OD

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

vendredi 22 mai 2015

Prochaines rencontres...

Chers lecteurs, chers amis,

Depuis mon retour de Thessalonique, je cours après le temps... Trop de choses à faire, je voudrais bien vous écrire un papier de synthèse sur ce que j'ai ressenti de la situation là-bas et l'évolution de la situation. J'espère y parvenir dans les jours qui viennent.

En attendant, vous pouvez me retrouver sur le blog L'Arène nue de Coralie Delaume, qui m'a ouvert pour la deuxième fois ses colonnes. Vous pouvez donc lire ici : "Les réparations allemandes, une histoire qui vient de loin".

J'ai par ailleurs fini de corriger ma communication au récent colloque de la Fondation Res Publica de Jean-Pierre Chevènement, consacré à la soutenabilité de l'euro au regard de la situation grecque. Les actes de ce colloque sont en cours d'édition.

De plus, mercredi prochain, 27 mai, je serai l'invité des Mercredis de la NAR (Nouvelle action royaliste), un mouvement dont j'ai suivi avec sympathie, dès mes jeunes années, les réflexions. Républicain dans l'âme, je sais ce que la France doit à la monarchie ; gaulliste social de formation et de conviction, je partage nombre des analyses de ces monarchistes de gauche qui votèrent, comme moi, Mitterrand en 1981 et Chevènement en 2002. Je suis donc heureux d'aller leur parler de la Grèce, de son histoire et d'échanger avec eux sur son présent et son avenir.

Puis ce sera Port-de-Bouc pour deux conférences, sur le passé et le présent, avec la projection du film Rester ou partir de Ménélaos Karamaghioli, à l'invitation de la médiathèque Boris Vian, du cinéma Le Méliès, de l'association Iphaistia et de la librairie L'Alinéa.

Et ensuite ce sera Athènes, en dialogue avec l'ami Panagiotis Grigoriou, de l'indispensable blog greekcrisis, auteur de La Grèce fantôme, voyage au bout de la crise, 2010-2013 chez Fayard (et qui vous propose aussi une manière originale de découvrir l'Athènes et la Grèce des île, cet été, avec Terra Incognita) à la librairie Το Λεξικοπωλείο - To Lexikopoleio, le 10 juin, puis Patras, à l'invitation des Francophones d'Achaïe, le 12...

dimanche 17 mai 2015

Palmyre...

Je suis effondré, écoeuré, révolté... En 1980, je faisais partie de la mission archéologique française de Ras-el-Bassit, au nord de Lattaquié, en pays alaouite, dirigée par Paul Courbin. Moi qui ne suis pas du matin, j'étais le premier à me lever, chaque jour, pour regarder le soleil en faire autant, émerger derrière le mont Cassios, où Hadrien et Antinoüs montèrent au temple de Zeus, un jour de terrible orage, selon Yourcenar.

Non loin de là, il y avait un village de rescapés du génocide arménien ; en venant, nous n'avions pu nous arrêter à Beyrouth, en pleine guerre civile. Nous avions atterri à Damas, visité ce chef d'oeuvre d'art byzantino-arabe qu'était la mosquée des Omeyyades, que j'ai cru voir, il y a trois jours, à la télévision, ravagée d'une manière qui m'a fait monter les larmes aux yeux (mais on me dit que l'image et le commentaire journalistique m'ont induit en erreur, que la mosquée damascène des Ommeyades est intacte et que c'est celle d'Alep qu'on nous a montrée... ce qui est aussi tragique, mais moins "parlant" pour moi). Puis nous avions pris la route vers Tartous, vu les citadelles croisées du krak des chevaliers et de Marqab, elles aussi touchées par les combats, visité Ougarit/Ras Shamra, sur lequel je n'ai rien vu, rien lu...

Nous n'étions pas allé à Alep, où la mission passait d'habitude quelques jours : la ville était en état de siège, plusieurs conseillers soviétiques venaient de s'y faire descendre par des... islamistes, qu'on n'appelait pas encore ainsi. Au milieu de la fouille, nous avions eu droit à plusieurs jours de vacances : un des plus jeunes de la mission, j'avais fait le voyage dans le hayon arrière de la 504 break, un peu saoulé par les vapeurs d'essence : Hama puis, au bout de la route du désert, Palmyre.

Avec Delphes et ma Nisyros, avec Petra, cet endroit est le plus beau que j'aie jamais vu. Magique. A l'époque, il n'y avait rien que l'oasis et un vieil hôtel si élégamment décati, qui datait du temps du mandat français, baptisé "Hôtel Zénobie" bien sûr. Nous sommes restés là deux jours, peut-être trois, dans cet endroit unique, beau à en pleurer, à toutes les heures du jour, sous toutes les lumières.

Chaque matin, j'étais dehors au lever du soleil, pour jouir de la manière dont il caressait la grande colonnade, les Tétrapyles, le temple de Bêl ou celui de Baalshamin - je crois que c'est là que j'ai vraiment compris l'épithète homérique : l'aurore aux doigts de rose. Le soir, nous mangions dans un modeste restaurant de l'oasis. La journée, nous arpentions ce site indescriptible en tout sens, visitions les tombeaux en crypte et les tombeaux en tour ; une fois, avec Michèle, une apprentie-archéologue comme moi, nous nous étions tellement attardés dans l'une de ces tours, que nous avions trouvé la grille close, en bas : les autres étaient partis sans se rendre compte que nous étions encore à l'intérieur... Nous étions aussi allés nous baigner dans une des sources, chaude et soufrée celle-là, qui fait un petit lac, aux abords de la ville antique.

Cette expérience palmyrénienne fait partie des moments de grâce absolue de mon existence : le silence, la beauté, la chaleur, l'harmonie, le désert, la sérénité...

Cette fascination, j'ai essayé de l'écrire, quelques années plus tard, en plaçant à Palmyre, peu avant la deuxième guerre mondiale, le deuxième chapitre de mon premier roman Les Ombres du levant.

Et ces jours-ci, j'avançais dans la lecture passionnante du Zénobie, de Palmyre à Rome, d'Annie et Maurice Sartre.

Ce soir, j'ai la nausée, j'ai la rage.

Il paraîtrait que l'impensable, l'ignoble, annoncé depuis deux jours, soit advenu : les barbares sont à Palmyre. Qu'en feront-ils ? Ils vont saccager ce fragile joyau sans doute.

Je les hais ! Je serais heureux qu'ils crèvent !

Je crois n'avoir jamais éprouvé cela.

Ce soir, je suis Palmyre... désespéré.

Furieux, d'une fureur sacrée, contre les Bush, Blair, Cheney, Wolfowitz, Rumsfeld, Rice, Aznar et autres Barroso..., ces autres barbares qui, il y a treize ans, en attaquent l'Irak contre tous les principes du droit international, en permettant/organisant le pillage des musées et des sites irakiens dont ont bien profité les collectionneurs américains, anglais ou autres, puis en y conduisant une politique aussi stupide que criminelle, ont fait éclater l'Irak, déstabilisé toute la région, créé de toutes pièces cette barbarie qui arrive aujourd'hui dans Palmyre. Furieux, d'une fureur sacrée, contre les Sarkozy, Hollande et autres irresponsables du même tonneau, qui lèchent les babouches qataries et saoudiennes, car Daesh est bien l'enfant de ces monarchies, criminelles et réactionnaires, mères et financières de tous les fondamentalismes. Furieux, d'une fureur sacrée, contre tous ceux qui ont expliqué depuis douze ans qu'Erdogan et les islamistes de l'AKP turque n'étaient rien d'autre que d'innocents équivalents de démocrates-chrétiens occidentaux, alors qu'on voit bien aujourd'hui comment, en plus de réislamiser systématiquement la société, en plus de la dérive ceaucesquienne de celui qui se voit en nouveau sultan calife, la Turquie a tout fait pour compliquer la tâche aux Kurdes qui tentent de contenir Daesh et autres barbares d'Ansar-al-Islam, la Turquie qui offre toutes sortes de facilités aux barbares, qui les arme, qui les finance en achetant leur pétrole de contrebande... revendu ensuite à l'Occident cupide, irresponsable, lâche qui, ainsi, au-delà des rodomontades et des tirades sur le terrorisme qui permettent de faire passer des lois scélérates liberticides, finance indirectement les barbares qui, ce soir, entrent dans Palmyre.

C'est Lénine qui disaient que les capitalistes vendraient jusqu'à la corde pour les pendre... Jusqu'aux Rafale du Qatar, jusqu'à acheter le pétrole qui met Palmyre au pouvoir des barbares.

Dégoût. Impuissance. Goût de sang et de cendres dans la bouche.

Aveuglement. Oui, bien sûr, le régime Assad est criminel. Mais Staline l'était aussi en 1941. Les Sarkozy, Juppé, Hollande, Fabius, pour ne parler que des nôtres, qui ont, depuis l'origine, fait toutes les erreurs possibles de jugement, de stratégie et de tactique (il faut lire Les Chemins de Damas de Christian Chesnot et Georges Malbrunot que j'ai terminé... juste avant de commencer Zénobie) dans la non-gestion de la crise syrienne, dans la non-coopération avec la Russie qui avait les clés pour empêcher ce désastre, avant qu'il ne soit trop tard, porteront devant l'Histoire, devant l'Humanité, la responsabilité de ce qui va se passer à Palmyre.

Eux aussi, je les voue aux gémonies !

PS : en complément, ce papier de l'excellent quotidien libanais L'Orient le jour (où les journaleux français pourraient souvent prendre des leçons...), intitulé "Comment le trafic d’antiquités fait vivre l’EI et anéantit la civilisation assyrienne".

mercredi 6 mai 2015

Départ...

Pour le salon du livre de Thessalonique... Il y a comme ça, parfois, de grands plaisirs dans la vie d'écrivain. Celui-là, je le dois à notre consul général, M. Lerigoleur, qui m'a écrit des choses bien agréables à lire sur mes trois tomes, au directeur adjoint de l'Institut français, M. Jouin. Qu'ils en soient remerciés bien vivement, ainsi que Mme Feynerol, bibliothécaire à l'Institut, qui a organisé mon séjour.