'Elysée par Kizyvienne.

Rappelons enfin que Le Serpent avait une place de choix (derrière Poutine) sous l'Arc de triomphe, près de l'islamiste Erdogan, notre ami notre allié qui a tant fait pour Daesh et continue à tant faire pour recycler ses restes contre nos alliés kurdes, le 11 novembre dernier, quand on exilait le président de la Serbie (nation martyre et alliée de la premier guerre mondiale) sur une tribune secondaire...

dimanche 9 décembre 2018

Tribune sur les Gilets jaunes dans Ta Néa

Merci une nouvelle fois à Alexia Kefalas qui m'a demandé cette tribune parue hier dans ''Ta Néa'' (les grincheux vous diront que le patron, gnagnagna gnagnagna, et celui de Libé, ceux du Monde ???) sur le mouvement des Gilets jaunes. Je vous mets la Une ... et le texte en français : le bandeau rouge où apparaît ma binette est intitulé "Les gilets de la colère".

"Pourquoi un écrivain et historien comme moi, qui vit entre Paris et le Dodécanèse, sans voiture depuis 25 ans, qui appartient à cette partie de la population qui ne se sent pas menacée de déclassement, a-t-il soutenu dès l’origine et manifeste-t-il avec les Gilets jaunes ? Par solidarité bien sûr, parce qu’il n’est pas nécessaire d’être paupérisé pour comprendre que, au stade terminal – comme on parle du cancer –, la paupérisation à l’œuvre menace l’existence même de la démocratie. Mais surtout par réflexion. Comme tout mouvement social – comme celui qui, en 2012, a secoué la Grèce, laboratoire de notre présent –, celui des Gilets jaunes naît de la rencontre entre long terme et circonstances. Les causes profondes sont documentées depuis longtemps : hausse vertigineuse des inégalités durant les 40 ans du cycle néolibéral qui s’achève, rétraction des services publics sous prétexte « d’économies », délocalisations qui désertifient des régions entières et génèrent un chômage de masse, bradage au privé du patrimoine public, notamment des infrastructures, précarisation sans fin des salariés, culpabilisation des retraités accusés de vivre trop bien aux dépens des actifs… Ce qui est moins dit, c’est qu’en Europe, l’UE et l’euro ont été à la fois le prétexte et le moteur de ces évolutions qui atomisent la société, dépouillent l’État, détruisent les solidarités. Or, lorsque les instances européennes, agissant hors de tout contrôle démocratique réel, ont privé les politiques de tous les leviers de commande essentiels – la monnaie, la maîtrise du budget, le droit social, l’aménagement du territoire qui n’est plus possible quand on a perdu la maîtrise du budget et privatisé les infrastructures… –, il reste aux politiques, comme seules variables d’ajustement, l’augmentation des impôts, la pression sur les salaires, les pensions et les prestations sociales. Dès lors, comme l’a signifié Juncker au lendemain de la victoire de Syriza, l’alternance politique perd toute signification puisque le changement de têtes ne saurait signifier celui des politiques prédéterminées par les traités européens. Confrontés à cette situation, les citoyens cherchent une issue vers des partis qui n’ont jamais exercé le pouvoir, ils désertent les urnes, et parfois il finissent par se révolter. La différence entre la Grèce de 2012 et la France de 2018, c’est qu’après Syriza on sait qu’une gauche dite radicale, en régime européen, devient aussi une droite ordinaire. Quant aux causes immédiates de l’explosion, elles tiennent au hasard et aux lobbys qui ont porté la candidature de Macron (l’adhésion de ses électeurs du premier tour est historiquement basse), à l’imposture qui fait confondre jeunesse et renouveau (après Tsipras et Renzi), et à l’absence d’intelligence politique comme de profondeur historique du chef comme de son armée de députés zombies. La France reste en effet façonnée par l’idéal d’égalité, elle n’a jamais été libérale. Or elle élit en 2017, à contretemps de l’histoire, alors que le cycle mondial néolibéral agonise, un président libéral dont le projet est celui d’une Troïka de l’intérieur et qui constitue le gouvernement le plus technocratique que la France a connu depuis celui de Vichy en 1940. De surcroît, imbu de la très haute idée qu’il a de sa personne, Macron manifeste – de préférence à l’étranger – un souverain mépris de ses concitoyens, notamment de ceux qui n’appartiennent pas à sa caste, étincelle probablement déterminante pour mettre le feu à une poudrière prête à exploser depuis longtemps. Dès lors, l’appel des gouvernants au dialogue est une incantation vide de sens. Car ce que réclament les Gilets jaunes, c’est qu’on se ressaisisse des leviers qui permettent d’agir sur leur quotidien. Ce qui suppose, même s’ils ne le formulent pas encore (la propagande européiste reste pour l’heure trop écrasante), la reconquête de la souveraineté nationale sur l’oligarchie de l’UE. Alors que le code génétique de Macron et des siens est la liquidation de ce qui reste de cette souveraineté au profit de cette oligarchie. C’est la raison pour laquelle, après le Brexit et les dernières élections italiennes, la révolte des Gilets jaunes constitue sans doute une étape supplémentaire vers la disparition de l’euro et l’effondrement (à la manière de l’URSS) de l’UE – ce qui serait une excellente nouvelle pour tous les Européens ! "

mercredi 5 décembre 2018

Entretien "Le Comptoir" : 2e partie

La deuxième partie de mon entretien avec Galaad Wilgos vient de sortir sur Le Comptoir.

Elle est intitulée : L’UE est une construction fondamentalement anti-démocratique ; et elle tombe à pic ! Parce que si j'ai répondu aux questions de Galaad il y a quelque temps, les réponses que j'y apporte ont quelque rapport avec la situation historique que nous vivons.

Merci aussi à la rédaction pour la superbe iconographie !