Ces deux derniers jours, me sont arrivés deux messages - de ces messages qui vous convainquent que, quoi qu'il arrive (la liquidation surprise de La Différence et la descente en plein envol de Tigrane l'Arménien par exemple), ça vaut le coup de continuer.

Le premier a pour auteur Jean-Baptiste Billé, un lecteur vendéen et assidu de mon blog, qui est venu à moi par La Grèce et les Balkans et la défense de la Grèce, qui a lu - aussi - le romancier... Avec son autorisation, je le publie ici.

"Cher Olivier,

Petit mail plutôt que mot sur le blog puisque mon message ne répond pas directement à l’un de vos papiers.

Je voulais juste vous dire le plaisir que j’ai eu à lire votre Tigrane la semaine passée, quand le temps m’en a enfin été donné.

J’ai ressenti à la fois le plaisir d’un roman et l’intérêt d’une réflexion. La précision du propos, des données, bien sûr : je n’en doutais pas, pour avoir lu vos 3 volumes en Folio ! Mais il me semble qu'ici, par rapport à vos autres romans, vous essayez de mêler vraiment la réflexion historique, le plaisir du récit (collectif et intime), le travail de l’écriture et, évidemment, une forme d’engagement. Franchement, c’était un défi et l’émotion à la lecture est réelle.

Faire oeuvre engagée, impliquée, n’est pas chose aisée, j’ai aimé la façon dont vous parvenez à parler de l’Arménie, et en même temps de la Grèce (bel usage des citations qu’on trouve sur les murs !) et bien sûr de l’Europe.

J’ai beaucoup apprécié la dimension littéraire (le travail de l’écriture) du roman, que je trouve (c’est peut-être une impression personnelle) plus travaillée cette fois, même si j’avais beaucoup aimé Le Plongeon par exemple.

La répétition, par exemple, est un procédé littéraire qui me touche beaucoup et que je vois dans ce livre : répétitions de situations, de phrases, de mots ; infimes variations entre deux passages répétés...

Les changements de rythme, aussi, les sortes de contrepoints : changements de rythme dans le récit, changements de tonalités entre l’horreur et des moments de respiration.

Je vais trop vite…

Touché aussi par l’écho entre la toute fin et l’exergue (Eschyle).

La boule au creux de l’estomac que ressent Tigrane, je suppose que vous l’avez aussi et que ce livre est, aussi, un lieu pour formuler ce qui vous anime ; la rage, la révolte, notamment (que nous avons en commun, concernant la honte de la situation infligée aux Grecs).

Je n’ai pas encore eu l’occasion de vous rencontrer lors d’une lecture ; peut-être viendrez-vous dans l’ouest un de ces jours ? J’habite près de Nantes.

Je veux vous remercier sincèrement pour ce très beau roman, que je relirai un de ces jours et que je vais offrir.

Je vous souhaite un bel été, à Nisyros et ailleurs. Je pense chaque jour aux Grecs qui souffrent, résistent, créent…

J’espère de tout coeur que votre Tigrane sera repris chez un autre éditeur : il mérite de vivre et de voyager !

Amitiés, Jean-Baptiste"

L'autre m'a été signalé par une amie Facebook, Mariam Mossian. Il est signé Pierre Adémian et a été publié dans le groupe "Arménie diaspora" de ce réseau social.

En voici le texte :

"Passionnant roman qui s'étire depuis 1914 jusqu'en 2016. Des frères arméniens dont la filiation remonte depuis 1914 voire avant, sur fond de génocide, de vengeance, de l'opération Némésis, frôlant l'Asala, pour arriver sur une histoire d'archives liées à une société allemande avec en fond la crise grecque et un commissaire UE arménien et de son frère Tigrane... attention les chapitres ne se suivent pas, l'auteur s'amusant à faire des flash Backs historiques... l'indicible est présent côtoyant la vengeance, l'espoir, les faits historiques avec ses personnages tout aussi réels, la situation grecque actuelle et enfin de l'amour.

L'auteur est visiblement aussi un historien et il a pris soin en postface de préciser la véracité des faits et de certains acteurs... achetez-le... à garder et à relire. Que les Arméniens et Arméniennes n'y cherchent pas une réalité totale historique mais ayant terminé Arménie Apocalypse, je trouve que ce roman touche le réel... Bonne lecture"

Une belle critique dans la presse est une reconnaissance qui flatte l'ego ; l'appui enthousiaste de libraires - comme ceux d'Ithaque pour ce livre - rassure et réjouit l'être fondamentalement fragile et incertain qu'est un auteur lorsqu'il regarde son travail achevé ; les retours comme ceux-ci procurent le plaisir intense et différent de savoir qu'on a su toucher, émouvoir, captiver des lecteurs non professionnels - ce qui constitue la motivation première du passage à l'acte d'écrire.

Pour le reste, j'ai désormais quelque solide raison de croire que ce Tigrane devrait ressortir en collection de poche dans le courant 2018.... Et merci encore à tous ceux qui m'ont remonté le moral après la nouvelle de liquidation de La Différence.