Je suis, depuis un mois, accaparé par le travail de constitution de l'index de mon Histoire de la Grèce et des Balkans de Byzance à nos jours, à paraître en deux volumes, en mai prochain, chez Gallimard (Folio Histoire).

Je me suis donc un peu absenté de ce blog.

J'y reviendrai plus régulièrement bientôt, mais en attendant, et pendant que, selon la tradition, il en est encore temps, je présente à tous les lecteurs, réguliers ou occasionnels, de ce blog, mes voeux, et ceux de mon compagnon de bientôt trente ans.

Des voeux de santé d'abord, des voeux pour vous amours et vos projets, des voeux de bonheurs - un mot que je n'écris qu'au pluriel.

Des voeux de révolte, d'insurrection citoyenne aussi. Je nous souhaite à tous collectivement et d'abord à ce peuple grec, martyrisé depuis trois ans par une politique aussi criminelle qu'imbécile, de ne plus supporter l'insupportable auquel nous nous habituons. Je nous souhaite de trouver les moyens de mettre à bas la nouvelle barbarie, ce libéralisme qui tue et dont "l'Europe", scandaleusement nobellisée, s'est faite le vecteur pour imposer aux peuples la loi d'airain de l'enrichissement indéfini et illimité des plus riches et la paupérisation, la précarisation de tous les autres.

Je nous souhaite de retrouver la voie de la démocratie, alors que les politiques conduites aujourd'hui, sous la férule de Berlin et avec le consentement des socio-libéraux, la vident de son sens et préparent la voie aux nouveaux fascismes qui triomphent déjà en Hongrie, sans que cette Europe, que gêne tellement ce qui reste de droit du travail et d'Etat social, s'en émeuve.

Je nous souhaite plus d'égalité aussi, même si, à cause de cet index que je dois boucler, nous n'avons pu, Frédéric et moi, être dans la rue hier, comme nous l'avons été en décembre, pour affirmer le droit au mariage pour tous et dire à ceux qui défilaient il y a deux semaines, à ces partisans de la haine et de la discrimination qui voudraient nous refouler dans la honte et la culpabilité, dont le discours, les insultes et les violences, physiques ou symboliques, font que les jeunes homosexuels se suicident sept ou dix fois plus que les hétéros, pour dire à ces éternels réactionnaires qui ont combattu le divorce, le droit de vote des femmes, leur égalité légale, leur droit à la contraception et à l'avortement, le PACS en nous annonçant à chaque fois que la société, la civilisation, la famille allaient disparaître, pour dire à tous ceux-là que la République ne leur appartient pas.

Je nous souhaite enfin, à Frédéric et à moi, qui partageons depuis bientôt trente ans, une vie, des combats, des projets, des engagements, des révoltes, à nous qui avons, il y a onze ans, conclu un Pacs, entre deux portes, dans le couloir sombre d'un tribunal d'instance, devant une greffière revêche qui ne cachait pas son dégoût d'avoir à accomplir cet acte, de pouvoir choisir de nous unir - ou non, nous en serons désormais les seuls juges - en plein jour, dans la maison commune, sous le regard de Marianne et devant le représentant du peuple français ceint de son écharpe tricolore.

Et je joins à ces voeux ce montage des images glanées lors de notre dernier séjour dans "notre" île grecque, entre la fin de décembre et le début de janvier, entre travail au coin du feu et balades, bains de mer, pluie battante, froid de canard et grand bleu, ou printemps d'une douceur déjà presque estivale. Bonne année à tous !